L'article de Pierre Puchot dans Mediapart cite très précisément les propos que j'ai tenus lors du débat entre spectateurs qui a suivi, sans le réalisateur, la projection du film Gaza-strophe aux Cinochex de Ris-Orangis. Il me semble toutefois utile de rajouter les prévisions qui suivent pour souligner la gravité d'une atteinte délibérée au droit d'expression et à la simple démocratie qui a été perpétrée par le député-maire d'Evry, par ailleurs candidat à la primaire socialiste.
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1°) La projection et le débat étaient organisés par l'association Evry-Palestine avec le soutien du Collectif Palestine Evry Essonne qui comprend une trentaine d'associations, partis et syndicat dont le 1er syndicat français et le 2ème parti de gauche: EELV. C'est donc à ces organisations que M. Manuel Valls s'est attaqué.
2°) Le discours embarrassé du directeur de la salle évoquant, sur ordre de sa tutelle et donc du président de l'agglomération Manuel Valls, des craintes de « tension communautaire » sont insultants pour ce collectif et les associations. Depuis 20 ans et même aux pires moments, jamais une réunion publique sur la question israélo-palestinienne n'a dégénéré en centre Essonne. Le supposer est une insulte à la maturité des acteurs de ce territoire.
3°) Les propos de Manuel Valls sur son «souci d'éviter l'instrumentalisation d'un lieu public au profit d'une organisation politique, Evry Palestine, à qui il arrive parfois de défendre des thèses assez radicales...» sont pour le moins inattendus. D'abord, Evry Palestine est une association, qui plus est dont la présidence tournante depuis 10 ans dément toute instrumentalisation politique.
Quant aux «thèses assez radicales de cette association», Manuel Valls a la mémoire courte. Il a en effet et jusqu'à il y a 2 ans, perpétué la tradition initiée par son prédécesseur, accueillant la manifestations phare «les 6 heures pour la Palestine» dans la salle même du conseil municipal d'Evry.
Il présidait même il y a quelques années cette manifestation en soirée, devant 250 personnes, en présence de Camille Mansour, Michel Warshavsky et Leila Shahid quand, seule fois en 20 ans, la communauté juive du centre Essonne est intervenue dans la salle en protestation muette et non-violente. A la demande de ce groupe d'un débat dans le même lieu avec des intervenants plus proches des thèses de l'état d'Israël, Manuel Valls refusa et rappela que «ce conflit n'était pas symétrique, qu'il y avait bien un agresseur et un agressé, un faible et un fort, un processus de colonisation...». Des thèses trop radicales?
4°) Que Manuel Valls ait changé de position depuis 2 ans souhaitant maintenant un jumelage symétrique avec une ville d'Israël, ceci au moment où il révèle ses ambitions présidentielles: c'est son droit. Qu'il s'acharne ensuite à plusieurs reprises sur une association qui n'est pas d'accord avec lui et à laquelle il a suspendu la subvention de la ville: voilà qui révèle des pratiques politiques assez autoritaires d'un autre temps.
Jacques PICARD
Conseiller Régional d'Île-de-France
Europe-Ecologie - Les Verts