Le timing est pédagogiquement absolument parfait.
Au cœur de la séquence électorale française majeure (et assez cocasse dans ses conséquences immédiates, il faut bien le dire), une obscure affaire conflictuelle s'est envenimée sur "le piton", mettant aux prises : le maire de la cité, le président du conseil départemental et le collectif d'une Société Coopérative d'Intérêt Collectif porteur d'un projet de "tiers lieu" sous l'appellation "Station A", implanté sur le domaine de l'ancien haras national.
Le "piton" étant comme chacun ne sait peut-être pas, le "petit nom" par lequel les habitants de Rodez (capitale de la lointaine province du Rouergue, ou du non moins lointain département de l'Aveyron - essayez de venir en train depuis Paris, vous comprendrez) désignent leur ville en effet perchée sur une butte au pied de laquelle s'écoule la rivière Aveyron. (N'est-ce pas poétique ?)
Mais de poésie l'affaire est assez dépourvue, et pour bien comprendre il n'est pas inutile d'avoir lu les chapitre I et II qui sont disponibles à la Une du Petit CAILLOU. Prenez le temps si ce n'est déjà fait.
Toujours est-il qu'après un recours devant le tribunal administratif début juin, Station A se retrouve dans l'impasse et que les 26 emplois que porte déjà l'initiative, sont menacés à très brève échéance (au 30 juin très précisément).
Arnaud Viala président (LR) du conseil départemental propriétaire des lieux à décidé d'expulser à cette date son locataire (à titre précaire) Station A, pour vendre le site à Christian Tesseydre maire (LRM) de la ville qui veut l'acheter pour y installer un service public dédié à une panoplie assez mal dégrossie, d'activités sociales et de loisirs.
Une pétition de soutien réunit à ce jour près de 6400 signatures (elle reste ouverte à cette adresse https://www.change.org/.../pr%C3%A9sident-de-la-scic... , n'hésitez pas), et un appel à manifester devant la préfecture ruthénoise est lancé par Station A pour ce samedi à 10h30.
L'enjeu immédiat étant d'obtenir du maire de Rodez et du président du Conseil départemental l'ouverture d'un dialogue (une médiation) qui permette de "sauver la saison d'été". Et à plus long terme de sauver Station A en ouvrant des perspectives concrètes de relogement, ou de partenariat sur le site du haras. Ce qui serait à l'évidence la solution la plus intelligente et la plus féconde, tant malgré son fourre-tout assez imprécis le projet mis en avant par le maire de la ville et celui porté par Station A ne présentent aucun signe d'incompatibilité.
Bien au contraire, au regard des capacités et du potentiel du site il y aurait une belle opportunité de complémentarité et de mise en synergie à jouer.
Mais, cela suppose de sortir des postures, idéologiques, ou de pouvoir, ou les deux à la fois ??? Et de faire tourner quelques neurones.
Ne nous privons pas de rappeler que la république macronienne, à travers son "Ministère de la cohésion des territoires" soutien activement le développement des "tiers lieux" https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/tiers-lieux...
En fait cette affaire est assez emblématique des dérives que connaît notre vie publique dans cette Vème république finissante (l'agonie est longue) du plus haut jusqu'au bas de l'échelle.
Des dérives qui viennent d'être particulièrement bien sanctionnées par le résultat des législatives, mettant le nez de Jupiter dans son caca.
C'est pourquoi on aimerait bien savoir précisément combien de Conseillers départementaux approuvent la décision d'expulsion du président Viala, qui fut élu aux dernières cantonales de 2021 avec 3499 voix sur 9093 inscrits dans son canton soit 38,48% des citoyens (même pas la moitié).
Et tant qu'à faire, transparence démocratique et courage politique obligent, on aimerait bien voir la liste nominative des dits Conseillers départementaux.
Et pour ne pas faire de jaloux entre nos petits jupiters à nous.
On aimerait bien aussi, savoir précisément combien de Conseillers municipaux approuvent les décisions d'achat du domaine et d'extension des services publics municipaux du maire Tesseydre, qui fut élu à la tête de sa liste en 2020 à la mairie de Rodez avec 2846 voix, soit sur 14962 citoyens ruthénois inscrits, 19,02%. Même pas un cinquième des ruthénois, encore moins que Macron au 1er tour de la présidentielle.
Et tant qu'à faire, patati patata... la liste nominative patati patata...
Sainte démocratie priez pour nous.
Voilà, c'était la petite leçon ruthénoise.
