Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater qu'au delà des affichages marketing qui voudraient s'opposer, les duelistes de ce deuxième tour des présidentielles 2017 tirent en fait sur la même bonne et vieille grosse ficelle de négation de l'exercice démocratique et d'escamotage de "la question sociale" au profit d'un nationalisme subliminal et quelque peu irresponsable pour l'un, franchement déboutonné et conquérant pour l'autre.
L'addition "Et droite et gauche" de Macron fleure bon le rassemblement national pour "les français d'abord" de Marine.
A bas le dissensus, vive la nation !
C'est une catastrophe.
D'autant plus qu'elle avance masquée sous l'opposition de façade entre européistes et europhobes, que les commentateurs patentés unanimes s'appliquent à nous vendre depuis dimanche soir comme nouveau paradigme du débat démocratique... national.
La lutte des classes est définitivement enterrée, alléluia ! alléluia !
Il faut reconnaître que de droite à gauche tout le monde s'est bien appliqué depuis des lustres (un peu plus de deux précisément) à ce qu'ainsi, au profit d'une méprise originelle, dans la joie et la bonne humeur de l'affirmation identitaire nationale, les petits consentent enfin à se faire plumer sans barguigner et même avec allégresse par les gros.
Il faut reconnaître aussi que l'alternative n'est intellectuellement pas aisée, ni à concevoir, ni à défendre (j'en fais personnellement l'expérience ici au sein du mediapart club depuis 9 ans). Les pesanteurs historiques et culturelles sont si prégnantes.
Mais quoi !?
Ne serait-ce pas justement la vocation de la gauche de travailler à notre émancipation de toutes ces vieilles lunes qui nous embrument la comprenette pour le plus grand profit des éternels tireurs de ficelles.
Il paraît que nous sommes à l'heure de la "recomposition" de la gauche.
Pour sortir de l'impasse démocratique :
- on aimerait donc, qu'enfin, sous l'étiquette "socialistes" abusivement préemptée depuis Mitterand par de sombres et égotiques ambitieux à tous les étages de la république, le grand ménage qui s'impose advienne enfin.
- et, on sera donc très attentif à la contribution lumineuse que ne manqueront pas de faire prévaloir les insoumis de Jean-Luc.
Mais tout cela suppose, dans les deux cas, quelques révolutions qui probablement ne viendrons pas.
C'est bien dommage et c'est très triste, mais c'est comme ça.