Erreur anonymisée
Ça pourrait faire un bon sujet, puisque ne s’adressant à personne en particulier.
En même temps beaucoup de monde pour se sentir concerné. Voire visé.
Car qui n’a jamais commis d’erreur ? Nous pouvons même en commettre sans le savoir, nous en rendre compte après-coup. Ou jamais. Nous pouvons reconnaître nos erreurs et là cela s’arrangera, côté conscience.
Nous ne parlerons pas de la faute, qui renvoie à la culpabilité, à la sanction.
De l’erreur anonymisée, il s’agit de se tromper sous contrôle. Sous le contrôle de l’IA qui gère, par exemple…
Un de ses membres m’a appelé l’autre jour, appel anonyme, pour me dire :
« Vous inquiétez pas. Le traçage de votre portable nous indique une erreur de votre part. Tout va bien maintenant. L’ordre est rétabli. Terminé »
« Sauf erreur de ma part... » mais il avait déjà raccroché. En fait, ce portable, je venais juste de le voler et je ferais bien de m’en débarrasser.
Pas question de me sentir traqué.
Terreur anonymisée
A l’heure du soupçon – qui es-tu toi que je croise dans la rue, et as-tu bien ton attestation ? Mais aussi cette voisine du deuxième qui n’a pas l’air en forme…
Est-ce qu’elle l’a ? Elle l’a peut-être sans le savoir, je dois lui dire sans l’inquiéter… Et qu’elle fasse le test !
Certains ne mettent pas le masque, et sortent en toute in-tranquillité, comme moi. Le masque de la peur, il est sur les visages, avec ou sans masque il s’aperçoit furtivement au niveau du regard, si le passant n’a pas détourné le sien, pure geste du prévenu.
La « frontière », celle qui compte vraiment, c’est celle que l’on se créé.
La vulnérabilité, psychique, sociale est inégalitaire dans sa distribution et actuelle redistribution. Ça, c’est un vrai sujet. Vous laisse développer.
Veut-on savoir de quoi, surtout de qui avoir peur ? Peut-on le savoir ?
Chacun d’entre nous est cet hôte potentiel de maladie-terreur associés.
Avec la future application installée avec consentement, il y aura un degré de panique par un mauvais croisement des corps, sans réelle distance de discernement.
L’impact du traçage géotrouvevirus aura un certain effet sur la question du hasard et de la rencontre, à ne plus favoriser.
Autrefois, cette dernière pouvait faire événement. J’ai en tête la révélation amoureuse, le coup de foudre.
Pendant le confinement et l’après, le célibataire préférera-t-il se soustraire, jusqu’à l’idée, d’une autre moitié devenue impossible ?
Il lui reste l’enchantement des livres, certains fragments de discours et lettres mis de côté, pour un autre temps, d’après. Une voix au loin, quelque saveur.
Sinon, il lui restera à se soustraire à lui-même, voire à se faire cannibale dans le dépouillement de soi.
Errant amoureux à qui il manque déjà les moyens d’errer.
Le maintenant lui échappe… l’autre maintenant aussi.
Aller à la rencontre du monde au café de chez soi. On ne naît pas ainsi à l’autre, sans sortir de nos eaux territoriales. On ne s’en sort pas sans embrassades.
Où faut-il dès lors aller ? Comment (faut-il) vivre ?
Il y a déjà quelque chose à extraire en nous, un (presque) rien. Notre ex-time.
Le temps de la recherche du temps perdu.