jacques anglade

Abonné·e de Mediapart

245 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 janvier 2025

jacques anglade

Abonné·e de Mediapart

Trace 131-Synthèse 10

jacques anglade

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La guerre, d’un côté,  ne laissant pas  espérer grand-chose de la nature humaine, si elle existe, (Boutcha, Marioupol,…) et encourageant de l’autre une débauche de destructions, de fabrication d’armes… guerre qui n’a jamais cessé depuis des siècles, rappelons-nous celles qui ont fait des millions de morts en Afrique, alimentées par la convoitise pour des métaux précieux, dont ceux de la fameuse « croissance verte ». Et d’autre  part les signaux d’alarme que nous envoient  pôles arctique et antarctique, surchauffés, et GIEC :

https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/meteorologie-temperatures-poles-battent-tous-records-97462/

https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/04/04/solutions-pour-le-climat-publication-imminente-du-rapport-du-giec-apres-d-intenses-negociations_6120465_1652612.html

Raison de plus pour continuer à travailler d’arrache-pied à cette étude de faisabilité. Aujourd’hui synthèse des 12 dernières Traces.

  1. Agroforesterie 1

Après avoir exploré forêts (T 3, 4, 55, 56), et clairières (T 37 et 38), il est temps de se préoccuper d’agroforesterie. Pour ne pas le réduire à un slogan, nous sommes allés avec Marc-André Selosse faire connaissance avec le sol, sa vie intense. Et son livre conduit logiquement vers l’agroforesterie : « L’agroforesterie se décline en rangées d’arbres entre des travées semées, en haies autour des parcelles, ou plus rarement en arbres isolés. Les périodes végétatives peuvent être décalées, avec des semis qui lèvent avant le débourrage des arbres, tandis que ceux-ci utilisent plus l’arrière –saison. De surcroît, des synergies existent, notamment en matière de mycorhizes si l’on plante des arbres à endomycorhizes (comme les noyers, les pommiers et les alisiers, les érables ou les frênes). » MS

  1. Agroforesterie 2

De la théorie exposée Trace 118, nous sommes passés à une forme de pratique en place. C’est l’exemple des Monts Gardés, décrit par Agnès Sourisseau et Aurélien Gabriel Cohen. Comme dans la Trace 3, il y est question de lisières : « En suivant les analyses de Tsing, (rencontrée Trace 100) on pourrait considérer que l’agriculture, sous ses formes agro-écologiques paysannes – et plus particulièrement dans ses déclinaisons agroforestières, depuis le bocage jusqu’au pré-verger, est une entreprise relationnelle forte de déploiement et d’entretien d’un réseau complexe de lisières. » ASAGC

Un réseau de lisières…

  1. Réseaux 1

Si les arbres communiquent entre eux grâce aux champignons (Trace 118), comment pouvons-nous éviter, nous, de recourir à ces réseaux téléphoniques qui envahissent le ciel de leurs satellites, qui forment un maillage privé, ayant participé à  détruire tout maillage public, engendrant aussi un gaspillage croissant d’énergie ? Sans doute, comme nous y invitent Miguel Benasayag et Angélique del Rey, en tournant ailleurs nos regards : « On résiste à la virtualisation du monde, à l’objet transitionnel indécollable, à la discipline et au contrôle, par le déploiement bariolé d’une multiplicité de désirs, de pratiques, et d’expériences. »MBAR

  1. Réseaux 2

Que les réseaux sociaux soient devenus de véritables « moulins à sang », utilisant notre propre énergie pour fonctionner et s’enrichir de nos efforts, de nos données gentiment divulguées, cela ne saute pas aux yeux de tous, tant ces liens sont venus se substituer à ceux qui existaient naguère : voisinage, compagnonnage de travail, mouvements politiques ou citoyens. Nous avons vendu notre attention (voir Traces 111 et 112) : « Voleur de temps, Mark Zuckerberg a contribué à installer l’économie de l’attention de façon la plus spectaculaire possible. » Les oiseaux, les étourneaux, eux, savent organiser différemment, de proche en proche, leurs vols somptueux. Comment se faire étourneaux ? Et se toucher autrement ?

  1. Villes 13

Une exploration des villes européennes, au seuil du XVIIème siècle, met en évidence leur souci d’accueillir, au sein même des remparts, des cultures vivrières, comme ce fut aussi le cas des bastides (T 19 et 20). Ceci  nous rapproche des différents cités-jardins du XIXème siècle,  (T71,72, 93 et 94) , qui relevaient de la  même préoccupation : fournir gite et couvert . Comment organiser l’espace urbain pour permettre à chaque habitant d’accéder facilement à un jardin, y acquérant une certaine autonomie alimentaire ?

