Les derniers propos d'Abraham Burg dans Haaretz m'ont laissé perplexe. Burg considère que la solution de deux états est caduque. Pour lui l'occupation israélienne a établi un état de fait irréversible. Il est donc nécessaire que la gauche, comme la droite, israélienne en tienne compte. Il appelle la gauche à rompre avec sa doctrine politique d'une paix entre deux états, pour s'orienter vers une lutte politique interne à l'intérieur d'un état dont on ne sait plus s'il est " le nôtre ou le leur", état unique qu'il ne reste plus qu'à démocratiser.
La droite, dit-il, envisage déjà des avancées, et c'est à la gauche de se transformer et d'accepter une modification du rapport entre état démocratique et état juif.
Cette prophétie, et la stratégie qui l'accompagne, qui peuvent se résumer par le triptyque : accepter l'état de fait, se battre pour une démocratisation, espérer la démocratie, sont les mêmes que celles préconisées par Mearsheimer il y a peu à Ramallah devant un parterre palestinien.
Pourtant la vision de Burg paraît une bluette comparée à celle du théoricien américain qui prévoit une lutte politique âpre et couteuse, mais brève tant la violence de la répression des fascistes israéliens devrait entraîner une réprobation internationale et la révolte des éléments les plus moraux de la population israéliennes.
Rien de tout ça chez Burg, en tout cas rien d'explicite, qui attend même de la droite israélienne qu'elle joue une rôle moteur dans le processus. Il me paraît sous-entendre même que la fin de la solution de deux états serait un bienfait.
Il se peut que la solution de deux états soit morte. Assez de voix le disent, palestiniennes et israéliennes, pour qu'on puisse le croire. Et le craindre.
Car, si l'on met entre parenthèses les annonces ronflantes de " état unique et démocratique", pourquoi pas socialiste tant qu'on y est, de tous ses citoyens, et j'en passe, la voie politique et la stratégie pour y parvenir sont pour le moins obscures.
Présupposer comme le fait Burg que les forces fascistes de l'extrême droite et des colons n'imposeront pas des mesures terribles et obscènes comme l'accentuation d'une politique d'épuration ethnique, qu'il n'y aura pas un cycle attentats répression accru, que les palestiniens ne seront pas soumis à des mesures qui rendront leur expression politique pacifique impossible, me paraît de l'ordre du wishfull thinking, du voeu pieux.
L'abandon de la solution de deux états me paraît propre à entraîner un déchaînement des extrémismes dont rien de bon, sinon la mort, ne saurait advenir.
D'aucuns infèrent de l'état d'apartheid existant en Palestine, une solution à la sud-africaine. C'est faire preuve d'une logique politique mécaniste qui ignore la complexité de la vie. Tant d'un point de vue historique, que géographique, démographique, culturel et politique, les situations sont différentes.
Si l'on peut comparer l'origine coloniale d'Israël et l'Union Sud Africaine, les circonstances historiques de la fin de l'apartheid divergent de la situation internationale actuelle.
L'apartheid est tombée dans une phase historique marquée par la chute de l'URSS qui soutenait l'ANC, la fin de la guerre froide qui rendait le front africain moins crucial pour les USA, et l'aggiornamento de l'ANC, qui abandonne son credo socialisant. L'intérêt des grandes entreprises sud-africaines est la paix sociale et l'arrêt de l'apartheid, dont l'impact est mineur par rapport aux luttes sociales.
Le soutien extérieur à l'ANC ne venait pas pour l'essentiel d'Afrique, trop faible, mais du monde occidental et soviétique.
Par ailleurs la nature multinationale de l'ANC et la valeur de ses dirigeants, Mandela en premier lieu, était exceptionnelle. Ils permirent que se révèlent parmi leurs opposants des aptitudes insoupçonnées.
L'AFS regorgeaient de ressources naturelles, absentes aux PO, que tous voulaient faire fructifier. Ce fut le choix de promouvoir une bourgeoisie noire en conservant une bourgeoisie blanche, au détriment de la classe ouvrière noire et des petits blancs, qui fut le compromis historique assurant une transition pacifique.
Par ailleurs les Noirs et les Blancs, soit l'immense majorité de la population sud africaine partagent la même croyance religieuse protestante.
Autant d'éléments déterminants qu'on ne trouve pas, pour le moment au proche orient.
La solution de deux états est peut-être mourante. Vive l'acharnement thérapeutique
Billet de blog 29 janvier 2012
la solution de deux états est mourante ? Vive l'acharnement thérapeutique
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