Mediapart
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Paris, le 28 février 2013
Bonjour,
En l’occasion de la disparition de Stéphane Hessel, je souhaite exprimer mon indignation et mon désaccord concernant la présence du billet de blog intitulé « Le serpent est mort », publié le jour de la mort de Stéphane Hessel par l’abonné Lucas Martin, et faisant ainsi écho à la Une du journal « Stéphane Hessel est mort », tout en reprenant des termes haineux de Pierre-André Taguieff à l’encontre de Stéphane Hessel, coupable à ses yeux d'être hostile à Israël : « Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu'on ait envie de lui écraser la tête.»
Publier ce billet le jour même de la mort de Stéphane Hessel manifeste une violence calculée de la part de son auteur. Laisser ce billet en ligne, en attendant les obsèques de Stéphane Hessel, c’est suggérer aux lecteurs de Mediapart que, tant qu’il ne s’agit pas d’anti-sémitisme, toute haine est bonne à dire et à publier.
Comme le souligne Pascal Boniface, dans son article sur le site du NouvelObs du 26 octobre 2010, Pierre-André Taguieff : insultes inadmissibles en toute impunité contre Stéphane Hessel :
« Que ce serait-il passé, si Vincent Geisser au micro d'une radio communautaire arabe, s'en était pris aussi violemment à une personnalité française au prestige comparable à celui de Stéphane Hessel, mais qui ne serait pas engagée dans les mêmes combats que ce dernier sur le conflit israélo-palestinien ? Il y aurait eu une tempête médiatique dont Geisser ne se serait pas relevé et qui aurait eu des conséquences sur son statut au CNRS.
« Est-ce que le fait que Stéphane Hessel ait mis sa notoriété au service de la reconnaissance des droits des Palestiniens conduits à pouvoir le traîner dans la boue de façon aussi ignominieuse en toute impunité ? »
On pourrait se reposer utilement la question, en cette occasion de la véritable mort de Stéphane Hessel, annoncée il y a quelques mois déjà sur le blog du même Lucas Martin.
Je souhaite de ce fait suspendre mon abonnement à Mediapart pendant un mois, à partir du 5 mars 2013 (date de renouvellement automatique de mon abonnement), pour protester contre la présence du billet « Le serpent est mort » sur Mediapart, et la décision de la Rédaction de Mediapart de laisser ce billet-haine en ligne, en toute impunité, le jour de la mort de Stéphane Hessel et ces jours qui précedent ses obsèques : décision – si c’en est une – contre laquelle je m’indigne et je proteste. En laissant en ligne ce billet fait seulement de mépris et de haine, Mediapart participe-t-il ainsi au système « deux poids deux mesures » dénoncé par Pascal Boniface ?
Je ne souhaite pas que Mediapart soit une poubelle où on navigue au mieux ; ni un ilot d'hypocrisie, où seul l’antisémitisme est condamné avec force : j'aimerais qu'il soit un site ou un minimum de règles de tolérance et de respect mutuel, de vivre ensemble en somme, soient respectés. Et ceci même en ce qui concerne des attaques ignobles contre ceux qui, comme Stéphane Hessel, osent défendre les droits du peuple Palestinien.
Je ne crois pas que baisser ses exigences en termes de respect mutuel soit une manière d'avancer pour un site qui se veut un forum privilégié de dialogue. Proposer une formule « deux poids deux mesures » ne le serait pas non plus.
Cracher sur le mémoire de Stéphane Hessel, le jour même de sa disparition, en se réjouissant de sa mort et en l'assimilant à un « serpent », ne me semble pas porter ce souci de respect mutuel, et ne me semble partager ni les valeurs de Mediapart (que sa charte précise), ni les idéaux de son projet citoyen.
Bien cordialement
JD