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Billet de blog 15 septembre 2012

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Un « Erasmus Maritime » pour le Conseil Général de l’Aude

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Le « Statsraad Lehmkuhl » en route vers les Shetland

Le développement d’un « Erasmus Maritime » commence à intéresser plusieurs Régions maritimes.

Je rappelle que le concept « d’Erasmus Maritime » consiste à embarquer des jeunes, des lycéens, des étudiants, de plusieurs nationalités, qui navigueront, en équipage, à bord de grands voiliers-écoles, le long des côtes de l’Union européenne.

J’ai lancé cette idée en écrivant, le 1er juin dernier, à François Hollande, Président de la République, et en lui proposant de construire un grand voilier-école du type « Duchesse-Anne », ou « Statsraad Lehmkuhl », pour chaque Région maritime.

Un projet extrêmement ambitieux qui n’a d’équivalent nulle par ailleurs sur la planète.

La Région Nord-Pas-de-Calais

Tout d’abord, c’est Michel Delebarre, sénateur-maire de Dunkerque, qui m’a signifié son intérêt pour mes propositions en les transmettant à Frédéric CUVILLIER, Ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche.

Celui-ci pourrait, d’ailleurs, être directement intéressé par ce projet en tant qu’ancien maire de Boulogne-sur-Mer, un port qui connait et a connu la crise de la pêche, la crise industrielle, l’arrêt du trafic transmanche et la fermeture de Comilog - le tout entraînant une crise sociale avec 13% de chômage.

Les ports de Boulogne-sur-Mer et de Dunkerque pourraient trouver une nouvelle vigueur, une nouvelle jeunesse, un nouvel avenir, en servant de base à une flotte de grands voiliers-écoles qui embarqueraient des jeunes Français, et des jeunes Européens, à destination des ports de l’Europe du Nord.

La Région Haute-Normandie

La deuxième Région qui s’intéresse au projet d’un « Erasmus Maritime » est celle de Haute-Normandie.

Le président du Conseil Régional de Haute-Normandie, Alain Le VERN, m’a en effet indiqué qu’il a transmis à Frédéric CUVILLIER le courrier adressé au Président de la République.

Si deux Régions du Nord de la France sont intéressées par ce projet, c’est aussi le cas d’une Région du Sud, celle du Languedoc-Roussillon.

Le Conseil Général de l’Aude

Je viens en effet de recevoir un courrier d’André VIOLA, président du Conseil Général de l’Aude, qui, après avoir reçu une copie de la lettre adressée à François Hollande, m’indique qu’il tenait à me remercier « très sincèrement de ma démarche » et me témoigne de l’attention portée à mes réflexions.

Un courrier chaleureux qui me permet d’envisager de commencer à démarcher la Région Languedoc-Roussillon pour construire un grand voilier-école qui sera l’ambassadeur de la Septimanie !...

Aussi, il devient possible d’envisager, si le projet se développe, la construction de trois grands voiliers-écoles pour chacune des Régions intéressées : Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie et Languedoc-Roussillon.

De quoi apporter une charge de travail intéressante, sur une période de deux à trois ans, pour l’un de nos chantiers navals (ex : STX de Lorient).

Le Conseil Général de l’Aude, dont le siège est à Carcassonne, pourrait être intéressé pour son action éducative et sociale, pour la formation des lycéens et des étudiants, pour le développement des relations avec les Régions du Bassin méditerranéen, qu’elles soient européennes, du Maghreb, du Proche-Orient, ou encore de la Turquie et des pays riverains de la Mer Noire.

Un ensemble de destinations qui permettraient de développer de nouveaux échanges culturels et économiques avec des Régions qui ont peu de contacts directs avec le département de l’Aude.

La ville de Carcassonne est jumelée, depuis 1973, avec la ville d’Eggenfelden, en Bavière, et, plus récemment, avec Baeza, en Espagne, ce qui permet d’envisager des navigations avec des élèves de ces deux villes.

La mise à disposition d’un grand voilier-école permettrait de multiplier les jumelages avec des villes du pourtour de la Méditerranée, mais aussi d’Europe, d’Amérique, d’Asie…

En fait, un grand voilier-école, par la multitude des escales disponibles, apporte à un Conseil général une dimension planétaire !...

Soulignons que le département de l’Aude est doté d’un port capable de recevoir des grands voiliers-écoles. C’est Port-la-Nouvelle, qui peut accueillir des navires de 150 mètres de long et de 8 mètres de tirant d’eau.

Port-la-Nouvelle est le troisième port français de la côte méditerranéenne, le deuxième port pour l’importation des produits pétroliers (neuvième de France) et le premier port méditerranéen pour l’exportation des céréales.

Bien sûr, un grand voilier-école de 82 mètres de longueur au pont, capable d’embarquer une centaine de jeunes, d’une valeur de 45 millions d’euros, et dont les charges d’armement annuel sont d’environ 7 millions d’euros, n’est pas dans les moyens du Conseil Général de l’Aude !...

Par contre, cela pourrait être dans les moyens de la Région Languedoc-Roussillon qui regroupe cinq départements : l'Aude, le Gard, l'Hérault, la Lozère et les Pyrénées-Orientales.

Une très belle région française, que je connais bien, puisque j’ai fait une partie de ma formation de pilote de ligne, en 1973, sur MS 733, au SEFA à l’aéroport de Montpellier-Fréjorgues.

Cela a été une occasion de découvrir la France vue du ciel, ce qui ne vaut pas, bien sûr, la découverte des villages, des villes et des richesses culturelles accumulées en deux millénaires d’histoire, mais qui m’a permis, malgré tout, de « survoler » un pays doté d’une histoire unique.

Aussi, j’espère que j’aurais l’occasion, en démarchant les Conseils Généraux de la Région Languedoc-Roussillon, d’apprécier de nouveau la beauté des paysages, la vie économique, culturelle et touristique, ainsi que la richesse humaine de ses habitants.

Un groupement d’intérêt public

L’armement d’un grand voilier-école n’a rien de particulièrement difficile mais la structure juridique choisie doit permettre de rassembler des collectivités territoriales, des ministères et des investisseurs privés.

La structure la plus adaptée me semble être celle du Groupement d’Intérêt public (G.I.P.) ; c’est tout du moins celle qui a été retenue par le laboratoire d’idées, « Les Clippers de Normandie », que j’ai créé en 1993, et qui avait pour objet :

1/ De participer, à partir de stages embarqués sur des grands voiliers assurant une pratique de la voile et la découverte de la mer, à l’éducation, la formation et la réinsertion d’adolescents et d’adultes.

2/ De rechercher au préalable des partenaires publics ou privés pour le financement et l’exploitation de ses bateaux à voile.

C’est, d’ailleurs, cette structure qui été retenue pour armer, et sauver, le « Marité », le dernier Terre-neuvier français.

Le Groupement d’intérêt public est une structure capable de rassembler un investisseur privé, pour le financement et la construction des navires, une Région, comme celle de Languedoc-Roussillon, ainsi que les Départements qui la composent.

Gageons que la Région Languedoc-Roussillon, à l’initiative du Conseil Général de l’Aude, saura retenir ce projet et se lancer dans une aventure maritime qui permettra de rassembler un peu plus, par-delà les mers, les jeunes du Bassin méditerranéen, et d’ailleurs…

Jean-Charles Duboc

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