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Billet de blog 17 octobre 2012

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Il est temps de construire des Cathédrales !...

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Tall Ships Race 2012 - Les grands voiliers à Saint-Malo

J’ai l’impression de faire les plans d’un Cathédrale.

Une impression bizarre qui m’est venue progressivement.

Les architectes des Cathédrales étaient capables de concevoir des édifices religieux, absolument remarquables, qui ont défiés les siècles et ont été le lieu de rassemblement principal, et de communion, des Chrétiens.

Ces architectes ont réussi à élever à la gloire de Dieu, en défiant la gravité, des structures de craie, de granit, qui demandaient parfois plusieurs siècles de construction.

Lorsqu’ils voyaient les fondations se creuser, puis les premières colonnes s’élever, ils savaient qu’ils avaient réussi, même s’ils n’en verraient jamais la fin.

C’est, en toute modestie, un peu ce que j’éprouve actuellement.

Et c’est en définissant un vaste projet européen de grand voiliers-écoles, le projet d’un « Erasmus Maritime »,  que cette sensation m’est venue.

J’ai commencé à le développer en le proposant à la Commission européenne, en décembre 2008, puis ensuite à François Hollande, en juin 2012.

L’idée est de créer un « Erasmus Maritime » qui consisterait à construire un grand voilier-école pour chacune des 160 Régions maritimes de l’Union européenne.

Cela représente, pour notre pays, une quinzaine de grands voiliers-écoles du type « Statsraad Lehmkuhl », c'est-à-dire un investissement d’environ 700 millions d’euros en construction de navires.

Et, pour l’Europe, le projet représente un investissement de 7 milliards d’euros si chacune des 160 Régions maritimes fait construire un grand voilier-école !...

Un projet global, européen, vaste, capable de fédérer les peuples de l’Union européenne, en particulier les jeunes qui pourront embarquer sur une multitude de « Cathédrales de toile » capables de naviguer sur les océans de la planète.

Ils pourront ainsi découvrir le monde et l’infinie variété des richesses humaines et culturelles mais aussi admirer la voute céleste lorsqu’ils navigueront, toutes voiles dehors, au milieu de l’océan !...

Des sensations et des souvenirs inoubliables.

Ce projet sera réalisé non pas par moi-même, mais par nos nouveaux religieux, que sont les dirigeants politiques, et par les entreprises les plus puissantes du pays, avec, bien sûr, le soutien des citoyens.

Un projet qui rassemblera tous les individus, quelles que soient leurs origines ethniques et sociales, leurs croyances, leur philosophie.

Aussi, je fais aujourd’hui une synthèse de ce projet qui commence à retenir l’attention du pouvoir politique.

Et, si cela ne marche pas avec nos dirigeants actuels, il sera toujours temps de créer le « Parti de la Mer » !...

Voici cette synthèse :

François Hollande, Président de la République, Michel Delebarre, sénateur-maire de Dunkerque, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Bernard Cazeneuve, ministre délégué chargé des Affaires européennes, Alain Le Vern, président de la Région Haute-Normandie, Didier Marie, président du Conseil général de Seine-Maritime, et André Viola, président du Conseil Général de l’Aude, ont eu leur attention retenue par le projet de développer un « Erasmus Maritime ».

Le concept « d’Erasmus Maritime » consiste à embarquer des jeunes Européens qui navigueront, en équipage, à bord de grands voiliers-écoles, le long des côtes de l’Union européenne.

Ce projet est initialement un soutien à la construction navale mais il permettra aussi de :

● développer l’activité portuaire ;

● développer une activité de substitution aux secteurs condamnés à plus ou moins long terme (ex : pêche, ligne de ferry) ;

● d’apporter une dimension internationale, et maritime, à la formation des lycéens et des étudiants ;

● donner à ceux qui sont défavorisés, ou marginalisés, une opportunité de sortir de leur milieu en découvrant la planète, tout en acquérant des bases pour vivre en communauté;

● développer les relations entre les régions maritimes européennes en organisant des navigations de type « classes de mer » ;

● développer les échanges économiques entre les régions maritimes européennes ;

● mettre à disposition des Régions un superbe « ambassadeur », en l’occurrence un grand voilier-école, qui symbolisera le dynamisme des entreprises et des collectivités territoriales associées, leur ouverture sur le monde et la volonté de développer une formation riche et internationale pour les jeunes ;

● développer des liens forts entre les Régions périphériques maritimes qui regroupent 160 régions de 28 pays de l’Union européenne, et 200 millions d’habitants ;

● développer de nouvelles activités pour les Antilles, la Guyane, la Réunion, la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, par une exploitation locales de grands voiliers-écoles, mais aussi par l’activité économique engendrée par les escales de grands voiliers-écoles en navigation transatlantique ou en tour du monde.

