JALIL BERRADA

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Billet de blog 9 juillet 2025

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LA DÉCADENCE DE L’ÉDUCATION NATIONALE AU MAROC ‘’FINE KENTI WOU FINE WELLITI’’

JALIL BERRADA

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À la fin du protectorat, à l’aube de l’indépendance, l'école publique marocaine était performante et abritait toutes les couches de la société ou presque.

Ce fut un temps où les élèves exclus et/ou dans l’incapacité de suivre, se réfugiaient, sans pour autant les stigmatiser, dans les écoles privées.

Est-il nécessaire de rappeler qu’à cette époque, l’obtention du baccalauréat français par les candidats libres de l’éducation nationale n’était qu’une simple formalité ?

Aujourd'hui c'est tout à fait l'inverse, que ceux qui n'ont pas le choix fréquentent l'école publique marocaine.

La réforme majeure des politiques publiques du Maroc devrait être incontestablement celle de l'éducation nationale avec une portée culturelle focalisée sur l'Homme.

Qu'elle prenne le temps et les moyens qu'il faut mais il est impératif pour un pays aussi ambitieux de déclencher avec force un processus audacieux et ouvert sur le monde tout en luttant avec détermination contre la fermeture intellectuelle et le décrochage scolaire, une porte ouverte à l’extrémisme et à la violence.

L'humain, quelque soit sa couleur, sa confession ou sa situation géographique doit jouir de tous les droits universels dont la violation conduit inéluctablement à l'injustice et à l'arbitraire.

Pour l'histoire, la conjoncture politique où Hassan II était malmené par les partis politiques issus du mouvement national, avait utilisé un électron libre du parti de l’Istiqlal qui en a été exclu une fois nommé premier ministre, et ce, sur fond  d’arabisation bâclée comme  l’avait si bien souligné de nombreux experts en la matière.

Le résultat en fut un abrutissement "taklikh" méthodique du peuple marocain afin d'handicaper son mode de pensée, exit la philosophie et le sens critique.

Aussi, l'état imaginait, à tort ou à raison, sa totale maîtrise de tous les esprits qui comptaient et son immunité vis à vis des leaders politiques et intellectuels de différents horizons.

Un tel objectif n’est plus d’actualité depuis l’avènement de Mohamed VI.

Hélas, certains courants hors du temps  s'inscrivent dans la médiocrité  à visée faussement identitaire et purement politicienne mettant en péril toutes nos générations futures. 

Pour faire aboutir un projet de réforme aussi colossal via une loi cadre qui a du mal à se déployer, l’interaction intelligente par coordination de tous les acteurs concernés est requise, s’imprégnant d’une rigueur intellectuelle inattaquable (état, partis politiques, syndicats, organismes institutionnels, société civile, intellectuels, sphère culturelle, cellules familiales  ....).

La ligne éditoriale de l'éducation nationale devrait se libérer de l'inertie des nombrilistes syndicats et axer son centre d'intérêt sur l'Homme armé de tous les droits universels (citoyenneté, liberté, respect de l'environnement, accès aux sports et aux arts.... ) dans un esprit d'ouverture sur le monde et non en repli identitaire qui n'a que le mur en face.

En banalisant l’usage des tablettes et consorts en lien avec une plateforme contenant les prestations les plus judicieuses et interactives avec un sens aiguisé de la pédagogie éducative, on pourrait faire d'énormes économies dans le but d'atteindre les objectifs que revêt une mission publique aussi noble et productive à destination d’une enfance adepte d'internet par excellence.

Le tri des enseignants est prioritaire et doit se faire parmi des éléments brillants et qualifiés à recevoir la meilleure formation possible empreinte des sciences de l’éducation les plus adaptées.

Ils doivent ainsi avoir le respect de tout un pays tout en reconsidérant leurs situations matérielle et statutaire.

Quelque soit la langue d'enseignement prônée, la traduction des ouvrages et publications devrait constituer une politique étatique d’envergure afin de ne pas passer à côté du partage du patrimoine intellectuel et scientifique universel.

Ceci étant, l'enseignement des matières scientifiques en langue française (voir anglaise à terme) qu'on retrouve à l'université et les grandes écoles locales est une évidence. Cela relève du bon sens et ne doit pas faire l’objet d’un débat stérile et énergivore alors que l’intelligence artificielle s’impose d’une manière foudroyante.

Le comportement indigne et méprisant à l’égard de l’éducation nationale de certains responsables politiques ayant intégré leur progéniture dans les missions étrangères et les écoles privées les plus en vue est une insulte à l’intelligence du peuple marocain. 

C’est hélas une attitude qui ne fait qu'exacerber la défiance d'un peuple chargé d'histoire vis à vis de la politique.

En partageant le même souci collectif de la faillite éducative mondialement reconnue, je dirai que de nouveaux outils d'enseignement doivent être envisagés au plus vite, associés à un contenu riche en connaissances dans un esprit de conquête d'un monde complexe et si vulnérable par les aléas de l’histoire.

Cela offrirait à toutes et à tous les mêmes chances d'accès à une formation efficiente en adéquation avec un environnement de travail en perpétuelle évolution.

Le système éducatif victorien n’a plus droit de cité, les systèmes éducatifs les plus performants au monde sont ceux qui abritent toutes les classes de la société et rémunérant ses instituteurs tels leurs ministres avec un égard tout particulier de l’ensemble de la société.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.