...y a qu’à commencer par la suite.
- Tout de suite ?!
- Oui... c’est mieux... ça gagnera du temps.
- Et oui mais... Maurice... pour la pédagogie... il faut du temps !
- Qué temps ? Et pourquoi faire du temps ?
- Le temps que ça mûrisse bien pardi.
- Tu veux dire "que ça pourisse bien"...
- Tout de suite les grands mots....
- Bon... alors c'est quoi ?
- Le temps de la colère qui monte.
- Et après ?
- Le temps des retraites et de la sécu qui disparaissent,
- Et après ?
- Le temps des grosses manifs et des grèves.
- Et après ?
- Le temps des contre-manifs.
- Et après ?
- Le temps du chômage et de la misère qui enflent.
- Et après ?
- Le temps des provocs et des banlieues qui brulent.
- Et après ?
- Le temps de la peur.
- C’est tout...
- Oui.
- Ah bon... alors elle fait rien la peur ?
- Non.
- Dommage. Moi j’aurais bien vu : la peur qui étreint. Après la misère qui enfle et les banlieues qui brulent... ça venait bien.
- Ben non.
- Bon alors !... et après ?
- Le temps des émeutes.
- Et après ?
- Le temps des affrontements.
- Et après ?
- Le temps de l’ordre et de la répression. Féroces.
- Et après ?
- Le temps de la clandestinité
- Et après ?
- Pas si vite Maurice... là ça dure longtemps.
- Et après ?
- Le temps de la guerre.
- Civile ?
- En principe.
- ...et tu me dis qu’il faut tout ça pour la pédagogie !?... on peut rien économiser ?
- C’est à craindre.
- Putain, mais y a pas de mémoire dans ce foutu pays ?!
- Pas vraiment.
- Et l’école !?
- Ils l’ont pétée.
- Pétée ?
- Oui, à coups de TF1, TF2, TF3..., à coup de diplômes professionnalisant, de compétition, de sélection, à coups d’ajustements aux besoins du marché et de l’économie du tourisme.
- C’est tout ?
- Non... mais pour aujourd’hui ça suffit.
- Et pour le reste ?
- Y a pas de reste.
- Comment ça ?
- Si tu t’occupes pas bien des enfants... tout le reste n’a aucun sens.
- Alors... c’est foutu ?
- Possible.
- Donc ça sert à rien d’attendre... faut y aller direct.
- Tu l’as dit Maurice.