C'est à peine croyable.
Notre pays est ravagé par une guerre, avec une multitude de victimes prises en otage de part et d'autre, et personne n'en parle.
C'est sans doute parce que tout le monde la fait ou la subi.
C'est sans doute parce qu'il s'agit d'une guerre civile.
Chacun s'affaire à se protéger ou bien à fourbir ses armes et à monter au front.
Pressé d'en finir, submergé de haine ou de rage, aucun ne s'attarde à mesurer l'étendue du désastre.
Les guerres civiles dit-on, sont les plus terribles.
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Je n'ai jamais accordé le moindre crédit à la parole de Tariq Ramadan.
Il ne suffit pas d'être intelligent pour être crédible. Ni de dire des choses intéressantes pour l'être soi-même.
C'est peut-être en raison de mon aversion catégorique (impérative, aurait dit l'autre) pour les curés.
Ce type est un curé et il fait le sale boulot de tous les curés, il prêche.
Il dit aux autres ce qu'ils doivent penser.
En faisant semblant de chercher ce qu'il faudrait qu'il pense lui même. Autrement dit, en cultivant l'image de l'intellectuel shooté à l'érudition, qu'il affecte indéfectiblement et en toute occasion de donner ostensiblement de lui-même. Avec succès.
Il faut reconnaître qu'il est assez brillant dans l'exercice, maniant à l'envie les circonvolutions, finesses et saillies oratoires qui laissent systématiquement son auditoire du jour baba.
Un as du trapèze.
Face à ce genre de zigoto, ce qui ne laisse pas de me surprendre, c'est l'aveuglement ou la naïveté de tous ceux qui n'ayant, à priori, strictement aucune proximité idéologique avec lui, acceptent cependant de lui accorder une part du crédit ou de la légitimité dont ils jouissent eux-mêmes en "s'asseyant à sa table".
Y aurait-il là, la marque d'une faiblesse passagère de leur appareil critique ???
Car enfin, nul n'est besoin d'aller redécouvrir aujourd'hui l'eau tiède en islam.
On connaît bien la musique, d'expérience.
Toute l'histoire de notre chère et bonne chrétienté n'a été pendant deux millénaires que l'exercice abouti et au combien "successfully" des mêmes marchands de servitude.
Nonobstant tous les honnêtes, authentiques et bienveillants pasteurs ou tous les intellectuels croyants de haut vol (je pense particulièrement et par exemple à Théodore Monod dont nous étions nombreux à apprécier au delà de son travail la leçon de vie) que l'on voudra bien nous servir et convoquer comme témoins à décharge.
Il n'y a pas à tergiverser.
L'histoire existe, les faits sont documentés, l'affaire est définitivement entendue.
Les tristes et insupportables affaires de cul, dont il est accusé c'est autre chose.
Mais on ne peut éviter de constater si elle s'avèrent exactes, et il est bien difficile d'imaginer qu'elles puissent n'être qu'affabulations, qu'elles seraient parfaitement raccord avec le costume de duplicité qui sied à merveille à ce genre de triste sire jésuitique.
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Je suis bien d'accord pour ne pas assimiler islamophobie et racisme anti arabe, et nier à ce titre toute réalité autonome à la première.
Cependant, en contexte (en France, en 2017) il faut me semble-t-il aborder aussi cette question sous le principe de l’éthique de responsabilité (le poids des mots).
Et sous cet angle, je ne suis vraiment pas sûr que la mobilisation anti-islamophobie promue par Mediapart soit en France une bonne pédagogie. Ni même une stratégie judicieuse face à la réalité des maux qu’il s’agit de combattre. Elle cultive me semble-t-il et participe du confusionnisme ambiant moyennant lequel s'affrontent par exemple ici au sein du mediapartclub des positions qui ne sont irréconciliables qu'en raison de surdités ou aveuglements et d' a priori symétriques.
D’une certaine façon à rebours de nos deux siècles de combat pour la difficile construction d’une république laïque, cette mobilisation anti-islamophobe relégitime le fait religieux comme essentiel de nos identités et appartenances civiles, et occulte incidemment le racisme de fond qui est le substrat sur lequel est abusivement cultivé un affrontement à base de traditions cultuelles qui ne concernent en réalité qu'une infime minorité de part et d’autre.
Ce racisme sous-jacent dont on connaît les racines culturelles et historiques est bien en effet le passager clandestin de l’actuelle vague dite islamophobe, qui n'en est donc que le symptôme. Et soigner un symptôme n'est pas soigner. (Sans doute faudrait-il aussi pour aller plus au fond, analyser ce racisme dissimulé comme repli, voisin du repli nationaliste, en défense contre les agressions et l'inhumanité du régime concurrentiel qu'impose aux individus le néolibéralisme mondialisé.)
Mais faute d'appeler un chat un chat, en en faisant le leitmotiv d'interventions publiques et d'éditoriaux, on ne peut pas simultanément essentialiser impunément l'islamophobie en considérant implicitement qu'elle est la manifestation univoque d'une tendance homogène de l'opinion publique. Il y a à minima des motifs circonstanciels o combien légitimes de défiance vis à vis de l'islam. Dénier leur réalité en amalgamant cette défiance à un tout imaginaire traditionnellement raciste, construit et réactionnaire ne permet pas d'être audible. Et n'est tout simplement pas crédible.
Et le préjudice n'est pas anodin.
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Il va de soit, mais comme toujours ça va beaucoup mieux en le disant, que le principe d'éthique de responsabilité devrait avantageusement s'imposer tous azimuts. On ne saurait l'opposer à la seule rédaction de Mediapart ; du côté de Charlie il justifierait tout autant de mises au clair.
Ceci présupposant bien sûr que l'on s'abstienne de tout procès d'intention à priori et à l'endroit de chacune des rédactions.
Et de ce point de vue on s'abstiendra donc aussi, de ranger ce pauvre Valls dans la catégorie des azimuts. Il relève pour sa part de la catégorie, assez fournie il faut le dire, des cas désespérés.
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- Et les otages ? Dans ton titre et ton introduction tu parlais d'une "guerre des otages", ils sont où tes "otages de part et d'autre" ?
- Ne t'en fais pas Maurice, se sont les plus nombreux et ils se reconnaîtrons. D'ailleurs, l'ignorerais-tu ?... Tu en fais partie.
NB. Ce billet est un billet parfaitement tâtonnant. Construit à partir d'un commentaire il exprime une opinion tout à fait incomplète, un peu bordélique et hésitante face à une situation dont j'ai le sentiment que la complexité me déborde. J'accueillerai donc avec bonheur les commentaires bienveillants qui viendront me border, ou me reborder.
NB². Pour être plus explicite je rajoute après coup Tariq dans le titre