Ce dimanche 6 avril, à l'usine de la Redonne à Flayosc (83), a eu lieu une journée de sensibilisation à la vie quotidienne des Palestiniens, initiative locale organisée par ATTAC, avec MSF, la LDH et plusieurs autres organisations humanitaires et syndicales.
Parmi les temps forts de l'après-midi, le récit de 9 paysannes parties 10 jours en Palestine et Cisjordanie, le témoignage d'une infirmière de MSF, et de la LDH.
Puis l'émotion a envahi les participants quand ont été présentées des vidéos tournées par des journalistes Palestiniens, très difficiles à regarder (il n'y a pas de sang, mais...), tant le quotidien des Gazaouis nécessite d'efforts d'imagination dans le but de conserver un minimum de dignité.
Ont eu lieu également des échanges en ligne, en direct de Gaza, avec des étudiants et enseignants, des infirmiers, kinés et dentistes, des journalistes, chacun soulignant l'importance de trouver des mots d'espoir pour aider, un à un, les blessés meurtris dans leur chair ou traumatisés mentalement.
Une petite fille de 7 ans qui a perdu la totalité de sa famille dans un bombardement, soit 26 personnes, souffrait de maux dentaires terribles : le dentiste qui devait lui prodiguer des soins, ne pouvait pas s'approcher d'elle tant elle était terrorisée, et il a dû la consoler, la masser, lui témoigner beaucoup d'amour pendant près d'une heure avant de réussir à la faire asseoir sur le fauteuil de soins (en fait, un siège d'automobile provenant d'une voiture inutilisable après un bombardement).
Des récits tout aussi éprouvants ont été donnés par des journalistes, mère ou père de famille, conscients que chaque matin, lorsqu'ils quittent leur "foyer", (leur tente) pour aller faire leur travail indispensable de témoin, ils risquent de ne pas retrouver leurs enfants car, avec leur gilet de presse, ils se savent particulièrement visés par les drônes. Ils expliquent que, dans les rues, les gens s'écartent d'eux pour ne pas mourir, visés par les mêmes tirs de drônes.
Ces journalistes essaient de visibiliser la vie quotidienne de ces "animaux humains", comme ils sont nommés par les Israéliens.
Ils montrent l'ingéniosité permanente des Gazaouis à tenter de subvenir à leurs besoins vitaux, à continuer de chanter, rire, danser comme avant, pour la survie psychique des enfants, malgré le manque d'eau et de nourriture, malgré le déplacement forcé, la perte de nombreux voisins ou membres de leurs familles, malgré l'impossibilité de se projeter à plus d'une journée : ils savent que la vie ou la mort n'est devenue qu'une loterie quotidienne.
Voici, en complément, ce qu'écrit une Varoise venue assister à cette journée de sensibilisation, une parmi plus de 200 personnes, éprouvées physiquement et émotionnellement par tout ce qu'elles ont vu et entendu ce dimanche 6 avril 2025...
Récit:
"Magnifique journée consacrée à Gaza à l'usine de la Redonne a Flayosc.
De nombreux témoignages touchants en video de médecins, journalistes, dentistes, simples citoyens vivant l'enfer qu'ils décrivent avec des mots simples et directs, sans fioritures.
Un jeune homme a dit : "ma vie n'a plus de sens". Il a perdu une partie de sa famille et sa maison sous les bombes.
Témoignage aussi d'une responsable de médecins du monde: "mais comment le monde peut rester insensible devant ce génocide, devant tant de douleurs" ?
Une habitante, à qui on demandait : "comment peut-on vous aider ?", a répondu : "en ne nous oubliant jamais". Tout le monde avait les larmes aux yeux. Et elle, un beau sourire très doux.
Un immense merci aux organisateurs de cette journée si émouvante, mais où l'espoir demeure.
Quand même".
La journée s'est finie avec un moment de détente : le partage d'une bonne soupe cuisinée sur place, et le défoulement sur des danses rythmées, jouées par un orchestre local : de très bons musiciens !