Il était proposé au conseil municipal de Nice du 23 mai 2025 de se prononcer pour sur le compte financier unique du budget principal de l'exercice 2024.
Je suis intervenu au nom du groupe écologiste :
Tout vient à point à celui qui sait attendre ! Les conseillers municipaux de Nice vont donc pouvoir débattre de l'exécution budgétaire 2024 seulement 43 jours après sa présentation devant la presse. Vous aviez expliqué, à l’époque, vouloir présenter les chiffres loin du « brouhaha du conseil municipal ». Mais, en réalité, ce que vous qualifiez avec un peu de mépris de brouhaha, c’est tout simplement le débat démocratique.
Ceci étant dit, quand nous avons pris connaissance de ce CFU, nous avons compris pourquoi vous teniez tant à le présenter loin des yeux de l’opposition…
La dette par habitant est de 1 553 euros. Depuis votre élection, en 2008, la dette par habitant au niveau communal a augmenté de 46 %.
En 2024, la dette a, néanmoins, baissé de 4,3 millions, soit 0,78 % (elle passe de 547,8 millions à 543,5 millions).
Alors nous sommes un peu perplexes : doit-on s’en réjouir ? Pendant des années, en effet, vous avez martelé que c’était de la bonne dette et que c’était super chouette de la creuser… Par voie de conséquence, doit-on se réjouir de voir baisser de la bonne dette ? Avouez qu’on s’y perd un peu avec tous vos éléments de langage, souvent contradictoires…
Nous pensons avoir compris : jusqu’au 31 décembre 2023, c’était de la bonne dette, et donc c’était bien qu’elle augmente. Et depuis le 1er janvier 2024, c’est de la mauvaise dette et donc le fait qu’elle baisse est une bonne nouvelle !
La grande question c’est : pourquoi baisse-t-elle ? Et c’est justement pour ne pas avoir à écouter notre réponse que vous avez organisé une conférence de presse, il y a 43 jours…
Comme à la métropole, vous expliquez que ce résultat est le fruit d’une « gestion attentive et rigoureuse »…
Grâce à votre gestion attentive et rigoureuse, la ville investit 4,8 millions d’euros dans le logement social… Mais, elle paye dans le même temps 7,23 millions de pénalités puisque vous ne respectez pas la loi SRU. Mais attention : nous payons des pénalités avec attention et rigueur ; ça change tout !
Grâce à votre gestion attentive et rigoureuse, nous sommes – encore – obligés de renflouer la régie du Palais des expositions et Nikaïa à hauteur de 2,4 millions… alors même que cette même régie fournissait un excédent d’un montant équivalent jusqu’à ce que vous décidiez de raser un palais des congrès en bon état, sans attendre d’en avoir construit un autre ! Et nous n’insisterons pas sur le fait que vous avez raser Acropolis notamment au motif qu’il était moche, contrairement évidemment au nouveau centre des congrès qui lui serait « absolument génial » selon vos propos. Quoi qu’il en soit, la ville éponge le déficit annuel de cette régie avec attention et rigueur ; c’est le principal !
Enfin, j’ai gardé le meilleur pour la fin : grâce à votre gestion attentive et rigoureuse, nous avons été contraints d’augmenter, en 2024, le taux de la taxe foncière sur le bâti de 19,18 %. Qu’est-ce que ce serait si la gestion n’était pas attentive et rigoureuse !
Comme à votre habitude, vous vous vantez de votre taux de taxe foncière sur le bâti qui est le plus faible des 16 plus grandes villes (hors Paris et Lyon qui ont un statut particulier)… Mais, encore une fois, cela dépend de la valeur locative. Si l’on veut vraiment comparer une contribution directe entre des communes, il faut examiner le produit par habitant. Et, dans ce cas, le classement n’est plus le même. Ainsi, si l’on compare les 16 villes mentionnées dans votre échantillon, Nice arrive en 3e position des villes où on paye le plus de taxe foncière sur le bâti !
Dans le CFU 2024, nous apprenons que le produit de l'ensemble des contributions directes a augmenté de 18,48 % par-rapport à 2023 (394,87 millions contre 334,05 millions). C’est curieux parce que vous n’arrêtez pas de dire que les Niçois payent moins depuis que vous avez augmenté le taux de la taxe foncière… Mais là encore, nous avons dû mal comprendre tous vos éléments de langage.
Force est de constater que si le produit des contributions directes a augmenté de 60,82 millions en 2024, la dette n’a baissé que de 4,3 millions. Surtout, les dépenses d’équipement n’ont augmenté que de 1,3 millions par rapport à 2023 pour s’établir à 98,81 millions ; c’est 21 millions de moins que ce qui était prévu au budget 2024. Au moment d'annoncer la hausse de la taxe foncière, vous aviez pourtant promis une « politique d’investissement ambitieuse ». Je vous cite : « La politique d’investissement atteindra en 2024 un niveau inégalé pour se porter à 120 millions d’euros. » Nous sommes donc un peu déçus.
Bref, derrière cette gestion attentive est rigoureuse, on trouve un peu moins de dette, c’est vrai, mais pas plus d’investissement et, surtout, beaucoup plus d’impôts !