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Billet de blog 28 septembre 2011

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Que veut dire cette crise qui atteint le monde depuis le milieu de l'année 2007 ?

Sans arrêt , sur la télé, dans la bouche de nos hommes et femmes politiques, sur les radios , on entend parler de la « crise » qui est en train de se développer et qui après avoir touché l'Islande ( dont on ne parle plus.. ;) , l'Irlande, touche de plein pied la Grèce, mais aussi le Portugal , l'Espagne et l'Italie...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sans arrêt , sur la télé, dans la bouche de nos hommes et femmes politiques, sur les radios , on entend parler de la « crise » qui est en train de se développer et qui après avoir touché l'Islande ( dont on ne parle plus.. ;) , l'Irlande, touche de plein pied la Grèce, mais aussi le Portugal , l'Espagne et l'Italie...

Les discussions entre « économistes » vont bon train : faut il laisser la Grèce « tomber en faillite » ou non, faut il émettre des obligations d'Etat , etc. etc.

Mais il y a une seule question qu'aucun économiste « de renom » ne se pose :

D'où vient cette crise ? Comment se fait-il que dans le meilleur des mondes, celui où règne la loi du marché, puisse se produire une telle crise ?

Je vais essayer de vous donner la solution ...

  1. La crise est « financière » et due aux spéculateurs qui misent sur leurs opérations...

Il y a plus de deux siècles qu'existent les crises : elles commencent par être financières et finissent par être des crises profondes du système capitaliste, ce sont alors des crises industrielles, commerciales et bancaires.

  1. La crise actuelle est une crise des Etats , une crise due à la dette des Etats.

Pourquoi les Etats ( à commencer par le plus gros, l' Etat américain) sont-ils en dette ?

Parce qu'ils ne se sont pas préoccupés de l'état de leurs finances et qu'ils ont laissé « le marché » résoudre les problèmes qu'ils ne comprenaient pas où ne savaient pas résoudre. Mais il faut ici signaler que la crise de la dette a démarré au milieu de l'année 2007 par la crise des « subprimes » aux Etats-Unis qui a essaimé sur toute la terre grâce aux banques aux assurances et aux divers groupes financiers de « spéculateurs ».

Quelle est l'ampleur de la crise ?

Elle représente en tout entre 25.000 milliards et quarante mille milliards d'euros ....

Dans le livre que je viens de faire paraître aux éditions l'Harmattan « L'économie mondiale à bout de souffle - l'ultime crise du capitalisme ? » j'essaye de donner les explications les plus complètes sur cette crise devant laquelle les populations sont en désarroi total et dont certaines sont à même de voter pour les partis d'extrême droite....

Que font les partis socialistes dans toute l'Europe ? ils donnent tous dans le « néo-libéralisme », ils sont pour l'Europe libérale, et ils n'arrivent évidemment pas à se différencier de la droite qui elle, un peu plus cynique, se prononce toujours pour le marché et « ses lois », est prête à nationaliser quelques banques pour les privatiser à nouveau dès qu'elles iront mieux, et en attendant font peser des mesures iniques sur les populations pauvres et les couches moyennes , comme cela se passe déjà en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal et demain ( c'est une question de mois ) en Italie, en France , en Belgique, et au Royaume Uni.....

Le CAC 40 a atteint son plus bas niveau depuis la semaine du 19 septembre : l'or et les matières premières de base suivront. Les grands capitalistes ont échappé pour le moment à la baisse du taux de profit en spéculant à tout va ( hedge funds , bourse des matières premières de Chicago, jeux des traders etc. etc. ) : Ils e pourrait bien que tout cela finisse assez mal , non seulmement pour les pauvres mais également pour les riches ...

Sans mon livre !

  • 1) Je démontre que cette crise est beaucoup plus grave que celle de 1929.
  • 2)J'analyse la nouvelle étape de la crise : l'endettement des Etats.
  • 3) Je donne quelques indications sur la grande crise de 1929
  • 4)Je retourne vers Marx et je fournis les indications sur les mécanismes profonds qui déclenchent une crise ; j'analyse en outre ce qui déclenche aujourd'hui la crise dans les Etats « avancés » ...
  • 5/ Dans le dernier chapitre je donne les solutions , notamment en France, pour lutter contre la crise .

