- Faut-il avoir peur de la France Insoumise ?
- Oui.
- Pouvez-vous Maurice nous en dire un peu plus ?
- Est-ce bien indispensable ?
- En principe c'est nous qui posons les questions... faudrait pas inverser les rôles !
- Mais enfin y'a qu'à voir ! Il suffit de regarder.
- Où ça ? Dans quelle direction ?
- Ici, tout autour de nous et depuis des mois.
- Oui... qu'avez-vous remarqué ?
- Une prolifération invasive. Des hordes déchainées.
- Qu'entendez-vous par là ?
- Un accroissement soudain et massif du nombre d'abonnés. Et en même temps...
- Attention là ! Avec des expressions pareilles vous allez vous attirer des ennuis ici.
- Ah ! Vous voyez ! Vous aussi... vous aussi vous avez bien remarqué qu'on ne peut plus s'exprimer en totale liberté... depuis quelques temps.
- Oui, et alors ? "En même temps"... que se passe-t-il en "même temps" ?
- Cet accroissement du nombre des abonnés a coïncidé avec la campagne des présidentielles d'une part et d'autre part avec l'explosion du nombre de billets de blog mais plus encore de commentaires polémiques (c'est un euphémisme) favorables au candidat de la France Insoumise.
- Vous soupçonnez une stratégie concertée ? Une instrumentalisation partisane à des fins de propagande ?
- Totalement. C'est une évidence, notre forum, notre plateforme participative ont été délibérément assiégés et pris d'assaut. Ils ont fait l'objet d'une action concertée, au même titre que tous les "réseaux sociaux" ils ont été l'un des nouveaux champs de la bataille dématérialisée où se déploient désormais les affrontements politiques.
- Oui mais enfin, et pour en revenir à notre question initiale, tous les candidats et tous les partis ont fait de même. Pourquoi faudrait-il faire un sort particulier à la France Insoumise ?
- Et bien... écoutez, en réalité nous n'avons pas été surpris, nous nous attendions à ce phénomène, et nous l'avions anticipé.
- Qu'est-ce à dire ?
- Et bien en août dernier nous avons recruté une équipe pluridisciplinaire de chercheurs chevronnés, linguistes, sémiologues, experts en communication numérique réticulée, etc. etc. et nous leur avons demandé de mettre en place un "observatoire des pratiques" au sein de notre plateforme.
- Et alors ?
- Les statistiques sont formelles, nous avons été particulièrement ciblés par la FI. Mais il faut aller dans le détail pour accéder au plus intéressant.
- Pouvez-vous préciser ?
- C'est effrayant.
- Mais encore ?
- Nous avons atteint un taux de dégradation inédit en un temps record.
- Qu'entendez-vous par "dégradation" ?
- Nous parlons bien des "pratiques" au sein de notre "plateforme participative", autrement dit des "pratiques participatives" que développent nos abonnés. Et par dégradation nous entendons un certain nombres d'évolutions vers des comportements problématiques.
- Par exemple ?
- Les comportements problématiques les plus immédiatement observables et qui sautent aux yeux sont les interventions agressives, en opposition frontale et parfois systématique, avec usage de mots ou d'expressions injurieux, et ce que l'on appelle la mise en cause des personnes "had hominem" et non de ce qu'elles disent. Il y a aussi les interventions perverses, volontairement hors sujet ou sur un sujet adjacent pour brouiller et souvent embrouiller les discussions en cours. Souvent même pour empêcher qu'elles puissent se développer. Il y a encore les pratiques de harcèlement qui consiste à surveiller les publications d'une personne et à la poursuivre de commentaires désobligeants ou disqualifiants.
- Mais ne s'agit-il pas là tout simplement de ce que l'on appelle communément le "trollage" ?
Y'a-t-il autre chose ?
- En effet ce sont généralement des pratiques de trolls, mais ce qui en l'occurrence est significatif ce sont les quantités observées, et la massification soudaine de ces pratiques qui révèlent une dimension politique potentiellement inquiétante. Corrélativement, nous observons la disproportion grandissante, entre le nombre de blogueurs qui publient des textes, qui reste relativement modeste, et le nombre d'abonnés en forte croissance, mais surtout entre le nombre de blogueurs et le nombre d'intervenants qui se contentent de commenter les textes des autres sans jamais rien publiér de personnel.. tout cela est bien inquiétant et symptomatique d'une volonté hégémonique comme l'a révélé l'un de nos rédacteurs..
- Il y aurait donc en effet de quoi avoir peur. Avez-vous Maurice une dernière remarque, un petit complément pour parfaire le tableau ?
- Oui, il aurait fallu aussi vous parler des invectives, des accusation de partialité adressées à notre plateforme elle-même, à notre rédaction et à nombre de ses membres pris individuellement. Mais le plus problématique ce sont d'une part les nuisances occasionnées aux autres abonnés, qui potentiellement pourraient nous causer un préjudice commercial conséquent et d'autre part le développement d'un climat de violence et donc d'insécurité préjudiciable tout simplement à la liberté d'opinion et à la liberté d'expression.
Ici à Répoutégous on le voit la situation est tendue, et l'on peut se demander comme nous l'avons déjà entendu dire, si dans ces conditions, il ne serait pas utile pour les blogueurs d'envisager le recrutement de "gardes du corps numériques" ?
Et si oui, ne faut-il pas craindre alors dans un très proche avenir le développement de véritables "milices numériques" qui imposent leurs lois sur les réseaux ?
C'était Olive, en direct de Répoutégous, pour une interview de Maurice directeur occasionnel de "Répoutégonsensemble", le journal intermittent et bordélique bien connu des répoutégaïres.