Idéologie ou pragmatisme ?
La guerre en Ukraine doit faire prendre conscience aux entreprises qu’elles vont devoir intégrer la géopolitique dans leur logiciel d'investissements. Jusqu'alors, elles investissaient dans des pays à stabilité politique, quitte à favoriser les gouvernements en place. Maintenant, il va falloir prendre en compte la nature des régimes politiques.
Nous constatons les réticences des entreprises à s’associer aux sanctions prises contre la Russie, parce que les investissements dans des « pays totalitaires » ne peuvent du jour au lendemain être passés par pertes et profits, comme nous l'avons par ailleurs constaté en Syrie avec l'entreprise cimentière.
Des soucis en perspective. Faut il investir dans des pays à régime non démocratique ?
Que se passerait-il si demain un conflit éclatait entre les pays à régime dictatorial ou autoritaire et les pays à régime démocratique comme le nôtre ?
Que se passerait-il si demain nous entrions en conflit avec la Chine à cause de Taïwan ?Les avoirs français investis en Chine seraient-ils gelés ? Que deviendrait notre économie, privée de fournitures de toutes sortes ? Et pourtant suivant la règle, même cause, mêmes effets…
Nous voyons bien, en filigrane, poindre la volonté des démocraties occidentales de voir destituer Poutine. Qu’en serait-il si cette même volonté visait le régime de Pékin ? Surtout avec des dirigeants tels que Macron, Joe Biden, Olaf Sholz ?
Ce moment d'histoire tend à démontrer qu'il est grand temps de reprendre démocratiquement la main sur nos affaires, assurer notre pleine souveraineté sur notre économie, et briser l'argumentation de ceux pour qui l'économie (ultralibérale, c-a-d capitaliste, s’entend !) doit prendre le pas sur la politique ; ce qui s’appelle « la gouvernance » : gérer l’entreprise dans l’intérêt des actionnaires, et non selon les besoins de la nation . En d'autres termes , la puissance publique doit définir ce qu'est l'intérêt général et obliger les entreprises à s'y ranger .
La prochaine échéance électorale doit immanquablement prendre en compte cette dimension de l'analyse géopolitique. Et l’intérêt bien compris de notre pays c’est le non-alignement, c’est-à-dire faculté de parler librement et fermement aux différents camps, le contraire de la « neutralité » -, et de conserver notre liberté d’agir pour défendre nos intérêts vitaux et la paix, au sein des organismes internationaux (ONU...) et des non-alignés (pays africains, sud-américains, etc…).