Introduction





Les lecteurs de ce petit livre doivent comprendre ce que signifie son titre : s'il s'agit vraiment de la crise la plus grave que le système capitaliste ait jamais connue, cela veut dire qu'il faudra peut-être attendre son écroulement au profit soit de régimes totalitaires où l'homme ne comptera plus et sera rabaissé au rang de bête sauvage, soit de régimes vraiment à gauche ! Voilà pourquoi la sentence que l'on entend aujourd'hui et depuis quelques années demandant ( au ciel ?) de nous renvoyer vers un « capitalisme normal » est à la fois absurde, infantile ... et dérisoire. On se rend compte ici de l'impasse dans laquelle est tombée l'humanité : et quand on entend parler les hommes qui nous gouvernent qui demandent de « moraliser le capitalisme » les bras nous tombent , nous sommes éberlués !

Moraliser le capitalisme ... Mais avez vous déjà entendu parler d'un capitalisme « moral » ? Pensez-vous que la morale ait quelque chose à voir avec le capitalisme, système organisé et conçu pour la recherche du profit maximum, pour laminer le prolétariat, lui extorquer la plus-value maximum et traiter l'être humain comme une marchandise :!

Lorsque le capitalisme s'est constitué à la fin du XVème on peut dire qu'il n'avait absolument rien de « moral » ... Pensons à ce que fut l'Europe de 1510, à la guerre de trente ans un siècle plus tard,, aux tortures terribles pratiquées par la coalition bourgeoise - féodale contre les ancêtres du prolétariat, et au déclin de la population que cela entraîna.(1) Pensons aux Vénitiens qui à l'aide de leur flotte parcouraient le monde et soudoyaient beaucoup de peuples pour leur extorquer les biens qui les intéressaient . Pensons aux espagnols de Charles Quint qui en Amérique pratiquaient un esclavage abominable, enrichissaient ainsi leur terre ancestrale, et s'enrichissaient eux-mêmes.(2) Pensons aussi à l'ignominie des pirates, des corsaires au XVIIème et XVIIIème ... Pensons à la technique adoptée par Law pour extorquer l'argent des petits bourgeois et nobles londoniens et français, aux guerres de rapine des XVIIIème et XIXème. On pourrait aussi tout simplement penser au rôle des banquiers de l'Europe du Nord et de Venise au XVème et XVIème. (et, pourquoi pas, on pourrait songer à cette pièce extraordinaire de Shakespeare « le marchand de Venise » .)(3)

Plus près de nous, notons le rôle que représentèrent les guerres du XXème, en commençant par la guerre de 1914 qui survint juste après le déclenchement de la crise de 1913 et qui fit 10000000 de morts et 60000000 de blessés. La deuxième guerre mondiale fut encore plus prédatrice : le bilan global fait état de plus de soixante millions de morts et de dizaines de millions de victimes civiles. (4) « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » avait écrit Jaurès. Cette phrase fondamentale, toujours valable aujourd'hui avec les guerres menées par les Etats-Unis en Irak, en Afghanistan avec l'aide et le soutien des impérialismes encore dominants, les menaces de guerre contre l'Iran, montrent à quel point l'entrelacement entre le capitalisme et la guerre est viscéral. Sans oublier le partage du monde entre colonialistes prédateurs au XIXème et XXème . Vous voulez encore des faits plus précis ?

Nous pourrions alors parler des méfaits du colonialisme qui dura pendant des centaines d'années, et de son grand intérêt pour le capitalisme, entre le début du XVIème et la deuxième moitié des années cinquante !(5) Poursuivons encore plus près de nous : comment s'est effectuée la conversion du régime bureaucratique impérialiste de l' Etat russe de 1990, en régime capitaliste? Les 250000 entreprises publiques d'Union Soviétique ont été rachetées pour des bouchées de pain à la population famélique russe par les « nomenclaturistes » ( c'est-à-dire par les 1% ou 0,1 % de dirigeants des entreprises qui touchaient des salaires et des biens matériels 100 fois plus élevés que le commun des mortels, et qui ainsi sont devenus du jour au lendemain les capitalistes rapaces que l'on sait) . Pour appréhender ce néo-capitalisme il suffit de se reporter à un article du Monde de l'époque (1990) d'un inconnu « professeur en économie politique » qui affirmait qu'il ne pouvait pas y avoir de capitalisme en Russie... Parce que les capitalistes n'y existaient pas !