● développer des jumelages avec des ports situés au Proche et au Moyen-Orient, en Amérique du nord et du sud,  Afrique, Asie, Océanie et Australie.

Outre la dimension maritime, la principale différence de ce projet par rapport au programme Erasmus, déjà développé par l’Union européenne, réside dans le fait qu’il s’adresse à tous les jeunes, y compris à ceux qui ne font pas d’études supérieures.

Ce sera, pour ceux qui sont les moins doués, une nouvelle opportunité de travailler à l’étranger, dans des entreprises ou des collectivités qu’ils découvriront au cours de leur périple, ce qui leur permettra de se sentir, ainsi, progressivement, des citoyens Européens.

Le voilier retenu

Nous avons, en France, un modèle de voilier-école qu’il serait bon de reproduire car il a fait ses preuves durant de longues années, et c’est le Duchesse-Anne, ancien voilier-école allemand, exposé en bateau-musée dans le port de Dunkerque.

Ce navire fait partie d’une série de quatre voiliers-écoles de la marine marchande allemande, dont le Statsraad Lehmkuhl, voilier-école norvégien construit en 1914, et qui, armé par une fondation, navigue toujours, avec des cadets, au départ de Bergen.

Longueur hors tout : 98,00 m ; longueur de coque : 84,60 m ;  longueur à la flottaison : 73,00 m ;  largeur : 12,60 m ; hauteur : 48,00 m ; tirant d'eau : 5,20 m.

Un grand voilier-école pour chaque Région maritime

Le développement de l’autonomie des Régions est une priorité, et un grand voilier-école pour chaque Région constituerait un superbe ambassadeur à la fois pour les entreprises et pour les collectivités publiques.

Si l’on compte les Antilles, la Guyane, la Réunion, Nouméa et la Polynésie, cela ferait plus d’une douzaine de navires à construire.

Le coût à la construction d’un voilier-école du  type Statsraad Lehmkuhl est d’environ 45 millions d’euros et une construction en série serait particulièrement bienvenue pour les chantiers navals STX de Lorient et CMN de Cherbourg.

La principale difficulté financière du projet sera celle des charges d’armement car un grand voiliers-école coûte annuellement, tout compris, environ 15% du prix neuf.

Ainsi, un grand voilier-école, de 84 mètres de longueur au pont, qui embarque 100 cadets pendant 50 semaines (5.000 semaines/mer), va coûter chaque année à la structure qui l’exploitera  près de 6,75 millions d’euros.

Le coût de l’embarquement pour un stagiaire est ainsi d’environ 1350 euros par semaine (112 euros par jour et par personne). Dans ce prix sont inclus l’amortissement du navire, les charges carburant et d’entretien, les salaires de l’équipage, les assurances, les vêtements de mer, etc…

Le financement d’un voilier-école peut être assuré par une entreprise qui l’utilisera, une partie de l’année, pour la formation de ses salariés, et le mettra à disposition des collectivités le reste du temps.

Un Groupement d’Intérêt Public par Région

La structure la plus adaptée est celle du Groupement d’intérêt public (GIP) qui permet de développer un partenariat bénéfique entre une  entreprise, propriétaire du navire, qui l’utilisera pour la formation de ses collaborateurs et sa communication, et des collectivités publiques régionales pour développer leurs actions éducatives et sociales.

Un armement naval financé par une grande entreprise permet, de plus, de commander les navires sur nos chantiers navals, en contournant la législation sur l’obligation d’un d’appel d’offre européen si c’est un GIP qui  commande.

Le GIP est une structure éprouvée, retenue pour armer, et sauver, le Marité, le dernier Terre-neuvier français.

Les membres du « GIP Marité » sont l’association "Les amis du Marité", la Fondation du patrimoine maritime et fluvial, la ville de Fécamp, la ville de Granville, la ville de Saint-Vaast-la-Hougue, le Conseil général de la Manche, et la Communauté d’agglomération Seine-Eure.

Dans les autres pays européens, la structure juridique d’armement sera équivalente, que ce soit une Fondation, un Trust, ou toute autre structure juridique adaptée à l’objet social.

 Jean-Charles Duboc

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