
TABLE
Scepticisme antique
Mythanalyse
Historicité
Croyance
Interprétation
Autorité
Mythe national
Épistémès ou Irréalisme
Fiction et Interprétation
Négationnisme
Conclusion : Pédagogie et Vérification
Scepticisme antique
Le ton général du livre, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, renvoie plutôt à la sorte de scepticisme littéraire du sous-titre : Essai sur l'imagination constituante. Paul Veyne commence par reformuler la question en disant : « Comment peut-on croire à moitié ou croire à des choses contradictoires ? Les enfants croient à la fois que le père Noël leur apporte des jouets par la cheminée et que ces jouets y sont placés par leurs parents. Alors croient-ils vraiment au père Noël ? » (p. 11). J'avais moi-même envisagé ce cas et j'y avais répondu en concluant que « les enfants ne croient pas au père Noël ! » : ils font semblant d'y croire ou finissent par y croire en jouant le jeu (de façon pascalienne : « Faites semblant de croire et bientôt vous croirez », chantait Brassens). L'attitude de Veyne s'explique par le scepticisme des auteurs antiques eux-mêmes. Il en cite de nombreux :
« ...Pausanias [v. 115-180] en vient ainsi à écrire : "[...] À l'époque archaïque, en effet, ceux qu'on appelle les Sages s'exprimaient par énigmes plutôt qu'ouvertement et je suppose que les légendes relatives à Cronos sont un peu de cette sagesse." Cet aveu tardif nous apprend donc rétrospectivement que Pausanias n'a pas cru un mot des innombrables légendes invraisemblables qu'il nous a rapportées imperturbablement au cours des six cents pages qui précèdent » (p. 24). « "Pour ma part", écrit Hérodote [v. 484-v. 425], "mon devoir est de dire ce qu'on m'a dit, mais non pas de tout croire » (p. 24). « Cette critique du mythe commence dès Hécatée de Milet [550-476] (qui se moquait déjà des choses ridicules que racontaient les Hellènes) » (p. 27). « Xénophane [560-468] ne veut pas que, dans les banquets, les convives se laissent aller à se quereller ni à dire des sottises et il interdit en conséquence de parler "des Titans, des Géants, des Centaures, toutes inventions des Anciens" » (p. 43). « Cicéron [...] tout lecteur de son traité sur la nature des dieux conviendra qu'il ne croit pas beaucoup à ceux-ci et qu'il ne tente même pas de faire croire le contraire par calcul politique » (p. 60). « Dans L'Héroïque, de Philostrate [v.190-v.230], le Vigneron demande à l'auteur : "Quand as-tu commencé à trouver incroyables les fables ?" et Philostrate, ou son porte-parole, répond : "Il y a longtemps, quand j'étais adolescent ; car, tant que j'étais enfant, je croyais à de telles fables et ma nourrice m'amusait de ces contes, qu'elle accompagnait d'une jolie chanson ; certaines de ces fables la faisaient même pleurer ; mais, devenu un jeune homme, j'ai pensé qu'il ne fallait plus accepter ces fables à la légère" » (p. 68). « Aristote [...] détestait l'allégorie : "Les subtilités mythologiques ne méritent pas d'être soumises à un examen sérieux" » (p. 80).
La réponse à la question de Veyne serait donc que les intellectuels antiques...............................................
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