Combien ont coûté toutes les guerres entreprises depuis 5 siècles pour coloniser et conquérir le monde, et mettre sous tutelle les populations des « pays sous développés » ? Quel historien ou économiste sérieux pourra nous donner des chiffres (même approximatifs)?

Évidemment à côté de ces faits, les petits scandales du capitalisme ( l'affaire Law au 18ème , l'affaire du canal de Panama et du canal de Suez à la fin du 19ème, l'affaire Stavisky dans les années trente, ou bien encore l'affaire des frégates de Taïwan qui survint à la fin du 20ème ) ne sont que de tout petits épiphénomènes . On pourrait y rajouter l'affaire Madoff aujourd'hui, qui, tout compte fait, ne porte que ( !) sur 50 ou 65 milliards de dollars, c'est à dire le produit national de Madagascar multiplié par 12. (6)

Je vais dans les pages qui suivent essayer de démontrer avec les chiffres dont on dispose, comment la crise est survenue et comment elle a été vécue et racontée aux enfants que nous sommes par les « grands » experts économiques qui, à côté des gouvernants, sont censés nous apporter la bonne parole. J'essaierai de montrer ce que cette crise a de commun avec celle de 1929 et en quoi elle est beaucoup plus importante, plus massive, plus grave .( Nous verrons notamment à quel point la « globalisation » ou la « mondialisation » ont fait de tous les pays du monde des sources de profit - prédateur, y compris des pays lointains , pour nous mêmes occidentaux !)

Pour analyser sérieusement la et les crises du capitalisme, nous reviendrons à Marx et à des économistes marxistes ou proches d'aujourd'hui : nous verrons à cette occasion que cette crise est exactement du même type que toutes les grandes crises qui ont traversé le capitalisme et que n'ayant de singulier que son ampleur, la démarche des gouvernements du G20 (qui se réunissent tous les six mois ) (7) visant à « réguler » ce capitalisme est vouée à l'échec, mais qu'elle pèsera d'un poids considérable sur les petites gens et le peuple de tous les pays : sauf si, en raison de son importance, on apercevait en France, en Europe, en Amérique latine et pourquoi pas ailleurs (8) des gouvernements nouvellement élus qui auraient une contre-politique économique active et s'attaqueraient véritablement à la crise, au régime capitaliste qui l'a engendrée, et à l'inégalité sociale qui l'accompagne. Ce sera donc le sens de mon dernier chapitre : quelles réponses faut-il apporter à la lutte contre cette crise en France? ( Il est évident qu'un seul pays même de la taille de la France ne pourra à lui seul trouver toutes les solutions répondant à une telle crise systémique, mais cela peut servir d'exemple aux autres pays et apporter les réponses en termes de justice, d'égalité et de fraternité !) J'envisagerai le cas spécifique de la France et je montrerai que si on ne possède pas les réponses politiques d'abord, il sera impossible de répondre à cette crise.

Un dernier mot pour conclure cette introduction :

Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie a écrit un livre publié en français en janvier 2010 : « Le triomphe de la cupidité » qui dénonce avec un certain brio le délabrement occidental qui a conduit le capitalisme . Mais sa dénonciation est d'inspiration keynésienne, et, même si elle est fondée, elle manque de points concrets pour asseoir une autre politique qui soit efficace dans le temps et qui soit aussi porteuse de tout ce qui, à travers la critique écologique d'aujourd'hui nous conduit vers l'abîme. Le livre publié par Edgar Morin fin 2010 « La voie » (9) est lui beaucoup plus enrichissant même si, l'ampleur des problèmes à régler sur les plans économique, social et environnemental ... Nous laisse sans voix (voie !) ....

