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Billet de blog 10 février 2017

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La preuve par Fillon

On ne peut pas dire que le spectacle actuellement donné par la troupe dite des "républicains" sur la scène du théâtre des présidentielles nous attriste, bien au contraire. Il y aurait pourtant de quoi, et nous aurons probablement l'occasion d'y revenir.

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Mais il faut convenir tout de même qu'il est assez réjouissant de voir les descendants en droite ligne des adversaires historiques de la démocratie et de la république se prendre les pieds dans le tapis de leurs propres entourloupes, et finalement revenir en victimes contraintes et forcées aux sources de leurs hypocrisies constantes et de leurs turpitudes ataviques.
On ne se refait pas, et Fillon l'aspirant châtelain est bien le juste représentant de ces nostalgiques des trois ordres, de la fille ainée de l'église et  des privilèges de droit divin... légitimé, comble de l'ironie par le suffrage populaire.
Et tout porte à croire que le spectacle ne fait que commencer.
Il y a probablement, comme cela avait été dit à une époque, une forme de bêtise profonde à pousser ainsi la duplicité jusqu'au suicide collectif.
Quelle idée les a pris d'organiser des primaires ? De s'en remettre pour désigner leur champion à cet exercice démocratique, pour eux contre nature, eux qui n'ont eu de cesse de le combattre, de le bafouer ou de le contourner ?
Sans doute pouvons-nous penser qu'à force de raconter des fables aux autres ils ont fini eux-mêmes par y croire.
Il faut dire qu'ils avaient précédemment mis le paquet, par trois fois sans interruption, avec deux champions bonimenteurs comme on n'en avait pas vu depuis longtemps, Chirac I, Chirac II et pour finir le travail Sarkozy.
De l'entourloupe à haute dose, et à chaque fois un peu plus gonflée que la précédente.
A ce régime on fini par être complètement intoxiqué, à ne plus voir très clair et à foncer tête baissée vers le shoot suivant.
Fillon..., Fillon l'archétype du réactionnaire idéologue, catholique conservateur et aspirant châtelain.
Fillon en réalité responsable de pas grand chose dans cette abracadabrantesque affaire hormis ses petites turpitudes de bourgeois provincial cauteleux.
Car le véritable artisan de cette lamentable farce c'est bien Sarkozy, convaincu de ses talents de tribun, de son incomparable pouvoir charismatique et de sa capacité à entrainer les foules sur le chemin d'une éclatante victoire. Poussé au cul il est vrai aussi par la trouille de se retrouver devant les juges.
C'est bien lui qui a eu cette idée de génie, "les républicains" ; et qui, après un quinquennat catastrophique, une défaite bien indulgente et malgré l'évidence de son impopularité définitive, poussé tout autant par son besoin de revanche que par son désir d'impunité, a conduit toute la droite vers cette issue catastrophique en forme de chausse-trappe, les primaires.
Ce type aura été à lui tout seul une catastrophe pour tout le monde, pour nos concitoyens immigrés et issus de, pour toutes les minorités ostracisées ou marginalisées, pour les pauvres et les gens simplement modestes, pour les classes moyennes, pour le pays tout entier excepté quelques privilégiés, pour la république et même pour son parti. Il faut le faire !
D'ores et déjà, ce type méritait indéniablement de rester dans l'histoire ; mais, son chef d'oeuvre reste probablement et très prochainement à venir, du moins faut-il l'espérer, par l'entremise d'un qui n'en peu mais, ce "pauvre" Fillon, instrument d'une démonstration qui le dépasse.
Mais attention, on touche au génie. L'artisan lui même est dépassé, la perfection est involontaire, c'est le miracle d'une oeuvre innocente, un don des dieux fait à un neu neu. 
A travers ses institutions et depuis ses origines la Vème république est à la démocratie à peu près ce que Mac Donald est à la restauration, ou ce que Donald Trump est à l'élégance et à la courtoisie.
Nonobstant, depuis bientôt 60 ans, le grand et glorieux peuple de France, inventeur d'à peu près tout et surtout d'un tas de choses parmi lesquelles les droits de l'homme et la démocratie moderne, excusez du peu, le grand et glorieux peuple de France disais-je, se prosterne régulièrement devant cette supercherie.
D'abord tous les 7 ans puis sans doute dans un souci accru de dévotion tous les 5 ans, à la fois sous couvert et au prétexte de liturgie démocratique, nous célébrons en réalité et avec ostentation le culte du chef et sans le voir ni le savoir le si fameux principe de servitude volontaire, voire le souvenir nostalgique de l'hommage au suzerain.
Et ce faisant, nous n'oublions bien sûr pas de vénérer le père fondateur et ses apôtres, qui étaient plutôt des accolytes tant l'entreprise était dès sa conception sournoise et vicelarde. Car n'en déplaise à quelques Debrés et autres dévots qui nous prennent toujours pour des imbéciles, il ne s'agissait alors ni plus ni moins que de faire obstacle aux communistes, certainement pas de faire oeuvre démocratique. Fut-ce au prix d'une grande mansuétude et de bien paradoxales mesures de réhabilitation dont bénéficièrent nombres de collabos, ennemis jurés de la veille (Papon si tu nous lis...). Tous, comme un seul homme, réacs et barbouzes de tous horizons unis derrière la figure tutélaire de mon général pour sauver la patrie du péril rouge. Ah elle était belle la Vème naissante comme modèle de démocratie !
Pour son oraison funèbre elle ne mérite rien d'autre que "Tu périras par où tu as péché".

La preuve par Fillon.

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