Christian Estrosi a réuni, le 10 novembre 2025, les commissions des finances de la ville de Nice et de la métropole Nice Côte d'Azur – ouvertes à tous les élus et aux médias – dans le but de présenter les diagnostics financiers réalisés par le cabinet Michel Klopfer...
Ces réunions étaient moins des commissions (les élus n'avaient même pas été destinataires des rapports avant les séances !) qu’une conférence de presse dans l’optique des élections municipales.
Il est d’ailleurs regrettable que l’ensemble des élus et des journalistes n’aient pas eu la communication des rapports intégraux, ni avant, ni pendant, ni après. Seuls une impression de la présentation PowerPoint faite en séance a été distribuée... après chaque commission !
Ces deux réunions ont néanmoins permis de recueillir les informations suivantes :
1/ Ces deux rapports ont coûté 5 200 euros HT chacun, soit un total de 12 480 euros TTC.
2/ Contrairement à ce qui avait été (faussement) annoncé, ce cabinet n’a pas évalué la qualité de la gestion de la ville de Nice ou de la métropole. Il a juste réalisé un diagnostic visant à estimer la note financière « que pourrait » obtenir la ville et la métropole auprès des agences de notation. Il n'a donc lui-même pas délivré de note, malgré ce que tentent de faire croire les proches du maire de Nice. Ainsi, dans sa présentation, le Cabinet précise que « la présente étude se conclut par une estimation de la note financière à long terme de la ville et de la métropole au regard de ce que le Cabinet connaît des pratiques des agences spécialisées. Elle ne prétend en aucun cas établir de manière certaine la note que décernerait une agence spécialisée à l’issue d’un audit approfondi de la collectivité. » Dans ce cadre, ce cabinet a pronostiqué la note de 17/20 pour la ville de Nice et celle de 15/20 pour la métropole. À la suite d’une de mes questions, il a néanmoins convenu que la ville ne pourrait pas obtenir auprès des agences de notation une meilleure note que celle de l’État (« En France, aucune collectivité ne peut être mieux notées que l’État compte tenu de l’influence que celui-ci exerce sur les recettes, les dépenses et en l’absence de réelle protection constitutionnelle », rappelle d’ailleurs la présentation). Dans le meilleur des cas, la ville obtiendrait donc la note de 16/20.
3/ Ces potentielles notes ne signifient absolument pas que la gestion de la ville ou de la métropole est idyllique… Le Cabinet se concentre essentiellement sur une seule chose : le ratio de capacité de désendettement (dette / épargne brute, exprimée en années). Or, la ville et la métropole ont un bon niveau d’épargne brute. La durée de vie de la dette de Nice est ainsi de 7 ans (5,3 ans pour la moyenne des communes de plus de 100 000 habitants) et 12,2 ans pour la métropole Nice Côte d’Azur (6,4 ans pour la moyenne des métropoles).
4/ Mais ces résultats corrects s’expliquent en grande partie par le poids de la fiscalité dans les recettes réelles de fonctionnement brutes : 48 % pour Nice contre 44 % pour la moyenne des villes de plus de 100 000 habitants et 22 % pour la métropole Nice Côte d’Azur contre 15 % pour la moyenne des métropoles. Ce qui est un atout d'un point de vue comptable n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les contribuables qui mettent la main à la poche !
5/ La présentation du Cabinet révèle, au passage, d'autres chiffres qui ne sont pas très favorables... Ainsi, le taux d’endettement (dettes / recettes réelles de fonctionnement nettes) est moins bon qu’ailleurs : 80 % pour Nice contre 70 % pour la moyenne des villes de plus de 100 000 habitants et 177 % pour la métropole Nice Côte d’Azur contre 86 % pour la moyenne des métropoles. Enfin, nous apprenons que le ratio dépenses d’investissement (hors dette) / dépenses totales (hors dette) est, lui aussi, moins bon qu’ailleurs : 17,9 % pour Nice contre 20,9 % pour la moyenne des communes de plus de 100 000 habitants et 25,1 % pour la métropole Nice Côte d’Azur contre 29,1 % pour la moyenne des métropoles.
Bref, le diagnostic financier présenté confirme ce que l'on savait déjà : grâce à l'augmentation des impôts locaux (création de la taxe foncière métropolitaine sur le bâti au taux de 6,40 % en 2018 ; augmentation de 24 % de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères en 2023 ; augmentation de 19,2 % des taxes communales en 2024), la ville et la métropole ne sont plus surendettées... On est quand même loin de tresser des lauriers au maire de Nice !