« Une plongée fascinante dans le cerveau du pire tueur en série qu’ait connu l’Europe » -Le Point.
« Fruit d’une enquête vertigineuse, l’écriture d’Utøya relève du génie » - Canal +.
« Incroyable, inlâchable (sic) et glaçant » - Le Figaro.
« Un ouvrage choc, haletant et terrible » - L’internaute.
« Un coup de tonnerre, Utøya étreint d’emblée le lecteur pour ne plus le lâcher » - Metro.
Ces dithyrambes illuminent la quatrième de couverture d’Utøya, ouvrage écrit par Laurent Obertone et publié par La mécanique générale, collection associée aux éditions RING et recyclant certains de ses titres au format poche.
Dans une courte introduction, Stéphane Bourgoin -spécialiste des tueurs en série- dit que l’auteur a osé endosser la personnalité d’Anders Brevik et rend hommage à son titanesque travail, sa minutie exceptionnelle, en espérant que mettre des mots sur l’inexplicable permettra peut-être, à l’avenir, d’éviter de telles tragédies.
Durant les trois premiers chapitres on est invité à suivre Brevik au cours de la tuerie. C’est incontestablement précis : rapide description des cibles, lieux, minutage, tirs et effets. Durant cette promenade bouchère les pensées du tueur, c’est à dire son mépris et sa haine de ceux qu’il abat, servent de liant.
Brevik ? L’homme se voit preux chevalier templier, croisé, viking, héros faisant œuvre de salubrité. Il faut débarrasser la Norvège de ce poison, de cette vermine : les jeune du parti travailliste norvégien, parti social-démocrate, en fait des marxistes, des avilis, des dégénérés…Mais par la suite, l’exemple donné, il ne faudra pas se cantonner à la Norvège, l’Europe et le monde blanc doivent aussi être nettoyés. Sus aux modérés, aux intellectuels, aux bien-pensants, aux humanistes, aux féministes, etc.
Le reste de l’ouvrage nous conte l’adolescence et la jeunesse du « héros ». C’est en permanence vicié par les mêmes considérations haineuses, par cette chosification de ceux qu’il faut exterminer ; puis on suit les préparatifs des deux opérations : la bombe pour l’immeuble gouvernemental à Oslo, l’arsenal pour le raid à Utøya. Enfin, le procès : rapports des experts, témoignages de certaines victimes grièvement blessées et définitivement invalides, douleurs des familles, et bien entendu considérations de Breivik sur ce qu’il considère comme une injustice, une pantomime aussi ridicule que sinistre, il est l’otage expiatoire des démocrates, de la presse, c’est-à-dire des vendus, des lâches, des comploteurs, tous des marxistes ! Condamné l’homme se console, il fera école et dans quelques années on le vénérera.
Au cours de la lecture un souvenir d’heures estudiantines s’imposait à moi : vaste prosopopée. Cette figure de pensée fait partie de l’arsenal rhétorique, elle consiste à faire parler un tiers, imaginaire ou réel, habilement utilisée elle autorise un locuteur ou un auteur à faire assumer par autrui, en toute innocence et en toute impunité, des idées qui sont en réalité les siennes ou qu’il partage totalement.
Laurent Obertone est très prisé par le FN et les milieux identitaires, on ne peut donc s’étonner qu’il ne soit pas sorti de la peau de son personnage en prenant quelques distances avec les idées qui ont provoqué ce massacre.
Je m’interroge… Les thuriféraires cités au début de cet article adhèrent-ils aux propos de l’ouvrage on n’ont-ils rien compris ?
Son éditeur : RING.
https://oeilsurlefront.liberation.fr/actualites/2017/01/15/ring-des-editions-qui-sentent-le-soufre_1541637