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Billet de blog 16 juillet 2018

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Après les jeux du stade, voilà les catastrophes sociales

Tout auréolé du succès de ses gladiateurs surpayés, Jupiter, convaincu que le peuple a été suffisamment diverti par les jeux du stade, va profiter maintenant des langueurs estivales pour mettre en œuvre les mauvais coups qu'il prépare dans le domaine social : Sécurité sociale, indemnisation du chômage, retraite...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un des gros nuages qui assombrissent la météo sociale provient du double jeu des confédérations, syndicats ou associations qui se disent garants des intérêts des salariés et retraités mais épousent l'essentiel des thèses gouvernementales dans le but de se faire reconnaître comme interlocuteurs privilégiés et obtenir les meilleures places. Que les dirigeants et responsables de ces organisations aillent occuper les postes dans les institutions ne serait pas condamnable en soi si c'était pour mieux porter la parole de leurs mandants, mais on constate qu'une fois en place, ils ne font que profiter des aubaines liées au mandat. Pour ceux-là, la lutte des classes est parfaitement ringarde.

Étant retraité d'une banque mutualiste, je suis adhérent à une association de retraités. Cette association de retraités adhère à une fédération d'associations de retraités et cette fédération adhère à une confédération de retraités. Je ne sais pas quand a été décidée – et votée ? – cette adhésion ni sur quel programme. Mais, lors de notre assemblée générale annuelle, un des responsables vient faire un petit laïus sur des sujets anodins et participe au repas.

Cette année, on a eu droit à une présentation des positions de la fédération en matière de retraite. Et on découvre que nous serions d'accord pour un système de retraite par points. D'accord avec tous les arguments développés par le gouvernement !!! En premier lieu, un pointage de tous les petits avantages des différentes professions pour nous en rendre jaloux et réclamer leur suppression.

Ces quelques miettes à valoir seulement à la retraite ont été arrachées au fil des ans et des luttes pour compenser des pertes immédiates.

Après avoir fini sa présentation l'intervenant nous a fait savoir qu'il était prêt à recueillir nos avis. Non pas de vive voix et pour finir par un vote mais seulement adressés au site de la fédération.

Voici donc ce que j'ai envoyé dès le lendemain. Je n'ai eu ni réponse ni même d'accusé de réception.

Bonjour,

Hier, au cours de notre assemblée générale de l'association des retraités du [nom de ma banque], un de vos représentants, après avoir parlé de la position de la FNAROPA sur les retraites a souhaité recueillir nos réactions. Voici les miennes :

1°) De grâce, n'employons plus le mot « équité », il est toujours employé par ceux qui nous gouvernent pour monter les personnes, leurs organisations, en l’occurrence, ici, les régimes de retraites, les uns contre les autres pour, en définitive, tirer tout le monde vers le bas.

2°) Accuser la diversité et les différences des régimes de retraite n'est pas, à mon avis, la solution. Ce qui importe c'est avant tout que les promesses faites au moment des cotisations soient tenues au moment des prestations.

3°) Je regrette que ceux qui se disent nos représentants pour défendre nos retraites soient aussi soumis à la pensée unique véhiculée par les media mainstream : « Avec la baisse de la natalité, l’allongement de la durée de vie, la chute du ratio actifs/retraités, le bon sens nous impose une révision drastique des systèmes de retraites ».

Cette position qui se veut d'évidence est totalement hypocrite et fallacieuse. Avec l'augmentation de la productivité, la production n'a plus besoin d'autant d'actifs. Ou autrement dit, ce n'est pas le nombre d'actifs qui importe pour générer la plus-value nécessaire pour payer les retraites, mais la part de cette plus-value qui ne sera pas accaparée par les « très riches ».

La seule vraie question sur les retraites est : Quelle part du PIB voulons nous consacrer aux « vieux » ?

Si la proportion de « vieux » augmente, la part qui leur est consacrée doit augmenter aussi.

Dernière question. Si on n'a pas les moyens de consacrer plus de ressources pour les retraites, les hôpitaux, l'enseignement, les infrastructures, … toutes ces dépenses en faveur du « peuple » comment expliquer que les dividendes explosent chez les très riches et qu'une seule personne peut accumuler autant de milliards avec des augmentations de plus de 20% par an ?(*)

Si on ne parle pas du partage des richesses avant de parler des retraites on se laisse enfermer dans la seringue qui nous conduira inéluctablement vers le recul de l'âge de départ et la baisse des pensions.

Quand on voit ce qui a déjà été acté on comprend que Warren Buffet n'avait pas tort quand il disait que les riches étaient en train de gagner la lutte des classes...

Faut vous reprendre !

(*) à cette époque, les chiffres le l'augmentation de la fortune de B. Arnault n'étaient pas définitifs. La Tribune de 22 mars annonçait une augmentation de 22 %. Marianne donnait une augmentation de 71% en un an...

Plus tard, le « Figaro » était heureux d'annoncer que les entreprises du CAC 40 ont dégagé près de 95 milliards d'euros de bénéfices nets en 2017, un chiffre en forte progression comparé à 2016. Cela représente une hausse de 24,1% par rapport au bénéfice total de 76 milliards d'euros qu'avaient dégagé les 40 entreprises du CAC l'an dernier. Le chiffre d'affaires de ces derniers a crû de 5,2% à 1317 milliards d'euros (1251 milliards en 2016).

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