Tout le monde n’a pas la chance d’être beau, (très) intelligent, en pleine forme physique et mentale et d’avoir, en plus, une villa familiale au Cap Nègre.Il y a malheureusement des personnes qui ont tiré le mauvais ticket et sont handicapés physiques ou mentaux et n’ont même pas une top modèle folle de son corps, et une Rolex, comme notre « Ô combien vénéré président [1] », pour s’assurer qu’ils ont réussi dans la vie.Mais c’est à ceux qui vont bien d’essayer d’apporter une aide, aussi minime soit-elle, afin de corriger les injustices dues au hasard, au « pas de chance » ; c’est le rôle des impôts, pour la redistribution des richesses, mais aussi de tous ceux qui s’investissent dans des associations, des fondations, ou encore des ONG.Nos amis Britanniques et Américains ont traditionnellement une action sociale plus fondée sur l’initiative personnelle que sur l’aide de l’état. Cela se manifeste par un nombre incroyable de fondations et parmi celles-ci je vous présente le Jubillee Sailing Trust qui exploite le Lord Nelson et le Tenacious, deux superbes voiliers destinés aux handicapés.Le « Lord Nelson » est un trois-mâts carré en acier de 386 tonnes, avec un pont de 43 mètres et une voilure de 1000 m2 :http://www.jst.org.uk/lord-nelson.aspxSon designer est l’architecte naval écossais Colin Mudie et il est armé par le JST.Lancé en 1985, il a été le premier voilier-école qui a permis à des handicapés physiques de participer en tant que membres d’équipage aux manœuvres d'un grand voilier à gréement carré.Bien qu'il soit pourvu de tous les équipements adaptés à un équipage aux capacités inégales, de l'aveugle au paralysé, rien dans sa conception ne permet de le distinguer d'un autre voilier. Il peut embarquer dix membres d'équipage permanent et quarante stagiaires, dont vingt handicapés physiques. L'âge des stagiaires varie de 16 ans à 70 ans et plus.Sa taille lui permet de faire escale dans la majorité des ports de la planète tout en gardant un confort très correct.Une barre hydraulique et des enrouleurs sur les voiles carrées permettent aux stagiaires de s'initier à la navigation en haute mer tout en restant sur le pont.Le « Lord Nelson » offre une stabilité spécialement calculée pour éviter une forte gîte et des mouvements soudains afin de faciliter les manœuvres de l'équipage. Les efforts sur les cordages sont calculés en fonction des capacités de chacun. Le beaupré est agencé pour que les utilisateurs en chaise roulante puissent manœuvrer les focs avec aisance. Les ponts sont larges et plats, et reliés entre eux par des ascenseurs. Le navire possède un système d'embarquement permettant l'accès aux chaises roulantes. Enfin, il est pourvu de nombreux dispositifs, dont un compas auditif, des vibreurs pour les sourds, un éclairage intense et des couleurs violentes pour les malvoyants, une barre assistée hydrauliquement, des attaches pour les chaises roulantes, et les équipements nécessaires aux handicapés à terre.C'est un réseau de bénévoles, au Royaume Uni et en Europe, qui recherche les passagers et collecte les fonds pour le compte du JST.De mai à octobre le « Lord Nelson » navigue avec 40 stagiaires à son bord le long des côtes britanniques ainsi qu’en Manche, mer du Nord et Baltique, puis, chaque hiver, il part pour une saison aux Canaries et aux Açores et rentre au printemps pour la saison d'été. Depuis son lancement le navire a effectué plus de 334.000 miles nautiques (600.000 km), soit l’équivalent de 16 fois le tour de la planète.Plus de 24.000 personnes, dont 8.800 handicapés (3.000 en fauteuil roulant), ont navigué à bord du « Lord Nelson » assurant une recette substantielle depuis 1986.Le JST exploite aussi le « Tenacious », lui aussi équipé pour recevoir des handicapés comme membres d’équipage. Ce navire, construit en 2000, mesure 50 mètres au pont (65,00 mètres hors tout) et peut embarquer 40 stagiaires, dont 20 handicapés. Il a déjà embarqué 12.000 handicapés en dix ans.Voilà deux réalisations que nous pourrions reprendre car le succès est indéniable Outre-Manche.Mais combien coute un tel navire ?... Environ 20 millions d’euros pour la construction d’un « Lord Nelson » sur un chantier naval.Les charges d’armement sont de 100 à 150 euros par jour et par personne embarquée.Evidemment c’est beaucoup d’argent, et absolument hors de portée de la France car il y a bien d’autres urgences.Si l’on doit comparer ce navire à quelque chose de nécessaire, et de prestigieux, je n’hésite pas à prendre le « Bling-bling One », le nouvel avion présidentiel qui a déjà coûté 180 millions d’euros.Et bien avec les fonds utilisés pour le confort et le prestige (immense) de notre « Ô combien vénéré président », il aurait été possible de construire neuf voiliers du type « Lord Nelson ».Il faut tout de même savoir choisir !...Jean-Charles DubocEuroclippers [1] « Ô combien vénéré président » est une expression déposée par l’Ignoble Infreequentable lui-même
Billet de blog 7 août 2010
Le « Lord Nelson », un grand voilier pour les handicapés.
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