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Billet de blog 10 août 2023

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Le train de nuit 5790 Briançon-Paris supprimé d’un trait de plume comme un RER

Le train de nuit 5790 Briançon-Paris du 9 août supprimé d’un trait de plume 6 heures avant son départ comme un RER Ou comment la SNCF, par une légèreté confondante, creuse sa propre tombe par un mépris confondant des usagers

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Le train de nuit 5790 Briançon-Paris supprimé d’un trait de plume comme un RER 6 heures avant son départ
Ou comment la SNCF, par une légèreté confondante, creuse sa propre tombe par un mépris confondant des usagers

Il fait beau ce mercredi 9 août au fin fond des Hautes Alpes dans le Queyras. Dernière heures d’une montagne de rêve avant de prendre le train de nuit pour Paris dans quelques heures à la gare de Mont-Dauphin - Guillestre. Ils sont des dizaines de milliers qui chaque année, dans chaque sens, utilisent ce lien unique et vital entre la région capitale et toutes les villes du Diois, du Gapençais, de l’Embrunais, du Guillestrois et du Briançonnais. Le train de nuit Paris-Briançon, malgré toutes les menaces depuis 20 ans et grâce aux mobilisations fut un des deux derniers trains de nuit maintenu avec le train Paris-Toulouse, Foix La Tour de Carol Enveitg. La distance et l’enclavement les ont sauvés.

12h07 ce mercredi 9 août, par un simple sms puis un mail (venant de l’adresse nepasrepondre@infos.sncf.com, il fallait y penser !), j’apprends que le train de nuit Briançon Paris 5790, c’est inénarrable, « a dû être supprimé en raison de Réutilisation d'un train et nous en sommes navrés ». Et de proposer un lien pour un échange pour le même train 24 heures après ou de passer par les canaux habituels pour changer.

Ainsi donc au 21e siècle, l’ex entreprise nationale supprime 6 heures avant par un simple mail et pour des raisons parfaitement abscons un train mis en réservation depuis des mois sur lequel des centaines de personnes ont calé qui un retour au travail, qui une correspondance, qui un avion, qui une fête familiale ou le changement des grands parents pour les vacances des enfants…

Cette pagaille n’est pas conjoncturelle : elle est structurelle. Le train de nuit Paris Briançon et la SNCF sont la risée des Haut Alpins. Il n’est jamais à l’heure, coutumier des 45 minutes de retard (voire beaucoup plus) à l’arrivée le matin. Par deux fois depuis la mi-juillet, c’est ce retard que je constate à l’arrivée à la gare de Mont-Dauphin - Guillestre où je vais chercher mes proches. Au point que je leur demande maintenant de m’envoyer un sms (sic) à leur départ de la gare de Gap une heure théorique avant l’arrivée.

Aucune explication rationnelle n’est donnée par les agents du train. Pour travaux entre Paris et Lyon, il serait arrivé en retard à Valence où débute la partie montagne à voie unique, occasionnant des arrêts décalés et plus longs pour croisement. Pourtant ces trains de nuit ont une marche relativement lente qui leur permet théoriquement de rattraper ces retards. Alors quelles sont les véritables raisons : les locomotives sont en panne et vous n’avez pas de réserve ? Un conducteur est malade et il n’y a pas de remplaçant ?

A l’heure de la relance écologique des trains de nuit, un des plus anciens d’entre eux semble être l’objet d’un sabotage délibéré.

Trois questions se posent alors :

  • Qui, dans quel objectif et à quel niveau de la SNCF couvre ce laisser-aller qui s’installe dans la durée et ne saurait être la norme ?
  • La représentation de l’usager a-t-elle totalement disparue de l’imaginaire des cadres de la SNCF, obérant gravement la confiance du public et ce qui est pourtant la mission historique de cette entreprise : porter la transition écologique des mobilités.
  • La notion de respect de l’usager doit-elle être introduite dans les contrats que l’Etat et les collectivités organisatrices passent avec l’ex opérateur historique ?

Le train de nuit Paris Briançon ou la chronique ordinaire d’un service public en décomposition !

Jacques Picard
Conseiller municipal de Corbeil-Essonnes en charge des mobilités
Utilisateur depuis 60 ans du Paris-Briançon

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