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Billet de blog 17 novembre 2024

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Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? (1983)

Ce livre de Paul Veyne est assez étonnant. Sa réponse richement documentée est ternie par sa pirouette finale. Il traite plutôt de la production historique des auteurs de l'antiquité. Mais il inclut aussi bizarrement une référence ambiguë au négationnisme. Sans doute trop influencé par les épistémès de Foucault, Veyne aboutit surtout à un catalogue érudit sans être capable de trancher.

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Illustration 1
Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes

TABLE

    Scepticisme antique
    Mythanalyse
    Historicité
    Croyance
    Interprétation
    Autorité
    Mythe national
    Épistémès ou Irréalisme
    Fiction et Interprétation
    Négationnisme
    Conclusion : Pédagogie et Vérification

Scepticisme antique

Le ton général du livre, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, renvoie plutôt à la sorte de scepticisme littéraire du sous-titre : Essai sur l'imagination constituante. Paul Veyne commence par reformuler la question en disant : « Comment peut-on croire à moitié ou croire à des choses contradictoires ? Les enfants croient à la fois que le père Noël leur apporte des jouets par la cheminée et que ces jouets y sont placés par leurs parents. Alors croient-ils vraiment au père Noël ? » (p. 11). J'avais moi-même envisagé ce cas et j'y avais répondu en concluant que « les enfants ne croient pas au père Noël ! » : ils font semblant d'y croire ou finissent par y croire en jouant le jeu (de façon pascalienne : « Faites semblant de croire et bientôt vous croirez », chantait Brassens). L'attitude de Veyne s'explique par le scepticisme des auteurs antiques eux-mêmes. Il en cite de nombreux :

« ...Pausanias [v. 115-180] en vient ainsi à écrire : "[...] À l'époque archaïque, en effet, ceux qu'on appelle les Sages s'exprimaient par énigmes plutôt qu'ouvertement et je suppose que les légendes relatives à Cronos sont un peu de cette sagesse." Cet aveu tardif nous apprend donc rétrospectivement que Pausanias n'a pas cru un mot des innombrables légendes invraisemblables qu'il nous a rapportées imperturbablement au cours des six cents pages qui précèdent » (p. 24). « "Pour ma part", écrit Hérodote [v. 484-v. 425], "mon devoir est de dire ce qu'on m'a dit, mais non pas de tout croire » (p. 24). « Cette critique du mythe commence dès Hécatée de Milet [550-476] (qui se moquait déjà des choses ridicules que racontaient les Hellènes) » (p. 27). « Xénophane [560-468] ne veut pas que, dans les banquets, les convives se laissent aller à se quereller ni à dire des sottises et il interdit en conséquence de parler "des Titans, des Géants, des Centaures, toutes inventions des Anciens" » (p. 43). « Cicéron [...] tout lecteur de son traité sur la nature des dieux conviendra qu'il ne croit pas beaucoup à ceux-ci et qu'il ne tente même pas de faire croire le contraire par calcul politique » (p. 60). « Dans L'Héroïque, de Philostrate [v.190-v.230], le Vigneron demande à l'auteur : "Quand as-tu commencé à trouver incroyables les fables ?" et Philostrate, ou son porte-parole, répond : "Il y a longtemps, quand j'étais adolescent ; car, tant que j'étais enfant, je croyais à de telles fables et ma nourrice m'amusait de ces contes, qu'elle accompagnait d'une jolie chanson ; certaines de ces fables la faisaient même pleurer ; mais, devenu un jeune homme, j'ai pensé qu'il ne fallait plus accepter ces fables à la légère" » (p. 68). « Aristote [...] détestait l'allégorie : "Les subtilités mythologiques ne méritent pas d'être soumises à un examen sérieux" » (p. 80).

La réponse à la question de Veyne serait donc que les intellectuels antiques...............................................

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