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Billet de blog 17 novembre 2025

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J’accuse…! Psychiatrie et Justice, complices de l’enfermement des malades

Témoignage d’une mère qui fait face aux défaillances d’un système psychiatrique et judiciaire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon fils, majeur, a été incarcéré au centre pénitentiaire de Fresnes, suite à l’agression d’un membre de la famille.
Il souffre de troubles psychotiques graves, attestés et documentés par des hospitalisations allant de 1 mois à 1 an, dont une hospitalisation sous contrainte judiciaire, une situation de handicap reconnue, des certificats médicaux et comptes rendus d’hospitalisation, depuis plusieurs années, des tentatives de suicide. Une errance médicale longue, très longue. Il a toujours été volontaire et accepté de rencontrer plusieurs psychologues et psychiatres, de faire des séjours en hospitalisation, avec force et courage pour se soigner. Sa première hospitalisation c’est lui qui l’a souhaité l’âge de 19 ans. Sa première consultation a eu lieu à l’âge de 14 ans avec un psychologue.  

En garde à vue, il a été évalué par un psychiatre qui, en quelques minutes, a rendu un avis déterminant pour sa mise en détention. Sans connaître son dossier médical, son parcours psychiatrique, pourtant conséquent, long, très long. Sans tenir compte de ses antécédents, de ses traitements, ou de son statut de personne handicapée. 
J’accuse la psychiatrie de condamner des vies en quelques minutes sans connaître les dossiers médicaux, les antécédents des personnes « expertisées ». Alors qu’un diagnostic peut prendre parfois des années, un seul psychiatre a été en capacité en quelques minutes de décider de sa responsabilité pénale.

Une PSYCHIATRIE toute puissante, sans contrôle ni sanction ! 

Une expertise expéditive qui pourtant a pesé lourd dans la procédure judiciaire et l’incarcération de mon fils ! 
Depuis, l’état de mon fils  ne cesse de se dégrader. Trois isolements en détention, une absence de suivi psychiatrique adapté, des reports d’expertises psychiatriques, pourtant ordonnées par le juge. Cette situation est insoutenable, intolérable, violente et cruelle. Ce qui pour moi n’était qu’un concept est devenu bien réel, mon quotidien.


La santé mentale, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est "un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté". Pourtant, il a fallu attendre 2013 pour que le monde prenne enfin conscience que la santé mentale faisait partie intégrante de la santé. Douze ans plus tard, en 2025, la France en a même fait une "Grande Cause Nationale", avec des rubans verts, des campagnes de sensibilisation et des discours solennels. Les médias se sont emparés de ce grave sujet. Des témoignages par des artistes, des personnalités connues pour parler de leurs troubles mentaux. De plus en plus de documentaires, d’écrits sont fait et dans le même temps, des CMP, des cliniques, des structures d’accueil continuent  à fermer.
Dans les faits, les déserts médicaux et psychiatriques se multiplient. Des associations engagées tentent de survivre et forment des personnes qualifiées
Je demande à ce que les « experts psychiatres » aient accès au dossier médical complet de l’individu expertisé, avant toute expertise et qu’un temps raisonnable soit donné pour éviter des expertises bâclées, bouclées en quelques minutes. Qu’elles fassent preuve de rigueur et d’impartialité.
Je demande à ce que les expertises psychiatriques judiciaires cessent d’exercer un pouvoir arbitraire sur la vie des individus.
Je demande une transparence totale sur leurs méthodes d’évaluations.
Je demande la réintroduction du terme d’abolition du discernement au profit de l’altération du discernement trop souvent employé dans des expertises psychiatriques. Réintroduisons la partialité, la cohérence, la vérité au profit de l’ignorance !
Je demande un audit indépendant pour que cesse cette Omerta des pouvoirs publiques, organisée !  Pour que cesse enfin ce « PSYCHICIDE », comme l’écrit Mathieu Bellahsen, psychiatre et auteur dans un article paru récemment.
J’exige des réformes profondes, des lois pour encadrer le handicap et la santé mentale et le strict respect des lois existantes. J’exige que l’Etat se saisisse pleinement de ce sujet pour que de réels moyens soient donnés aux soins des malades  et que la formation et l’embauche de personnes spécialisées soient prévues  à tous les niveaux, de l’Education Nationale dès le collège, dans les hôpitaux, les structures d’accueil, dans les prisons et qu’enfin l’Etat  donne les moyens à la psychiatrie qui souffre pour qu’elle ne soit plus un outil de condamnation arbitraire.

Ne sert-elle pas à soigner, à comprendre plutôt qu’à enfermer sans discernement ? 
Rappelons que le suicide est la première cause de mortalité chez les 25-34 ans en France et que les risques de suicide sont multipliés par 5, en détention et en isolement.
Qui s’en soucie ? Chaque jour que mon fils passe en prison, en isolement est un jour ou l’espoir s’amenuise. Cet isolement l’enferme de plus en plus et derrière sa détention, sa Vie, celle de notre famille et la mienne sont brisées !
Combien de drames, faudra-t-il encore, à l’image de ce jeune détenu, décédé récemment en novembre 2024 à la prison de Fresnes et dont la famille a porté plainte pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en péril ».
À qui que ce soit qui peut entendre ce cri : ceci est un SOS. Une mère, brisée par la peine, la colère et l’injustice, hurle aujourd’hui contre l’aberration de nos politiques publiques.

Comment ose-t-on enfermer ceux qu’on devrait soigner ? Où sont les responsables ? Où est l’humanité ?

Une maman anonyme emplie de peine, de tristesse, de chagrin, de déchirements et de colère !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.