Christian Estrosi a apporté des précisions, lors de la visite de chantier du 12 mars dernier, sur la durée de vie du futur centre des congrès, au port de Nice : « Bien que le permis de construire soit éphémère, l'usage pourrait s'étendre sur 6 à 15 ans, selon les besoins de la ville. »
Cette affirmation est étonnante…
D’une part, le permis de construire en date du 5 décembre 2024 a été, en effet, accordé à titre précaire. Son article 2 précise que « la date à l'expiration de laquelle le pétitionnaire doit enlever la construction autorisée est fixée au 5 décembre 2027. »
D’autre part, il est peu probable que ce permis soit renouvelé au regard de la mise en garde de l’Architecte des Bâtiments de France qui accompagnait son avis favorable : « L’attention de la collectivité est toutefois attirée sur le fait que seule l'urgence de devoir répondre à l'engagement de la France d'organiser dans des délais extrêmement contraints le sommet de l'UNOC à Nice en juin 2025 permet la réalisation de cette construction. Son caractère précaire, limité à trois ans, correspondant au temps raisonnablement nécessaire au lancement et au déroulement de l'ensemble des procédures administratives adaptées pour que la collectivité puisse disposer à cette échéance, et si elle le souhaite, d'un nouveau projet à édifier de façon pérenne dans ce lieu emblématique. En effet, le quai Internet se trouve à l'exacte articulation de la colline du château, de la baie des Anges, et du port Lympia, c'est à dire au cœur de Nice capitale du tourisme d’hiver de Riviera. Or, malgré de réels efforts pour insérer ce projet dans son environnement, ce dernier se trouve grandement limité par l'obligation de recourir à la préfabrication comme process de construction unique afin de respecter les délais de livraison des bâtiments. La rigidité formelle et la fragilité structurelle qu'induit l'usage d'un tel process aboutissent à une fragmentation des volumes et à la multiplication des espaces résiduels qui ne permettent pas de déployer complètement, et dans une juste échelle, le dispositif architectural et paysager unitaire attendu pour cette zone située au cœur de l’étendue protégée à l'UNESCO. »
L’avis favorable de l’Architecte des Bâtiments de France était donc exceptionnel et très explicitement limité dans le temps…
Quand bien même l'organisation des Jeux Olympiques qui se termineront en mars 2030 permettrait de prolonger cette situation dérogatoire, on voit mal comment cet équipement pourrait durer « 6 à 15 ans »... c'est-à-dire potentiellement jusqu'en 2040 !
Dans ce contexte, la durée annoncée par Christian Estrosi apparaît incertaine, voire fantaisiste. Le maire de Nice joue la montre et cherche à enjoliver les choses jusqu’aux élections municipales de mars 2026. La réalité est, en effet, cruelle : il a fait raser un palais des congrès de 21 000 m2 pérenne pour le remplacer par un centre des congrès de 10 600 m2 qui sera utilisé, dans le meilleur des cas, pendant seulement cinq ans !