Billet de blog 10 août 2010
Des grands voiliers pour les lycées professionnels maritimes
Vidéo du « Gorch Fock » voilier-école de la Marine allemandeLa formation initiale pour la marine marchande, la pêche et l’aquaculture, est assurée par les douze lycées professionnels maritimes, dont huit sont situés dans l’Ouest.Celle des officiers de la marine marchande, pont et machine, l’est par les Écoles nationales de la marine marchande (les « Hydros ») du Havre, de Saint-Malo, de Nantes et de Marseille, qui vont fusionner pour former l’Ecole nationale supérieure de l'Enseignement maritime (ENSEM).La plus ancienne de ces « Hydros » (surnom des ENMM), celle Saint-Malo, puise ses origines en 1669, avec la décision de Colbert, ministre de la marine, de créer une Ecole royale d’hydrographie. Les « Hydros » et les lycées professionnels assurent, de plus, la formation à la plaisance professionnelle depuis l’application du décret Fouliard-Thomas, du 22 avril 2005, qui permet aux jeunes Officiers et marins de la filière Yachting professionnel (Gepy) d’avoir un déroulement de vie professionnelle véritablement structuré.La Marine marchande connait une grave crise due à une pénurie de navigants puisque le déficit en officiers est estimé actuellement à 600 personnes en France, et à 4000 en Europe…La pénurie de navigants : une crise mondialeEn 2008, la demande en officiers et marins qualifiés excédait largement l'offre et génèrait de fortes difficultés de recrutement pour les armements du monde entier: au niveau mondial les dernières estimations de l'ISF ont été revus à la baisse depuis 2000, mais font néanmoins état d'un manque de 10 000 officiers en 2005 (soit 2 % de l'effectif mondial évalué à 466000) et d'une prévision de 27000 officiers manquants en 2015. La situation s’est temporairement améliorée avec la crise du transport maritime, mais faut-il ignorer un problème qui réapparaitra lors de la reprise ?...Ce manque d'officiers et de marins qualifiés a une double conséquence. D'une part, en terme de sécurité quand on sait que 80 % des accidents sont dus à des erreurs humaines ; mais soulignons que le personnel navigant des pays du tiers monde est en général moins bien formé que le personnel européen.D'autre part, comme baisse du recrutement terrestre des entreprises maritimes et para-maritimes, car elles ont un besoin crucial des compétences des anciens navigants (plus de 30 000 emplois en France) qui y font traditionnellement leur 2ème carrière : services à terre des compagnies, ports, écoles, assurances, banques, courtiers, bureaux d'études, cabinets d'avocats, sociétés de classification, travaux publics maritimes, médias, etc…La gravité de la situation était telle en 2008 que quelques armateurs ne pouvaient plus immatriculer leurs navires sous pavillon français faute de trouver les officiers français pour les commander (source : Cluster maritime français).Des flottes de navires géantsLa course au gigantisme des navires actuels apporte de nouvelles contraintes technologiques, juridiques et humaines, car les nouveaux pétroliers et porte-containers dépassent largement les 300 mètres de long tandis que les derniers paquebots, comme le Genesis de RCCL construit à Saint-Nazaire, embarquent plus de 5.000 personnes (Le futur Genesis de RCC / crédits : STX Europe) La perte d’un porte container de 15.000 containers EVP (équivalent 20 pieds) se chiffrerait autour du milliard d’euros, tandis que celle d’un paquebot pourrait atteindre 3 milliards d’euros.La responsabilité des officiers de la marine marchande devient ainsi de plus en plus importante et il est indispensable que le niveau de formation soit excellent afin de garantir un niveau de sécurité très élevé sur l’ensemble des mers.Ainsi un important effort portant sur l’amélioration des programmes de formation des officiers de la marine marchande est nécessaire afin d’attirer les meilleurs étudiants, et de les garder, afin de faire face à la pénurie de marins dans le transport maritime.Le cas particulier du DanemarkLa compagnie maritime danoise Maersk, première compagnie de porte-containers de la planète avec 470 navires, forme ses équipages au SIMAC (Svendborg International Maritime Academy) en partenariat avec l’autorité maritime danoise (le porte-conteneurs Emma Maersk / crédits : Maersk).Le Danemark est le seul pays européen qui n’a pas de pénurie d’officiers de la Marine marchande. Ceci est dû à un investissement de longue date de la part de l’état danois, mais aussi à des compagnies maritimes qui ont compris l‘intérêt vital de participer activement à la formation des équipages.Mais il y a un autre facteur qui doit être pris en compte : c’est le choix d’assurer une partie de la formation des marins sur un trois-mâts barque, le Danmark, qui rend la formation maritime très attractive pour les jeunes Danois.Deux grands-voiliers pour les lycées professionnels maritimes et les « Hydros ».Il semble souhaitable de s’inspirer de cet exemple de formation à bord d’un grand voilier-école, et de l’inclure dans le cursus de formation maritime en France car il apportera aux lycées maritimes et aux « Hydros » une image prestigieuse évoquant l’aventure maritime ; c'est-à-dire motivante pour les jeunes.D’ailleurs, c’est ce qu’ambitionne l’Hydro du Havre qui prévoit, après son déménagement sur le port, d’être placée face au grand voilier que l’école espère avoir à sa disposition.Pour ma part, et suite à la présentation du projet Euroclippers à l’École Navale, il me semble souhaitable de faire construire deux grands voiliers-écoles, l’un pour nos lycées professionnels, et l’autre pour l’Ecole nationale supérieure de l'Enseignement maritime.Pour le choix d’un voilier, il suffit de s’inspirer de ce qui marche bien à l’étranger et qui est d’un coût d’armement raisonnable. L’optimum semble être un trois mats-barque d’environ 80 mètres de longueur au pont, comme le « Statsraad Lehmkuhl », voilier-école norvégien, ou encore le « Gorch Fock », voilier-école de la Marine allemande.Bien sûr, cela aurait un coût qui est estimé, par navire, à 40 millions d’euros pour la construction sur un chantier naval, et de près de 60 millions d’euros annuel (15% du prix neuf) pour les charges d’armement.Sachant que chaque navire peut embarquer 150 cadets, le coût journalier est d’environ 100 à 150 euros/jour/personne en fonction du type de structure juridique retenue (ex : GIP), et la disposition, ou non, de jeunes volontaires aux armées qui pourraient être détachés.Coût d’un grand voilier, et coût du « Bling-bling One »…A quoi peut-on comparer un tel investissement ?... Pour ma part, j’ai retenu le « Bling-bling One », le nouvel avion de notre « Ô combien vénéré président », qui a coûté près de 180 millions d’euros.Il n’est pas question d’annuler cette commande d’un avion présidentiel puisque j’ai bien l’intention d’utiliser le « Bling-bling One » lorsque je serai président de la république en 2012.D’ailleurs, je ferai monter un sobre bureau présidentiel à bord de chaque grand voilier que je ferai construire.Histoire que le Président (et ses ministres) puissent naviguer avec les jeunes Français, et les jeunes Françaises, qui embarqueront pour des navigations le long des côtes européennes, en transatlantique et en tour du monde.Sans oublier de transférer une partie de la cave du « Château » dans la cambuse.Pas question de se déshydrater !...Jean-Charles DubocEuroclippers
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