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Billet de blog 30 octobre 2009

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Désidentification nationale... vers le bout du chemin.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est bien sûr un espoir, probablement pas une anticipation.

Tant pis, pourquoi ne pas se faire plaisir ? Et mettre en partage.

J'ai lu avec intérêt les articles, les billets et la plupart des commentaires publiés ici suite à la dernière Bessonnerie car il me semble que se tient là, en creux, si ce n'est l'une des voies les plus pertinentes, du moins l'une des conditions nécessaires pour un possible réarmement idéologique à gauche.

Il faut reconstruire, c'est évident, et retrouver je crois le fil d'une pensée égarée peu à peu depuis deux siècles et au grès des contingences, une pensée désormais en panne sèche, stérile, inexistante.

Et je crois que la Nation est un concept essentiellement incompatible avec une pensée progressiste, humaniste et sociale, un concept qu'il convient donc de remettre en question.

Or la pensée de notre gauche républicaine s'est en grande partie construite sur le mythe national hérité du monarchisme absolu de l'ancien régime et recyclé à coup de représentations symboliques puissantes parmi lesquelles et à titre emblématique, la très fondatrice bataille de Valmy.

La IIIème République, son colonialisme et son école se sont chargés de la consolidation populaire de l'ouvrage, sur fond de conflictualité franco-germanique, et quand se fut l'heure de la rédemption droitière gaulliste le piège s'est bien tendu. Il suffit quelques années plus tard que survint l'immigration nord-africaine pour qu'il se referme. Depuis, on tourne en rond.

Il y a donc à détricotter, et à détricotter beaucoup, pour libérer une pensée enfermée dans le cul de sac du territoire "des imbéciles heureux qui sont nés quelque part", et pour retrouver l'élan universaliste originel qui, tous comptes faits, est bien la seule matrice possible d'une authentique pensée de gauche.

Fort opportunément, le capitalisme, son marché et sa financiarisation, mondialisés, sont venus nous dire la désuétude, l'outrecuidance, l'ineptie du carcan national.

Fort opportunément, les crises, économique, environnementale, humanitaire ..., planétaires, sont venues nous dire l'incompétence, l'obsolescence, l'impuissance des nations.

Il y a donc du grain à moudre.

Mais ce n'est pas qu'une question de réalisme.

C'est aussi une question de rationalité,

d'émergence de l'humanité hors de ses peurs,

de ses peurs du manque,

de ses totems protecteurs,

de ses territoires refuges,

de ses croyances conquérantes,

et de ses aristocraties cupides, malhonnêtes et belliqueuses.

S'extraire du sol ne suffira certainement pas, il faudrait aussi nous guérir de la mutilation matérialiste. Mais peut-être faudrait-il commencer par prendre enfin au sérieux la réalité appatride des profiteurs.

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