J’ai toujours eu du respect pour Aboubakr Jamaï, Réda Benchemsi et Ali Lmrabet ne serait-ce que pour leur rôle pionnier dans la défense de la liberté d’expression au Maroc à travers Le Journal, Tel Quel et Demain.
Leurs publications ont marqué une génération avant de disparaître (sauf pour Tel Quel qui a changé de mains), victimes des tensions politiques et des interprétations restrictives du code de la presse sous le gouvernement d’Abderrahmane El Youssoufi.
Mais leurs parcours ont depuis pris une tournure plus amère.
Repliés sur un discours virtuel et idéalisé, il semblent s’être éloignés de la réalité complexe de la politique marocaine, et plus largement, de celle du monde arabe.
Il faut rappeler que le Maroc, depuis l’indépendance, a traversé des périodes douloureuses, rythmées par la guerre froide, le panarabisme et l’islamisme, sans oublier les tentatives de coups d’État qui ont façonné sa mémoire collective.
De telles secousses conduisent fatalement, dans tout système humain, à une centralisation du pouvoir et parfois à l’arbitraire.
Or, la stabilité demeure la condition première de tout développement durable et de toute émancipation sociale.
Sous Mohammed VI, cette stabilité relative mais réelle a permis la poursuite de grands chantiers d’infrastructure, freinés un temps par les turbulences du printemps arabe, mais essentiels à la modernisation du pays.
Les mouvements tels que celui du 20 février ou encore celui d’actualité GenZ212 n’ont trouvé que la rue comme théâtre d’expression, ce qui est en soi un signe de bonne santé d’une démographie en pleine mutation masquant la déliquescence d’un personnel politique et animateurs de la société civile ainsi que de journalistes qui doivent revoir de fond en comble leurs copies.
Aujourd’hui, le Maroc a amorcé une transition vers un développement plus humain, recentré sur l’éducation, la santé et la justice sociale.
Malgré ses imperfections, le régime marocain reste une exception dans la région MENA, grâce à l’ancienneté de l’État, à une monarchie enracinée dans l’histoire, et à une démocratie en maturation progressive, adaptée à ses réalités.
Encore faut-il accepter de voir les progrès sans les juger à travers le prisme de la rancœur ou de l’idéologie.
Le Maroc avance, à son rythme, mais sûrement.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’ôter ses œillères.