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Billet de blog 16 avril 2020

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REJET DU DECONFINEMENT PAR DES ELUS EN GUADELOUPE

Suite à l’intervention télévisée du 13 avril du Président de la République, des élus de la Guadeloupe sont montés aux créneaux pour faire part de leur opposition ferme à tout déconfinement et à l'ouverture des écoles à partir du 11 mai sans moyens conséquents garantissant la sécurité de leurs administrés.

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La situation de l’épidémie en Guadeloupe est stable depuis quatre jours consécutifs. On décompte 147 infectés, 22 patients en réanimation (pour une capacité limitée à 50) et 67 personnes guéries.


Malgré une situation apparemment maîtrisée, des élus ne comptent pas se laisser imposer un déconfinement sans réserves. C’est l’édile de Sainte-Rose (Claudine BAJAZET) qui a ouvert le bal par un message le 14 avril à la population. Parmi les passages les plus marquants il y a le constat que «Les premières commandes de masques et de gants arrivent la semaine prochaine, 15 respirateurs ont été livrés la semaine dernière, aussi fonctionnel soient-ils, la capacité de réponse médicale est bien loin des ratios nationaux». Elle craint que le déconfinement prévu le 11 mai ne fassent des enfants «les tirailleurs» à qui on demande « d’être les premiers sur le front après un confinement qui a bien duré, est justifié, rationnel et inévitable et doit se poursuivre dans l’intérêt du plus grand » car les enfants « ne sont pas de la chair à canon et encore moins des soldats de guerre ». Sur la responsabilité du maire, elle affirme « on dépose sur les petites épaules d’un MAIRE, la responsabilité d’une rentrée scolaire dans une «guerre sanitaire» telle que celle du coronavirus ».
Elle espère le 11 mai que « le gouvernement annoncera raisonnablement une rentrée en septembre car la population n’est pas rassurée sur la date de l’armistice du COVID19 car pour l’instant, aucun drapeau blanc ne pend à l’horizon » et recommande entre autres la poursuite des gestes barrières, la distanciation sociale et le confinement en l’absence de situations médicales favorables.


A son tour, Eric JALTON maire des Abymes (plus grande commune de l’île avec 62 000 habitants) a enfoncé le clou ce jour dans une interview en refusant non seulement une ouverture des écoles le 11 mai, mais entend prendre un arrêté généralisant le port obligatoire du masque sur la commune le 3 mai conformément aux recommandations de l’OMS et de nombreux scientifiques. Il se dit prêt à en découdre avec le Préfet si ce dernier fera un recours en annulation de son arrêté devant le tribunal administratif. 


La position de ces deux politiques est partagée par de nombreux guadeloupéens. Elle traduit une insatisfaction face aux réponses apportées par le Président de la République et les autorités publiques à la conjonction des deux crises sanitaires qui touchent aujourd’hui la Guadeloupe. Ainsi, à la crise hospitalière marquée par l’incendie du CHU Pointe-à-Pitre/Abymes (28 novembre 2017) qui se caractérise par un manque de matériels et de moyens médicaux, s’est rajoutée la crise du COVID-19 dont la gestion à ses débuts a été poussive (poursuite des croisières avec des avions en provenance de l’Italie épicentre de l’épidémie, absences de consignes claires face aux alertes répétées d'associations et de citoyens).


Il y a fort à parier dans les prochains jours que de nombreuses réactions viendront alimenter ces prises de position qui tranchent avec le silence des hauts responsables politiques (Région, Département et parlementaires) tant l’enjeu est fort pour les guadeloupéens en terme de santé.

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