  1. Villes 14

Les deux auteurs lus et cités ici, Thierry Paquot d’un coté, Guillaume Faburel de l’autre, ont une référence commune : les bio-régions telles que les a pensées Alberto Magnaghi (Traces 46). Le premier évoque la plénitude : « … la plénitude, « en tant que condition nécessaire à la satisfaction du développement organique, et surtout en tant que condition indispensable pour bien vivre. » La plénitude, à mes yeux, n’est pas l’« accomplissement » ou le « plein » comme son étymologie le suggère, mais l’unité organique... » TP »

Faburel parle, lui,  en géographe : Quand Paris, Lille ou Nice ne disposent que de 15 m2 maximum d’espace vert par habitant….Comment réaliser : « Une autonomie alimentaire – végétale avec petit élevage d’appoint- respectueuse de la biocapacité du lieu nécessitant 700 à 1000 m2 de terre par personne ? » GF

  1. Communs 5

Les communs, explorés lors des Traces 21,22 65 et 66, sont une constante de cette recherche. Le livre d’Edouard Jourdain dévoile la spoliation qu’a constitué lors de la Révolution française, l’appropriation par l’état des biens publics, c’est à dire des biens de tous. « En effet, le public en tant que collectif n’étant pas un sujet de droit, il n’a donc pas de reconnaissance juridique, et le représentant du public dans le monde du droit, c’est l’état….Un coup de force discret mais ferme s’opère alors car non seulement l’état s’approprie les biens du public, mais il prend littéralement sa place. »Mikhail Xifaras, cité par Jourdain

  1. Communs 6

D’où la proposition un peu radicale qui suit : les forêts domaniales sont un bien de l’état, et fort mal géré : monoculture, coupes rases, manque de personnel de l’ONF,…  ZADifions les !

Un commun, selon Gregorio Arena, « Ce sont des choses qui, enrichies, enrichissent tout le monde, et, lorsqu’elles sont appauvries, appauvrissent tout le monde. » . Comment restituer ces lieux à ceux qui y habitent, comment habiter ces lieux, sans les détruire ? Voilà le défi contenu dans la proposition  de cette Trace 125.

  1. Mains d’oeuvre 3

Que les chants de travail qui ont accompagné l’humanité depuis toujours ne résonnent plus, sans que cela nous inquiète, fait signe : cela montre assez comment la notion de travail est souvent vu comme une malédiction plutôt que comme un moyen d’acquérir ce qui nous manque le plus, l’autonomie. Le travail manuel, en particulier, que tout depuis deux cent ans tend à faire disparaitre du regard, comme l’a décrit Matthew Crawford, (Traces 15 et 111), est maudit. Qu’il soit destructeur, certes, les auteurs cités ici, James Suzman, Simone Weil, Joseph Pontus enfin, nous le disent assez. Mais c’est là méconnaitre un autre aspect : la  joie émanant du travail accompli ou de la force des liens qui s’établissent entre ceux qui oeuvrent ensemble.

  1. Mains d’oeuvre 4

Les textes cités ici font entrevoir le changement qui s’est opéré, à égalité de peine devant le travail, entre deux époques : la première, à travers les récits de Georges Navel, mêle difficulté de vivre, et joies.

La seconde est dépeinte, dans toute sa violence, par Nan Aurousseau : rivalités organisées par le patron entre équipes, entre hommes, dégoût du travail, absence de sens, dégradation constante des conditions matérielles et humaines,…

Un chantier doit-il obligatoirement en passer par là ? Question de matériau ?

  1. Pierres sauvages 1

La structure d’une société peut être affectée par des choix technologiques. Ce d’autant plus si ce choix, celui du béton armé, fait tomber cette activité dans les mains de quelques requins.

Les livres de Nicolas Jounin, plus encore que celui d’Anselm Jappe, nous montrent pas à pas comment le processus de fabrication lui-même contribue à une dévalorisation du travail, et des travailleurs, ce d’autant plus que ceux-ci sont menacés quotidiennement de renvoi dans leur pays natal. Une machine qui fonctionne bien pour enrichir quelques-uns, mais au détriment de la sécurité des ouvriers, de la qualité du travail, de l’environnement enfin : comment faire mieux ? En revenant à la pierre, simplement.

  1. Pierres sauvages 2

Les bastides du Sud Ouest (Traces 19 et 20), avant de s’inscrire dans la pierre, au cours des siècles, furent de bois et de torchis (Trace 54), et cette solution de base est la plus saine. La pierre doit  cependant rester un matériau à inclure parmi ceux qui, présents partout, peuvent être utilisés sous de multiples formes, du mur de pierres sèches à celui de pierres massives monumentales. Sans parler de la beauté (mais nous en parlerons, et, d’une certaine façon, ne parlons que de cela), l’utilisation de la pierre bafoue les croyances établies sur ce qui est ou non économique.

D’économie, justement, il n’a pas été question ici jusqu’à aujourd’hui. Cette domination du discours de l’économie méritait d’être un peu oubliée, mais nous y viendrons, dès les prochains numéros.

Le contexte électoraliste de ces derniers mois a fait disparaître du vocabulaire de nos dirigeants le mot de dette. Nous nous préparerons à son retour en force, d’ici peu, puis étudierons ce que cache le recours  à une soi-disant « croissance verte », dans les discours inspirés par l’idéologie techniciste, qui imprègne hélas celui de nos candidats les mieux intentionnés.…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.