Pourquoi faut-il “s’abstenir” ?
S’abstenir n’est pas le « délaissement », laisser être toute chose et vivre sans pourquoi.
Plutôt que « d’abstention », une passivité quiétiste, il faudrait parler de « refus », de rejet, une activité inquiète.
Pourquoi, alors, faut-il refuser ?
Pourquoi reprendre, en notre enclos supposé (le plus) « libre », reprendre la vieille vareuse du « résistant », du réfractaire (à l’obligation), du Refuznik ?
Dans « ma circonscription », et ce terme est à lui seul tout un programme pour STO ! – programme qu’il faut bien sûr démanteler, déconstruire – dans cette enclos imposé, ne se “présentaient” que trois partis de droite (conservons les vieux termes) : la droite conservatrice classique, le PS, la droite extrême autoritaire, l’UMP à visage centriste, et l’extrême droite crypto fasciste, nationale socialiste quand il le faut, réactionnaire virulente, le FN.
Point « de gauche » (toujours un vieux terme) en ce site d’assignation.
Et pourquoi n’y a-t-il pas (plus) « de gauche » ?
Tout simplement parce que « la gauche », maintenant absente ou invisible, est, seule et elle seule, le répondant de « la démocratie » (elle seule répond à l’appel « démocratique »).
Si l’on préfère : gauche ≡ démocratie.
Combien de mots piégés !
« La démocratie », par définition, ne peut se laisser (revoilà le délaissement) enfermer, encabaner, enclore, par exemple dans des groupements de force, ou encore, dans des regroupements hiérarchiques (les fameux partis) avec leurs caïds, leurs caciques, les chefs normaux ou vénéfiques, les leaders thaumaturges ou théurgistes, ronds ou charismatiques (les grandes gueules) et toute la hiérarchie des petits chefs sous chamaniques.
« La démocratie » n’est pas compatible avec les assignations localistes et la défense de la loi indiscutable, quelle que soit la loi ou la constitution, n’est pas compatible avec les réduits patrimoniaux. La démocratie n’a pas de patrie, de localisation (de circonscription), d’enracinement ; elle est l’ennemie de tout conservatisme, de tout esprit muséal.
En une proposition : « la démocratie » s’oppose à « la république ».
Apophatique élémentaire pour commencer : quand est-ce que sera supprimée la votation par circonscription ? Garibaldi pourrait-il (re) devenir « représentant du peuple », du peuple non parqué, non cisaillé ? Du peuple dénationalisé (allez les libéraux, encore un effort pour être « démocrates ») ?
Puis au plus loin, apophantique maintenant : « la démocratie », c’est la possibilité de refuser la loi et ses circonscriptions. Refuser, non pas selon des canaux étroits (« légaux », le cercle vicieux de la loi) et hérissés de barrières et de pieux, mais depuis l’indignation singulière, la honte d’être compromis avec un état de corruption et d’inégalité.
Où se dévoile (apophasis) que la gestion des masses concentrées (l’économie et son spectacle parlementaire) ne saurait être « la démocratie ». Ordre et loi, hiérarchie, autorité, respect des chefferies, mépris absolu des singularités réfractaires, déni des droits humains intégraux (leurs trois niveaux), voilà le despotisme revivifié. Même « l’abstention » n’entre jamais dans aucun compte (économique et politique).
Rendons la chose “plus concrète”.
La seule constitution démocratique de la France et d’ailleurs, a été celle de 1793. Jamais appliquée !
« Démocratique » parce qu’elle contenait le droit de rébellion (la rébellion comme un droit humain), le droit de refus – et donc, en très particulier, le droit à être compté comme « abstentionniste », un vote comme un autre – instauration d’un quorum et droit à la propagande pour l’abstention, avec des affichages, etc.
Évidemment, ce droit de refus, peut être imaginé très encadré, pour le rendre factice (décor Potemkine, comme le simulacre de démocratie dans la constitution européenne, le traité de Lisbonne). Comme le référendum révocatoire, d’une loi ou d’une constitution ; mais qui peut introduire quand même un débat et une extériorité à cette constitution (hors de ce que la constitution prévoit pour sa destitution, si elle le prévoit !), et surtout une extériorité hors des couloirs des assemblées dorées (extériorité que, par exemple, le PS conservateur rejette avec violence).
