Il faut le dire, les chiffres qui s’amoncèlent décrivent une situation économique nationale qui se rapproche d’un point de rupture, celui où elle deviendra hors de contrôle, comme le niveau d’endettement dont on ne voit pas comment on pourra le freiner ou le stabiliser, car sa croissance inéluctable est inscrite dans l’effondrement de l’activité de nos entreprises. La démission de Jérôme Cahuzac, réputé pour sa capacité à obtenir des économies sur les budgets de nos administrations publiques, n’aura en fait aucun impact sur le présent problème, car si l’on en croît la presse, il était, avant de quitter son poste de Ministre du Budget à la recherche de 5 milliards d’économies, pour permettre de respecter un déficit budgétaire de 3,7%, chiffre en recul par rapport à l’objectif initialement fixé par la présidence de la République à 3%. Qui peut raisonnablement penser que l’équilibre des comptes se joue à seulement 5 milliards près quand le déficit pour 2012 s’élève à 87 milliards d’euros soit un niveau de 4,8% contre 4,5% attendu ? Faut-il rappeler que fin décembre 2012 le gouvernement réaffirmait que le chiffre de 3% de déficit serait tenu, conformément à loi de finance pour 2013 qui prévoyait un déficit public de 62 milliards ? Or le 12 mars 2013, le président Hollande reconnaissait que le déficit public sera « sans doute » de 3,7% en 2013. Autrement dit les hypothèses économiques qui ont servie à établir la loi de finance votée le 20 décembre 2012 et publiée le 29 décembre, sont déjà obsolètes 2 mois et demi après ! Plus fort encore, le Ministre de l’Economie et des Finances vient d’annoncer que la prévision de croissance pour 2013, déjà très faible de 0,8%, ne sera tenue et qu’elle serait sans doute de 0,1 %, c'est-à-dire une division par huit, pour des chiffres, il est vrai, particulièrement minuscules, quand on sait que ce n’est qu’à partir d’un taux de croissance de 2% que l’économie française commence à créer des emplois. C’est dire si les prévisions gouvernementales demeurent fragiles, ce qui soit dit en passant laisse rêveur concernant la prévision de retournement de la courbe du chômage. Mais la séquence des évènements qui s’enclenche est en fait encore plus lourde de menaces qu’il n’y paraît car l’endettement est en passe de s’emballer. La raison en est que la seule façon de réduire l’endettement est d’avoir un excédent primaire, c'est-à-dire avant prise en compte des charges de la dette. Fin 1998, juste avant le passage à l’euro, la dette française s’élevait à 787 milliards d’euros et la charge des intérêts représentait 34 milliards. Fin 2011 la dette atteignait le montant de 1.717 milliards d’euros et les intérêts à 45 milliards. C'est-à-dire que pendant que la dette augmentait de 118%, les intérêts ne progressaient, eux, que de 32%. Ce petit miracle a été permis parce que la France a profité des taux bas attachés au deutsche mark qui se sont transmis à l’euro. Cette situation a en fait fragilisé notre pays, car, non seulement il nous rend dépendant de taux bas, qui peuvent remonter à tout moment, mais en sus il nous rend aussi dépendant des décisions allemandes. De plus, le besoin de couvrir les dépenses liées au vieillissement et au service des retraites, qui n’est pas provisionné pour ce qui concerne les agents de l’Etat dont les pensions sont payées par le budget de la nation, devrait faire exploser le déficit français et la dette, certains organismes de prévision n’hésitant pas à prédire que la dette française pourrait représenter entre 200 et 300% du PIB dans quelques années. Hausse probable des taux d’intérêts, compte tenu de l’approfondissement de la crise de l’euro et de la dégradation des comptes publics français, déficit des retraites et moindres rentrées fiscales liées au recul de l’activité, impossibilité de maîtrise réelle des dépenses de la fonction publique, tout se cumule pour entrainer la France sur une pente descendante dont la caractéristique est que plus on s’y avance plus la vitesse de la chute s’accélère. La France a-t-elle perdue la maîtrise de son destin ? Engluée dans les remous de l’affaire Cahuzac, il n’est pas certain que le gouvernement soit en état de répondre sereinement aux défis économiques qui se profilent.
Billet de blog 9 avril 2013
France : la grande dégringolade se rapproche à grands pas
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