Englué dans la crise économique et financière et affrontant chaque jour un destin de plus en plus difficile, la France se demande où elle va ? Et cette légitime question se révèle de plus en plus angoissante : « qu’elle est la stratégie de la France ? ».
En effet, aucune ligne politique claire ne permet à l’heure actuelle de comprendre comment la France pourrait se dégager de la crise qui la mine et qui se caractérise par un choix fondamental que nous devrons tous faire rapidement : faut-il donner à la France un avenir européen, lui permettant d’atteindre ses buts de concert avec les autres pays partenaires, ou au contraire, faut-il que la France retrouve sa liberté de manœuvre en sortant de l’Euro pour assumer seule son destin national ?
Quel homme politique aura le courage de trancher ce nœud gordien ?
Car il faut bien le comprendre, la situation de statu quo actuelle ne peut que nous mener au désastre économique, à l’effondrement social et au naufrage politique.
Fondamentalement l’équation est simple.
D’un côté si nous voulons continuer à profiter de l’Euro, qui est une monnaie forte, parce qu’elle est peu ou prou conduite sur le modèle du Deutschemark (même si les décisions récentes de Mario Draghi semblent l’éloigner de la stricte orthodoxie monétaire allemande), nous devons adopter ce qu’il est convenu d’appeler le « modèle de l’offre » et qui peut se résumer de la façon suivante : les citoyens paient pour que leurs entreprises soient florissantes et compétitives afin de s’assurer demain un emploi. Comme le résumait Helmut Schmidt : « Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain ».
Cette stratégie consiste à favoriser les richesses produites par l’économie libre, les capitalistes et les riches qui vont avec, afin d’obtenir un taux de croissance économique assurant un niveau d’emploi satisfaisant, gage de la paix sociale.
Dans un tel contexte, le gouvernement n’est plus en mesure de garantir des largesses au peuple. Ainsi, selon Eurostat, depuis l’an 2000, année d’introduction de l’Euro, le coût salarial unitaire, calculé à partir d’une base 100 en 2005, est-il passé pour la France de 90,3 à 116,9 en 2013, quand il passait en Allemagne sur la même période, de 99,4 à 110,3, soit une croissance du coût salarial de 30% pour la France, contre 11% pour l’Allemagne. Une telle dérive est évidemment suicidaire, puisqu’elle se situe à l’exact opposé d’une stratégie favorable à la compétitivité des entreprises. Dans le même registre, toute augmentation d’impôt doit reposer essentiellement sur l’alourdissement de la fiscalité des personnes physiques et épargner les sociétés, afin de ne pas dégrader leur rentabilité. C’est aussi la raison pour laquelle l’Etat doit veiller à maîtriser ses déficits, dont le financement pèse, à travers le niveau des prélèvements, sur l’économie et sape les marges des entreprises.
A l’inverse, si le constat prévaut qu’une telle potion est une potion trop amère à administrer au peuple français, il faut en tirer les conséquences et quitter l’Euro pour retrouver nos marges de manœuvres. Après tout, nous avons vécu les 30 premières années d’après-guerre avec une monnaie faible et cela nous a bien réussi.
Dans tous les cas il faut prendre conscience que la situation actuelle a pour résultat l’appauvrissement général et le délitement social. Si les politiques qui nous gouvernent ne trouvent pas le courage de dire la vérité au peuple et de le conduire sur la voie du renouveau, il ne restera à ce dernier, comme ultime recours, que de reprendre lui-même son destin en main. Faut-il voir dans les évènements qui se déroulent en Bretagne les prémisses d’un tel renouveau ?