Notes, introduction :





  1. Dans le livre que j'ai écrit et publié à la fin de l'année 2008 : ( « La servitude volontaire hier et aujourd'hui » - Librairie Résistances » 4 villa compoint Paris 17 ème. Tel : 01 42 28 89 52) je commence par analyser à l'aide du livre de Frédéric Engels « La guerre des paysans » qui se déroula entre 1523 à 1525 et qui vit survenir en Europe continentale la 1ère tentative révolutionnaire menée par les ancêtres du prolétariat, les paysans pauvres d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse occidentale d'Alsace, de Lorraine et de Moselle : ce fut la 1ère manifestation d'ampleur qui prépara en réalité la révolution française de 1789 - 1793 ! On pourrait aussi lire le livre de Gautier Heumann sur la guerre des paysans ( éditions Sociales 1976 ) qui montre comment cette guerre eût des prolongements durant tout le XVIIème en Allemagne ( notamment la guerre de trente ans) et se traduisit par une baisse importante de la population.( Un tiers en moins.)

Au cours de cette guerre qui mobilisa plus de 100.000 paysans armés, dirigés par des petits - bourgeois révoltes , fut chantée la première chanson révolutionnaire : « Spiess voran drauf und dran, hängt aufs kloster dach den roten hahn... » ( La pique en avant, la pique de côté, mettez sur le toit des églises le coq rouge ...( incendiez les églises.) » Cette chanson célèbre en Allemagne a été reprise dans les années 20 par le mouvement révolutionnaire et a donné en Français « Prolétaires luttons tous, chacun à son poste au combat, la victoire est à nous si nous unissons nos bras ... »

(2) Pour avoir une idée sur cette période de fondation de l'ordre capitaliste mondial on lira :

« Immanuel Wallerstein : capitalisme et économie-monde 1450-1640 . » Flammarion. 1er tome. 1980.

(3) Avec « Volpone » de Ben Johnson et « le juif de Malte » de Marlowe, c'est une pièce qui traite notamment de « l'échange », du « goût immodéré pour l'argent » ( caractéristiques du capitalisme) , et qui surtout met en scène la « marchandisation » de la chair humaine ! On regrettera que cet aspect du « Marchand de Venise » ait été oublié lors de l'émission qui se déroule tous les matins sous la direction de Raphael Enthoven sur France culture.

(4) Sur les suites de la crise de 1929 : signalons que le parti nazi aux élections du printemps 1929 en Allemagne ne fit que 2,5 % des voix et que quatre ans plus tard, en pleine crise économique, il fit 35 % des voix, devint le premier parti , et vit Hitler appelé au pouvoir par le Président Hindenburg ...

(5) Le colonialisme occidental, sous d'autres formes se poursuit toujours : si on prend l'Afrique c'est d'une part la politique des différents gouvernements français qui se traduit par le soutien à des gouvernements sans aucune démocratie ( avec notamment en France les régimes guinéens, congolais, tchadien, gabonais etc.) qui voient leurs comptes gonfler d'années en années : tout cela en réalité pour l'exploitation du minerais dont est riche l'Afrique : mais gare : la Chine n'est pas loin ... On pourrait dire la même chose des comptes du gouvernement américain en Colombie et du gouvernement britannique au Nigéria.

(6) Dernière victime de Madoff : l'un de ses fils qui s'est suicidé en décembre 2010 ... Parce qu'il s'appelait Madoff et ne trouvait pas de travail.

(7)La réunion du G20 fin juin 2010 a montré à tous son inefficacité fondamentale, idem pour celle de février 2011 : il a fait la part belle à Dominique Srauss-Kahn encore patron du FMI . Les G20 se succèdent ainsi tous les 6 mois avec jets sets, grands hôtels et voyages en avions privés : quel bonheur ... Pour les grands de ce monde !

(8) Ainsi les évènements qui touchent la Tunisie, l'Egypte, l'Algérie , le Maroc, la Jordanie, le Yemen, Bahrein et la Lybie fin 2010 début 2011 pourront-ils annoncer de nouveaux développements dans la lutte contre le capitalisme et ses Etats - voyous.

(9) Edgar Morin : « La voie » - Fayard - janvier 2011.

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