La chute de Google en 10 leçons, quelle étrange prédiction à ce jour où tous les indicateurs de cette faramineuse entreprise sont au vert, surtout émanant d’un « simple » dentiste ! Sans vouloir être condescendant, qu’il prévoit une chute dentaire on veut bien, mais celle d’un géant du net ! Délire de grandeur monomaniaque ? Volonté de rééditer l’exploit de David contre Goliath, ou peut être plus justement, Lilliput contre Atlas ?
L’homme s’improvise gourou informatique, assenant ses 10 plaies ou dix commandements, au choix, dans un flou artistique. Il cherche à attirer l’attention de Xavier Niel, ça on peut le comprendre ; ce grand patron français, un peu pirate, fulmine contre Google avec raison et sauterait bien sur l’occasion de lui tailler des croupières si elle se présentait ! Mais quid de Nonce Paolini ?
Et puis ça commence mal, l’homme n’est pas écrivain, c’est visible et sa première « leçon » n’en est pas une. Même si l’on sent un sain désir de révolte par rapport à l’hégémonie américaine qui prend l’Europe de vitesse, une nouvelle fois, sur ce nouveau terrain de jeu qu’est le « web » ou le « cloud », anglicismes obligent, n’est-ce pas plutôt prendre ses fantasmes pour des réalités.
Notre dentiste voudrait voir s’humaniser ce business, autant vouloir insuffler de la vie à une machine. A l’ère des actionnaires qui dépouillent les sociétés au nom d’un certain rendement, des millions de chômeurs liés à la mondialisation et au consumérisme, nous voilà face à un utopiste.
Mais un utopiste mythomane ? Il nous dit détenir la clé, puis demande à des serruriers de la lui donner ; à l’aube de sa 3é « leçon », il offre une certaine somme à celui qui lui fournira le « business model » de la chute… qu’il est censé détenir.
On passe du professeur donneur de leçon, à une construction participative. Ça devient louche.
Puis on lit sa « 3é leçon » et elle ne nous laisse pas indifférent ; visiblement son analyse du marché mondial colle à la réalité ; on sait honteusement qu’on est tous plus ou moins liés à ces géants qui, sous le couvert de la gratuité d’outils performants (Gmail, android, googlemaps…) nous rendent à la fois dépendants mais aussi transparents; Google nous dépèce pour nous vendre aux plus offrants et touche sa commission au passage. Notre intimité en est mise à jour. N’est-ce pas trop cher payé pour du gratuit ?
Amazon, qui crée des emplois chez nous ( !) vend moins cher et nous livre gratis uniquement parce qu’il ne paie pas nos taxes ni les impôts qu’il devrait sur notre territoire ; en un mot, Amazon nous vole. Car comme nos sociétés françaises ne peuvent être concurrentielles dans ces conditions, elles perdent des parts de marché, licencient… Et qui d’autres que nous travailleurs, allons payer pour ces nouveaux chômeurs ?
L’analyse que notre dentiste fait par rapport à la Chine nous touche d’autant plus que nous ne sommes pas très sinophiles, ces derniers ayant des attitudes commerciales pour le moins négatives pour notre économie. Mais leur protectionnisme est de bon aloi. Comment auraient réagi les Américains, si l’Europe les avait envahi au travers du Web ?
Et là on commence à percevoir que la chute de Google ne se fera pas d’elle même mais que c’est nous qui pourront la provoquer en le boycottant.
Affaire à suivre
DOCTEUR G. Bitton, psychiatre