(1/3) Le dessein ou le dessin
En 1673 éclate à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, ce qu’on appellera La Querelle du Coloris. L’une des parties défend la primauté du dessin sur celle de la couleur, tandis que l’autre prétend le contraire. On serait tenté d’y voir une polémique rébarbative, inutile et pour tout dire oiseuse, où chacun prêche pour sa paroisse. Lequel, de la poule ou de l’œuf aurait bien pu surgir en second pour que le premier fût venu avant lui ? Lequel eut dû réclamer la précellence… ? Nous allons voir que, sous les termes du débat, se cache une question plus vaste, plus essentielle : celle de la définition de l’Art que l’on n’a cessé de hasarder au cours des siècles. Mais pour commencer : qu’est-ce au juste que le dessin ? Il faudrait s’entendre sur le mot… Roger de Piles (1635-1709), diplomate, graveur et peintre à ses heures, après avoir traduit et commenté De arte graphica de Charles-Alphonse Dufresnoy (1668) vient de faire paraître le Dialogue sur le coloris (1673), tremplin de la discorde. L’accompagner dans son cheminement ne pourrait qu’être fort instructif pour clarifier le problème :
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