La Cour des comptes a rendu un très intéressant rapport thématique intitulé « Les stations de montagne face au changement climatique ». Cette enquête a eu pour objet de préciser les conséquences du changement climatique sur le tourisme hivernal en montagne et d’examiner comment les stations s’y sont adaptées. Sans surprise, elle confirme l'analyse des écologistes, notamment en ce qui concerne les Alpes du Sud...
Le rapport rappelle que le modèle économique de ski français s’essouffle, depuis 2000, du fait de la diminution de l'activité ski. « Ce phénomène est accentué par le changement climatique qui se manifeste en montagne de manière plus marquée qu’en plaine, avec une hausse des températures, en accélération depuis les années 2010. »
La Cour constate que les politiques d’adaptation menées restent en deçà des enjeux. Elle critique la production de neige artificielle qui « ne constitue qu’une protection relative et transitoire contre les effets du changement climatique. Son coût est en effet important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures : dans certains cas, la production de neige peut tendre vers une mal-adaptation. À cet égard, les investissements réalisés sont encore trop souvent décorrélés des prévisions climatiques. De plus, l’impact de la production de neige sur
les ressources en eau apparaît sous-estimé dans de nombreux territoires. »
La Cour s'inquiète de l'apparition de friches industrielles dans les montagnes françaises : « près de 200 installations inutilisées et non démontées sont recensées au niveau national. En l’absence d’actions fortes de rénovation du patrimoine existant, des friches immobilières risquent de se développer. Ce n’est que depuis 2016 que la loi impose aux autorités organisatrices l’obligation de démanteler les remontées mécaniques définitivement inutilisées. Toutefois, aucune sanction n’est prévue et aucune obligation n’existe pour les installations construites avant 2016. »
Le rapport précise que les stations de ski sont subventionnées à hauteur de 23 % de leur chiffre d'affaires, ce qui représente 123,6 millions d'argent public. Surtout, il prévient « qu'à défaut de repenser fondamentalement le modèle économique, le niveau de subventionnement public ne pourra que s’alourdir » !
Enfin, le rapport présente une classification des stations selon le risque auxquelles elles sont exposées, révélant notamment des
risques plus élevés dans les Alpes du Sud. La station la moins vulnérable est Orelle (73) avec un score de 0,73 tandis que la station la plus vulnérable est Roubion-Les Buisses (06) avec un score de 30,56. Dans ce contexte, les stations des Alpes-Maritimes obtiennent les scores de vulnérabilité suivants :
- Isola 2000 : 5
- Valberg-Beuil : 6,67
- Auron-Saint Etienne de Tinée : 8,19
- Colmiane-Valdeblore : 9,44
- Roubion-Les Buisses : 30,56
Recommandations
Au final, la Cour des comptes formule les recommandations suivantes :
- Mettre en place un observatoire national regroupant toutes les données de vulnérabilité en montagne accessibles à tous les acteurs locaux.
- Faire évoluer le cadre normatif afin que les autorisations de prélèvements d’eau destinés à la production de neige tiennent compte des prospectives climatiques.
- Formaliser des plans d’adaptation au changement climatique, déclinant les plans de massifs prévus par la loi Climat et résilience.
- Conditionner tout soutien public à l’investissement dans les stations au contenu des plans d’adaptation au changement climatique.
- Mettre en place une gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal (ministère de l’intérieur et des outre-mer, collectivités territoriales).
- Mettre en place un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification et de déconstruction des installations obsolètes, alimenté par le produit de la taxe sur les remontées mécaniques.