Il doit exister, hors du droit, un chemin pour refuser le droit.
De quel droit le droit se poserait-il incontestable ?
Ainsi le quorum, imposé à une votation, si faible paraît le mécanisme, est déjà un (tout petit) pas. Que dire de la déterritorialisation des élections : une seule circonscription « nationale », au moins !
Mais le droit de refus peut être imaginé de plus en plus ouvert, de plus en plus « démocratique », jusqu’à atteindre l’essence conservatrice de la loi, jusqu’à dynamiser la loi, hors du droit.
Pourquoi, alors, dire que « la gauche », et elle seule, est le répondant de « la démocratie », ouverte ou véritable, sauvage (Miguel Abensour) ?
Nouvelle définition.
Eh bien, parce que « la gauche », et elle seule, pratique « la démocratie » !
Pas de groupement, pas de regroupement, rien que des débats, pas de hiérarchie. Pas de parti de la gauche unie, surtout pas unie : l’unitarisme étant la pathologie fondamentale générant le despotisme (avec ses formes variées de “patriotisme”, de parti, de clan, d’entreprise, etc.).
Une constellation de singularités démocratiques.
Une complexification radicale de l’organisation sociale ; contre les simplifications “majoritaires” ou “opérationnelles”.
Constellation qui ne peut donc que refuser, rejeter le mode « monarchique » du despotisme d’ancien régime qui est notre nouvel état.
Constellation essentiellement désunie, qui ne peut que refuser les jeux de force ; ces jeux institutionnels qui sont toujours des jeux comptables : combien de votants ? Combien ont voté pour telle ou telle concentration (la prime à l’unité) ? Combien de partisans déterminés ? Etc. Toujours le « combien » économique.
Tout le contre-projet (apophatique de l’évidement) « de démocratie » s’accroche à l’idée, à marteler, que notre nouvel état est un despotisme ancien (écouter les causeries du lundi matin, sur lundi.am, présentant l’économie comme le régime politique de notre époque européiste).
Bien sûr, retentira le cri d’horreur du gaullisme autoritaire (celui intégré dans “notre” constitution) : inefficace !
Voilà le cri de guerre : « la démocratie » est inefficace !
« La démocratie » n’est pas compatible avec l’économie ! Ce pourquoi le despotisme d’entreprise s’étend à toute la société.
Plutôt riche que libre (le chien et le loup).
Pourquoi faudrait-il volontairement se soumettre à la règle « anti démocratique » de la conscription ? Aux règles ordo-parlementaires de l’encabanement dans le tripot politocard ?
Délaissons la servitude volontaire et les illusions nécessaires (ordre & progrès, ordre & richesse) qui vont avec.
Car voter, participer au simulacre de la votation, cela signifie accepter, se conformer, se compromettre.
Accepter cette constitution autoritaire, au nom de l’efficacité (et de la protection des places acquises – no free entry : allez les libéraux, encore un effort pour être « démocrates »).
Accepter la délégation pyramidale ultime aux appareils de partis sclérosés, aux professionnels sans responsabilité du spectacle politique (comment peut-on sérieusement penser l’association de « la démocratie » et de la politique professionnalisée – même les pires truands avérés peuvent réapparaître sans cesse !).
Se soumettre aux micro-règles mesquines, comme le charcutage électoral ou la manipulation des règles électorales “laissée en prime” aux « gagnants » du loto électoral truqué, quand « le meilleur » ne représente, au mieux, que 25% du corps citoyen !
Une très longue liste à dévider qui permettrait de dire positivement que « la France n’est pas une démocratie ».
Et que, donc, l’article 35 de la constitution de 1793 s’applique.
Nouvel article 35 (1793 modifié) : quand le gouvernement fait du peuple une ressource économique à gérer, l’insurrection est le plus sacré des droits et le plus nécessaire des devoirs.
Plutôt faire sécession que voter.
Plutôt « pratiquer la démocratie », « être à gauche », que voter, « être à droite » selon le droit imposé, respectant les règles vénéfiques établies.
Comment régler le conflit des axiomatiques ?
Article 35 (1793) contre article 49.3 (1958).
Référence pour le despotisme : les causeries du lundi matin, lundi.am : qu'est-ce que l'économie ?