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Billet de blog 27 août 2024

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Pourquoi Macron a-t-il congédié le NFP ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

            Une question simple et essentielle n’a pas été posée, à ma connaissance, par les articles lus ce matin (27/8/24) : Si, comme le prétend Macron et comme le déclare Darmanin, un gouvernement Castets n’a aucune chance de tenir plus de 24 heures, alors pourquoi ne pas lui confier cette charge, puisqu’il est entendu que cette expérience démontrerait, mieux que tout autre manœuvre, l’impuissance politique du NFP ?

  • Live du Monde, 27/8/24 : Le « minimum », selon Gérald Darmanin, que l’on puisse attendre d’un parti, « c’est de ne pas s’allier avec LFI ». « Le gouvernement du Nouveau Front populaire n’a aucune chance de prospérer plus d’une journée. Tout le monde l’a dit à la sortie de l’Elysée », a-t-il par ailleurs ajouté.

            La réponse est aussi incertaine que les manœuvres de Macron : ou bien Macron se voit lui-même comme un monarque absolu, et ne peut concevoir qu’un gouvernement, même très éphémère, puisse lui contester le pouvoir de décision ; ou bien il craint que l’abolition de la loi sur les retraites soit possible par décrets, et qu’elle entraîne un soutien populaire qui renforcera le NFP et ouvrira un processus qui risque de devenir incontrôlable. Dans le premier cas, Macron, aveuglé par le fantôme de son image, perd l’esprit et court à sa perte (qui peut fort bien conduire au fascisme) ; dans le second cas, il a peur du NFP, comprend que la dynamique de l’Histoire est du côté de ses adversaires, et tente désespérément de les refouler. Auquel cas, on peut penser qu’il est condamné à court ou moyen terme. Dans l’une et l’autre hypothèse, le président est dans une impasse.

            Le rêve de Macron, c’est bien sûr un gouvernement de technocrates à sa botte. Mais ce rêve n’a-t-il pas tous les caractères du délire ? La bombe de la dissolution a précipité le monde politique dans une multitude de canots de sauvetage : qui accepterait d’en sortir pour monter sur le Titanic en train de couler ? Et si l’on croit le Titanic encore navigable, quel canot politique accepterait de se voir écarté, tandis que des anonymes seraient invités à monter sur le paquebot ?

            Il est évident qu’une telle situation est périlleuse pour Macron lui-même : le temps joue désormais contre lui et effrite peu à peu son autorité. Or – autre trait irrationnel de son comportement – il a manifestement choisi une stratégie lente, de procrastination, qui ne peut que lui être néfaste, alors qu’il faudrait plutôt, selon son propre intérêt, trancher rapidement le nœud gordien. Si je comprends bien, il compte, pour faire durer les préambules – il s’agit de démontrer, aux yeux de la Nation, l’incapacité des partis à gouverner la France – sur les Jeux paralympiques et sur une visite prochaine en Serbie. Mais ne va-t-il pas définitivement se discréditer aux yeux du peuple français s’il fait passer ces occasions somme toute secondaires avant la désignation du premier ministre qui doit, selon la Constitution, diriger l’action du gouvernement ? Il se pourrait que Macron rêve de devenir dictateur ; mais en ce cas il lui faudrait beaucoup plus d’audace et d’esprit de décision, alors qu’il lambine et cherche à faire le malin, sans réaliser que le maître des horloges a désormais les horloges contre lui.

            Enfin, la proposition formulée par Mélenchon de destituer le président de la République, proposition qui a d’abord semblé aux beaux esprits irréalisable et outrageante, devrait, si ce qui est dit plus haut se confirme, et si Macron s’entête sur la voie qu’il a choisie, apparaître chaque jour plus praticable et en fin de compte, fort raisonnable.

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