La question se pose devant les mesures imposées pour régler la crise que vient de connaître un petit pays, Chypre, membre de l’Union européenne et de l’Euro, ne représentant que 0,2% du PIB européen. Faut-il le redire, la monnaie c’est la confiance ? Sans confiance il n’y a pas de monnaie. Lorsqu’un déposant dépose 100 euros il s’attend à en récupérer au moins 100 euros, moins éventuellement les frais de transaction de sa banque. A partir du moment où le déposant n’a plus la certitude qu’il puisse récupérer les fonds qu’il a déposé pourquoi irait-il les mettre dans une banque européenne ? Et à tout le moins va-t-il désormais chercher à sélectionner celles qui apparaissent les plus solides. Rompre cette confiance, c’est casser celle qu’on met dans la monnaie et son nominalisme, car la monnaie scripturale ne peut exister si je ne peux plus croire sur ce qu’il y a d’écrit. Qu’il s’agisse d’un billet de banque ou de mon relevé de compte bancaire, s’il y a écrit 100 euros, c’est que cela vaut cent euros. Les mécanismes de sauvetage des banques mis en place par l’Europe, ainsi que le projet d’Union bancaire avait fait penser que les pays de la zone Euro avaient véritablement pour objectif de sauver leurs banques. Or dans le cas chypriote, ce qui pose un problème, est que les déposants de bonne foi ne sont en rien responsables de la situation. En quoi le fait de faire un dépôt dans une banque, fut-il supérieur à 100.000 euros vous rend-il responsable de la façon dont la banque va utiliser votre argent pour accorder des prêts ? Car les pertes encourues par les banques ne viennent pas du passif, de la banque, composé en partie des fonds du public, mais des pertes encourues sur l’actif, pertes notamment dues au défaut grec, puisque la fameuse troïka, emmenée par l’Allemagne, avait imposée un abandon de créances par le secteur privé de l’ordre de 100 milliards sur la dette grecque, or les banques chypriotes en détenait pour 5 milliards. De surcroît qu’est ce qui permet de jeter l’opprobre sur les fonds d’origine russe ? Sommes-nous certains que tous les dépôts russes supérieurs à 100.000 euros sont douteux, et est-ce à nous d’en juger ou aux autorités russes, et sommes-nous certains que tous les dépôts supérieurs à 100.000 euros sont d’origine russes ? Car à partir du moment où l’on évoque une participation de ces comptes à hauteur de 50 ou 30 pourcents de leur montant, et même 100% pour la banque Laïki, il s’agit ni plus ni moins que d’une spoliation d’un patrimoine privé. La vérité que ces mesures révèlent, est que la situation des banques, suite à la crise financière de 2008, est tellement mauvaise que les états européens n’ont plus, ni la volonté, ni les moyens de les sauver. De surcroît elle montre que la solidarité au sein de l’euro est une illusion. Pour 7 milliards qui manquaient dans le bouclage des fonds de sauvetage, l’euro-groupe jette le doute sur l’ensemble des dépôts bancaires de la zone euro et donc sur l’Euro, et, de surcroît, on détruit une économie de services de tout un peuple, le peuple chypriote, dont on se demande de quoi il va vivre demain. Parce qu’il ne faut pas s’y tromper. Les citoyens n’avaient pas attendus les propos du président des ministres des finances de la zone euro, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, pour comprendre que la solution chypriote pourrait s’appliquer ailleurs. Le traitement du cas grec avait déjà écorné la confiance que le public pouvait mettre dans les dettes étatiques, mais comme les sacrifices avaient été demandés au secteur bancaire et non au public, il avait été compris qu’en contrepartie les états aideraient lesdites banques. Le cas chypriote démontre qu’il n’en est rien, sapant ainsi la nécessaire confiance que le public doit avoir dans la monnaie. Aussi faut-il se poser la question : l'Euro vient-il de mourir à Chypre ?
Billet de blog 26 mars 2013
L'Euro vient-il de mourir à Chypre?
La question se pose devant les mesures imposées pour régler la crise que vient de connaître un petit pays, Chypre, membre de l’Union européenne et de l’Euro, ne représentant que 0,2% du PIB européen. Faut-il le redire, la monnaie c’est la confiance ? Sans confiance il n’y a pas de monnaie. Lorsqu’un déposant dépose 100 euros il s’attend à en récupérer au moins 100 euros, moins éventuellement les frais de transaction de sa banque. A partir du moment où le déposant n’a plus la certitude qu’il puisse récupérer les fonds qu’il a déposé pourquoi irait-il les mettre dans une banque européenne ?
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