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Billet de blog 2 octobre 2013

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Une soixantaine de réfugiés syriens bloquent une entrée de car-ferries à Calais: ils demandent l'asile à l'Angleterre

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dénonçant le traitement indigne qui leur est réservé malgré la situation dans leur pays (voir le post précédent de ce blog), une soixantaine de migrants syriens se sont rassemblés spontanément à l'entrée qui mène aux car-ferries pour l'Angleterre, ce mercredi 2 octobre 2013 depuis 14h, pour demander l'asile au Royaume-Uni. 40 d'entre eux se sont mis en grève de la faim. Des manifestations de soutien sont prévues devant les ambassades du Royaume-Uni à Paris et Bruxelles.

La police mène la vie dure aux réfugiés

Délogés des squats précaires qui les protégeaient tant bien que mal des intempéries, et harcelés par la police, seule une veillée à l'appel des associations qui leur viennent en aide leur avait offert de quoi changer leur quotidien, vendredi dernier. Certains s'étaient exprimés devant tout le monde, avaient rapportés brièvement l'itinéraire pénible qui les avait mené ici, à Calais. Puis un poste de musique avait rassemblé les différentes communautés autour des airs mondialement connus et plébiscités de Bob Marley. Tout un symbole ! Et une nuit de plus était passée, cette fois à l'abri d'être réveillé par la police, cette fois avec un peu de joie dans les yeux.

Quelques uns avaient tenté de mobiliser médiatiquement l'évènement à la hauteur de leurs moyens. Seules la télévision et la presse locales, ainsi que deux journalistes de l'AFP étaient présents. Rien dans les médias nationaux. À croire que l'arrivée de réfugiés sur un bateau surpeuplé sauvé par de braves touristes est plus vendeur, car plus spectaculaire. Toujours, sur eux, pèse le silence. Alors ils s'étaient mis en travers de la route, brandissant des pancartes, interpellant les passants, incrédules, sur leurs conditions de vie et le harcèlement policier dont ils sont quotidiennement victimes dans l'indifférence générale.

Très vite, une voiture de police s'était interposée. Très vite, il avait fallut expliquer qu'il était préférable de ne pas donner du grain à moudre aux réactions xénophobes en dépassant le cadre de l'autorisation à manifester, en « troublant l'ordre public ». Très vite, on était retournés à la fête pour profiter de tout cela, se resservir une soupe chaude et discuter autour des braseros. Tant pis, ce ne serait pas pour aujourd'hui qu'on entendrait parler de leur revendication à un simple traitement qui ne soit pas inhumain.

Ras-le-bol

Puis, aujourd'hui, à 14h, ils en ont eu ras-le bol. Ils se sont rassemblés, femmes, hommes, enfants, pour tenter l'impossible : être entendu. Marre de devoir faire confiance à des passeurs renforcés par la précarité de plus en plus grande dans laquelle on plonge les conditions de (sur)vie des réfugiés. Marre d'être traités comme des chiens par la police, qui ne fait que contrôler des papiers qu'on a pas, perdus sur un chemin chaotique loin d'ici. Marre des autorités françaises qui ne font qu'expulser des personnes qui ne cherchent qu'un abri à défaut de conditions décentes d'asile. Marre qu'on préfère ici assurer l'ordre plutôt que le respect de la dignité d'autrui.

Oui, ils veulent passer en Angleterre. Oui, ils portent encore l'espoir de pouvoir être traités là-bas en être humains. Oui, ils veulent survivre au massacre que leur peuple subit et pour lequel l'État français fait semblant de s'émouvoir tandis qu'il jette les réfugiés attéris sur son sol sans ménagement à la rue. Et oui, eux aussi ont « vocation à rentrer dans leur pays », si tant est qu'on leur accorde un accueil humanitaire jusque-là.

Ce sont les Syriens, aujourd'hui, qui ont décidé de s'interposer dans ces migrations faciles pour nous autres citoyens respectables, sur le chemin de cette traversée de la Manche, anodine pour nous autres citoyens européens, autant pleine d'espoir qu'impossible pour eux autres réfugiés. Notre Président rappelait encore ce matin « que la France avait des valeurs », à propos du traitement que l'on réserve aux étrangers sur le sol français, à propos de la stigmatisation des Roms en l'occurence. Il y aurait, à Calais (et ailleurs), bien de quoi passer de la parole aux actes. Alors qu'ils sont ressortissant d'un pays en guerre, comme chacun sait, les autorités de notre beau pays distribuent aux Syriens désormais, depuis septembre, des Obligations à Quitter le Territoire Français. Pour aller où ?

 Voici leurs revendications :

"We are Syrian people here in Calais. We have been here now between one and two months. The french government and police have been very bad to us and do not care about us. They have kicked us out of our house into the street. Any time we find a place to stay, the police come and arrest us, destroy our belonging and close the place. There is nowhere safe for us to shelter in Calais.

We are here just for one thing and that is to have asylum in England. Many of us have family and friends in England who we would like to see and be able to live with. There is also a strong syrian community there, more than in France.

We are now demonstrating in the port of Calais. We will not leave until they let us to go to England. We demand one person from the UK home office to come here to speak with us and to see our situation. We have the right to claim asylum in England, but how do we get there ? There is no legal way to cross. We are about 65 people from Syria at the port at the moment, with families, old women, mothers, sons, friends and children. The yougest is three years old and there is fifty policemen.

We have a right to live a peaceful life and we have unfortunately war in Syria. We need help quickly. We are looking for safety and shelter in Europe. But we have not found it yet, and we hope to find it in the UK."

Calais, 2 octobre 2013

Pour aller plus loin :

http://www.lavoixdunord.fr/region/une-cinquantaine-de-syriens-bloquent-l-acces-au-terminal-ia33b48581n1587999

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