Cet article intervient en soutien au meeting "Pour une politique de paix, de justice et de dignité" organisé à St Denis le 11 décembre, et il en donne à voir (milieu de première page) un enregistrement vidéo d'environ 1 h .
A bien regarder la vidéo jusqu'au bout et bien écouter particulièrement Ramadan jusqu'à la fin, on ne peut s'empêcher, sauf à être à sourd, de lire le titre de cet article dénonçant la "discorde" pour ce qu'il ne dissimule donc qu'à moitié : "vive le concordat".
C'eût été plus clair.
Et le reste de l'article, sous prétexte de la critique d'une communication pour le moins précipitée d'un chargé de mission gouvernemental, critique qui ne serait pas entièrement iméritée si elle était instruite comme toute bonne critique aussi bien à décharge qu'à charge, ne vient en réalité qu'à titre de justification du message j'espère involontairement crypté, mais décryptable, de son titre.
S'agissant d'un article de la rédaction, c'est à dire d'une production professionnelle d'un (une en l'occurrence) journaliste membre d'une rédaction se réclamant d'une déclaration d'intention ("Le prix de la liberté") portée en bandoulière sous l'onglet "qui sommes nous" accessible en bas de UNE et disant : "Le journalisme dont nous nous réclamons s'inscrit dans une longue tradition. Son ambition est de fournir les informations d'intérêt public qui nous sont nécessaires afin de rester libres et autonomes, maîtres et acteurs de nos destins, individuel et collectif.", on ne peut qu'être résolument indigné. A la manière dont la même rédaction s'est plu à nous y inviter il fut un temps, en relayant sans ménagement l'appel du regreté Stéphane Hessel.
Une indignation qu'il faudrait probablement, pourrait-on penser, tempérer au bénéfice de la relative indulgence qui serait naturellement due en contre partie de cette bonne foi dont il faut à priori faire crédit, sauf à alimenter volontairement ce climat de suspicion généralisée qui envahit la sphère publique et s'alimente aux sources du complotisme le plus débile et régressif.
Mais, ce serait alors faire peu de cas de la réalité des drames personnels et du drame collectif récemment vécus, comme de la réalité de la crise morale aigue et du confusionnisme généralisé qui affectent notre société et des immenses dangers dont ils sont porteurs ; ce serait, à tout le moins cultiver l'indécence de l'instrumentalisation du drame.
Oui, il y a là matière à s'indigner, certainement pas à laisser le champ libre.
Et venir nous faire ici, l'apologie du concordat sous la houlette de Tariq Ramadan ce n'est pas à proprement parler décrypter l'actualité... à l'usage de citoyens "libres et autonomes, maîtres et acteurs de nos destins, individuel et collectif."
Nous n'avons surtout pas besoin de lui, ni de ses leçons pour savoir en quoi l'état d'urgence n'est pas notre tasse de thé.
Ni pour savoir pourquoi et comment nous devons nous prémunir contre le racisme.
"Article" ou "parti pris", il faut chosir.
En ces temps troubles et pervers, merci à la rédaction de s'inviter au discernement.