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Je suis passé plusieurs fois depuis le début avril à la Fnac des Halles, puisque le CD avait été annoncé, mais rien, ni dans les nouveautés, ni dans les casiers Chopin. Le 7 j’ai fini par demander à un vendeur qui, sur son écran me précisa que le disque devait sortir, le 8. Il était probablement déjà là, dans les boîtes en plastique à portée de main les unes sur les autres, mais, n’est-ce pas, avant l’heure, c’est pas l’heure. Revenez demain, pas avant 11 heures, j’y serai. Je ne manque pas à ma promesse. Malgré la pluie matinale incessante, je suis de retour. J’erre un peu dans les rayons pendant que monsieur est occupé. Un caisson rempli à ras bord s’offre à mes pieds. Sans hésiter je farfouille à l’abri des regards. Je vois l’objet en question parmi d’autres serrés comme des sardines. Je m’en saisis et me dirige vers la caisse. 14,99 euros.
Je ne vais pas emprunter le ton compassé des critiques musicaux pour vous en dire quelques mots. On ne peut pas décemment formuler qu’ici l’interprète joue sur la réserve, soucieux de se restreindre à la stricte partition, dans le dépouillement des fausses traditions, comme on trouverait conseillé par ces bonnes âmes. François Dumont libère la musique, lui donne à respirer dans sa naturelle palpitation. Le programme se déroule dans une atmosphère particulière due à la personnalité du pianiste mais aussi à une prise de son suggérant plutôt la spatialisation du concert que la sécheresse analytique du studio. Cette version ne fera pas doublon avec d’autres anciennes que Dumont évoque lui-même avec scrupule dans l’introduction du petit livret à l’intérieur, elle offre un nouveau regard complémentaire et non moins essentiel. Bravo pour l’artiste et bonne écoute à vous.
Jacques Chuilon
Avril 2022