Il est possible de distinguer trois causes et effets particuliers de cette grâce présidentielle annoncée à la veille de la période des fêtes de fin d'année ; grâce qui touche notamment l'ancien préfet Marchiani. Il ne semble pas que tous ces causes et effets aient pu être remarqués par les commentateurs et journalistes. Mais ils sont remarquables, me semble-t-il :
- Cette grâce intervient, non pas à l'occasion d'une date signalée du calendrier proprement républicain, telle que le 14 juillet, mais bien à l'approche de cette fête religieuse qu'est Noël. La dérive monarchique s'accompagne naturellement, si on peut dire, d'une entorse discrète à la laïcité. Et "naturellement" au point que l'on peut douter du caractère volontaire de la date choisie. Les choses sont ce qu'elles sont, comme aurait dit Louis XIV.
- Il est difficile de ne pas penser que la grâce présidentielle n'a pas d'autre but que de glisser Marchiani dans la petite assemblée des heureux élus. Et sans doute le pouvoir espére la polémique la plus contenue possible, surtout en un moment où la classe politico-médiatique prend ses quartiers d'hiver.
- L'esprit hésite entre la thèse du télescopage ou de la provocation, quand on mesure le sort judiciaire fait aux deux détenus de Tarnac, Yildune Lévy et Julien Coupat, et celui réservé à Marchiani. Si l'on voulait prouver qu'il existe une justice politique, inspirée des lettres de cachet de l'Ancien Régime, on ne s'y serait pas pris autrement.
Ce ne sont plus des billets de blog, des éditoriaux, et des communiqués de presse, qui suffiront à exprimer le refus du monarchisme présidentiel et de l'injustice d'état, mais bien des manifestations concrètes, dans la rue, et avec un grand concours de peuple.