Chacun peut avoir sa grille de lecture, mais les faits, eux, sont têtus.
Les confidences d’Hillary Clinton et les récentes déclarations du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane lèvent le voile sur une évidence dérangeante : l’Occident n’a jamais été étranger au dopage des mouvances islamistes, à une époque où la guerre froide dictait les alliances les plus contre-nature.
Une fois l’URSS pulvérisée et le mur de Berlin réduit en poussière, ces mouvements, devenus trop encombrants, ont été tour à tour neutralisés, recyclés ou instrumentalisés. Certains ont été autorisés à régner sur des territoires instables – Afghanistan, Pakistan, Syrie – mais toujours sous contrôle étroit.
Le Hamas ne fait pas exception. Benjamin Netanyahou lui-même a entretenu, via le Qatar et sous l’œil bienveillant d’Ankara, la survie d’un mouvement utile pour fracturer le front palestinien, déjà miné par la perte de crédibilité de l’Autorité palestinienne issue des accords d’Oslo.
Résultat : deux entités palestiniennes rivales, Gaza et Ramallah, se sont entre-déchirées au point d’achever toute unité nationale.
Aujourd’hui, alors que l’Iran et ses relais – Hezbollah en tête – ont été contenus, un nouveau Moyen-Orient se redessine, conforme aux ambitions d’Israël et de ses alliés.
Le Qatar, protégé par le parapluie américain, et la Turquie, nostalgique de sa grandeur ottomane, ont fini par abandonner cyniquement le Hamas, épuisé, discrédité, sacrifié sur l’autel d’un réalisme politique brutal.
Le plan de Trump pour un nouveau moyen orient et validé par les parties conviées ne fait que suivre le courant de l’histoire où les plus puissants désintègrent les plus fragiles.
Le peuple palestinien, lui, continue de payer l’addition, pris au piège d’une tragédie qui prolonge la Nakba de 1948.
L’histoire, une fois encore, jugera.