JALIL BERRADA

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Billet de blog 8 octobre 2025

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le corpus islamique est un océan. On y trouve tout : la lumière et l’ombre, le spirituel et le temporel, le souffle divin et ses déviations humaines. Cette richesse, au lieu d’éclairer, est trop souvent devenue source de confusion, tant elle fut exploitée par des exégètes qui, se réclamant du divin, n’ont fait que servir les puissants — ou leurs propres vanités.

Ces lecteurs de l’absolu, phallocrates et autoritaires, ont su modeler la parole sacrée à leur image, tirant du texte ce qui consolidait leur pouvoir, et reléguant la miséricorde au rang de détail.

Ainsi, l’islam est devenu un immense étalage où l’on choisit, selon l’humeur ou l’intérêt, la citation qui justifie tout et son contraire. Un verset pour imposer, un autre pour condamner, un troisième pour pardonner — comme si la Parole divine n’était plus qu’un instrument à usage variable, un argument de circonstance.

Dans ce tumulte, le message fondateur — celui de la dignité, de la justice et de la liberté de conscience — s’est dilué.

Mais que reste-t-il du souffle initial ?

Que retenons-nous réellement d’une spiritualité censée élever l’humain au-dessus de ses passions ?

Nous sommes devenus habiles à pointer le péché chez l’autre, mais aveugles à nos propres déformations. Peut-être devrions-nous enfin oser nous regarder en face — dans un miroir non déformant — pour y voir nos laideurs : le dogmatisme, l’hypocrisie, la peur de penser, et cette manie de confondre foi et obéissance.

Le respect, s’il est sincère, ne saurait être exclusif. Il doit embrasser l’ensemble du genre humain : les croyants des trois religions abrahamiques comme ceux dont la foi s’exprime hors des dogmes. Car la spiritualité, quand elle est authentique, ne sépare pas : elle relie.

La voie du renouveau est claire : il faut remettre le corpus islamique à plat, le revisiter sans crainte, à la lumière de toutes les sciences humaines — histoire, archéologie, anthropologie, philosophie, linguistique, sociologie — pour en extraire la quintessence : l’humanité, la justice, la raison et la tendresse du divin.

L’islam, dernière spiritualité révélée, mérite d’être libéré des souillures du politique, du commerce, des états d'âme et des ambitions humaines.

Il ne saurait rester otage de ceux qui le brandissent comme une bannière, un antidépresseur, un outil de guerre, alors qu’il fut avant tout un souffle.

Un souffle de liberté, d’équilibre et de dignité.

Revisiter le sacré, ce n’est pas le profaner.

C’est le purifier de nos manipulations pour lui rendre sa lumière d’origine : celle qui éclaire sans brûler, instruit sans abrutir et guide sans asservir.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.