Les carottes sont cuites, et Raymond aussi.
Par dessus mon épaule il vient de lire la "lettre ouverte à Gérard Filoche" de Jean-Philippe Prost et "L'aveuglement de la gauche" de Frédéric Lutaud. Il a surtout lu les fils de commentaires.
Il est effondré.
Pourtant, la confirmation de la candidature de Macron et son entrée en campagne l'avaient conforté.
Au 1er tour, Marine allait écraser tout le monde, et avec une forte abstention, la qualification pour le second tour se jouerait à moins de 20%.
En dépit du bilan catastrophique du PS de Hollande tous les espoirs étaient cependant permis à gauche, grâce à Mélenchon et à son capital de départ, proche de 15%.
A deux conditions toutefois et pas des moindres.
Il faudrait d'une part éliminer Juppé et qualifier simultanément Sarkozy et Bayrou en participant au second tour des primaires de la droite pour voter Sarkozy.
Et d'autre part voter massivement utile, pour Mélenchon au 1er tour de la présidentielle.
Macron et Bayrou siphoneraient à la fois Sarkozy et Hollande ou son supplétif.
Et méluche porté par une dynamique modeste mais constante serait second, qualifié contre toute attente pour le second tour.
C'est pas que Raymond soit mélenchonophile. Les mélenchonolâtres en particulier l'emmerdent passablement. Mais faut être réaliste, et puis, dans le contexte national actuel, quel meilleur programme que celui d'une constituante pour une VIème république ?... qui dispense au passage de se disputer sur toute autre proposition, par principe renvoyée à réexamen ultérieur.
Seulement voilà... il y a d'abord eu cette percée de Fillon qui vient à droite présager l'élimination de Sarkozy dès ce dimanche. Or Sarkozy est le seul des 3 impétrants de droite majeurs battable au 1er tour.
Il est donc trop tard pour comploter avec succès, sauf miracle et défaite sur le fil de Fillon ou Juppé lors de ce 1er tour.
Et de toute façon à gauche c'est pas mieux.
A lire les commentaires sur les blogs de Mediapart on voit bien qu'on est dans les nuages, bien loin de la catastrophe qui se prépare, dans une espèce d'inconscience collective planante à dix mille et de joutes éthérées entretenues avec le plus grand sérieux (souvent moralisateur) à propos de cette farce, de ce simulacre de démocratie... que par ailleurs presque tous s'accordent à dénoncer.
Il doit y avoir semble-t-il un problème de nombril et d'idéalisme indécrottable, mélangés.
En politique c'est rédhibitoire.
Et Raymond est effondré.
Du coup Maurice est inquiet. Il ne faudrait tout de même pas qu'il nous fasse une déprime et se résigne.