ll était proposé au conseil municipal du 14 juin 2023 d'approuver le compte administratif du budget principal pour l'exercice 2022.
J'interviens au nom du groupe écologiste :
Mais quelle panique !
Alors, c’était déjà la panique en début d’année. Monsieur le maire avait reconnu, le 16 janvier dernier, que nous frisons le plafond d’endettement. Peut-être avait-il lu l'article de la Gazette des communes, paru une semaine avant, plaçant Nice en première position des communes les plus endettées de France…
C’était encore la panique, hier, au point que vous avez fait une conférence de presse, la veille du conseil municipal censé examiner les comptes administratifs de la ville.
Nous compatissons à votre détresse de devoir vous farcir des séances plénières avec des élus d’opposition qui ne vivent pas dans votre réalité alternative.
Sans surprise, votre rapport sur le compte administratif du budget principal est en mode « tout va très bien, Madame la Marquise ».
Dans ce document, en effet, vous vantez « le déploiement d’une nouvelle ambition culturelle ». Effectivement, tout le monde avait remarqué cette nouvelle ambition. Raser un théâtre national en bon état, raser le Palais Acropolis qui possédait d’excellentes salles de spectacle, c’est une nouvelle ambition. Mais comme vos chiffres le montrent, tout cela coûte cher : le théâtre éphémère La Cuisine a couté plus de 10 millions tandis que le démarrage des travaux d’extension de la Promenade du Paillons a coûté 5,4 millions.
On peut comparer ces montants aux crédits affectés à la rénovation des bâtiments culturels (578 000 euros) et le plan musée (358 000 euros). Heureusement que le pôle culturel Saint-François a été embelli pour 8 millions.
Concernant la régie du Palais Acropolis et Nikaïa, nous avons un résultat négatif de 263 000 euros alors même que le résultat était positif en 2021. Certes, comme vous le soulignez, nous n’avons pas eu à verser de subvention d’équilibre en 2022. Sauf que nous en verserons une en 2023 d’un montant de 6 millions d'euros. Pour être clair, nous allons désormais devoir renflouer, chaque année, une régie qui nous rapportait deux millions d’euros si on prend comme référence l'année 2019, donc avant la Covid.
Regardons la situation financière de la ville… On peut lire dans votre rapport, accrochez-vous tous : « la Ville de Nice aura également parfaitement maîtrisé son encours de dette ». Donc, le rapport contredit les déclarations faites par le maire de Nice en début d’année !
Cela va tellement bien qu’en 2022, la ville a souscrit 50 millions d’euros d’emprunts nouveaux essentiellement en taux variable. En 2021, vous vantiez les mérites du taux fixe. En 2022, nous vous faisons confiance pour nous vanter les mérites du taux variable.
La dette pour 2022 est de 524 millions d'euros contre 514 millions en 2021. Soit une dette par habitant de 1 517 euros, alors que la moyenne nationale de la strate est de 1 088.
Le produit des impositions directs par habitant est lui aussi supérieur à la moyenne nationale de la strate (900 euros contre 698).
En ce qui concerne les dépenses d’équipement par habitant, nous devons reconnaitre qu’elles sont supérieures à la moyenne nationale de la strate. Nous tenons à vous en féliciter et vous savez que nous n’avons pas le compliment facile. Oui, nous sommes à 236 euros par habitants, soit un euro de plus que la moyenne nationale de la strate.
Donc résumons : 39 % de dette en plus, 29 % de produit d’impositions direct en plus pour 0,42 % de dépense d’équipement en plus ! Cela valait le coup.
Comme vous le savez, la durée de vie de la dette ne doit pas dépasser 15 ans. Sans surprise, celle de la ville dépasse cette durée malgré nos appels répétés à une gestion raisonnable. Vous pouvez faire toutes les conférences de presse que vous voulez, vous n’éviterez pas le poids des maux et le choc de ratios : Nice est, aujourd’hui, une ville surendettée.
Depuis votre élection, en 2008, la dette par habitant a augmenté de 43 % alors même que les compétences de la ville ont été massivement transférées à l’échelon intercommunal.
Alors nous savons que vous allez nous dire que c’est de la bonne dette, de la dette qui permet d’augmenter le patrimoine de la ville, une gestion en bon père de famille…
Nous tenons à préciser que les emprunts portent forcément sur des dépenses d’investissement. C’est la règle. Donc la dette de Nice n’est pas meilleure que celle des autres.
Quant à la gestion d’un bon père de famille, parlons-en ! Imaginons un père qui annonce à sa famille qu’il a rasé la maison mais qu’il va la reconstruire plus tard, plus petite, avec un bout dans un quartier, un autre bout ailleurs. Ce serait curieux mais c’est ce que vous faites avec le Palais des congrès. Vous avez rasé celui qui fonctionnait. Vous allez construire un espace exposition au MIN, peut-être un espace congrès au Port. Tout est éparpillé façon puzzle et, de toutes façons, il n’y aura pas d’espace restauration.
Alors non, vous n’agissez pas en bon père de famille mais en enfant capricieux qui s’amuse à casser ses jouets !