Il était une fois…
Par cette formule du conte s’ouvrirait le chantier qui a accaparé l’un de mes quatre domaines de recherches, celui qui détient un potentiel citoyen susceptible d’injecter des avancées significatives dans l’espace économico-politique actuel, désespérant.
Par avance, j’exprime à l’équipe de « Vivre au village », blog qui m’a sollicité à titre de contact, mon regret et mon espoir de ne pas rompre nos liens esquissés. Ce qui suit détaillera l’itinéraire suivi par plus de trente années de labeur obstiné, et d’où a résulté la constitution d’une Base de données en 12 « Gisements de richesses associatives » lourde de quelques 4 millions de références.
Or, parmi les membres de ce blog « Convivialiste » figurent des chercheurs qui ont obstinément refusé d’adhérer à mes découvertes d’acteurs solidaires innovants, en maintenant leur « entre soi » bien trop étroit, fermé à la prospection en direction d’autres ressources que celles qu’ils avaient entérinées…
C’est l’une des motivations de ce billet. A eux, de même qu’à n’importe quel autre lecteur de ce billet, je propose de suivre par quel itinéraire j’ai accédé à la découverte de richesses associatives capables de constituer une économie alternative à celle des transnationales mondialisées verrouillant les développements nationaux. Ma quête reste à étendre à l’international, par le dépouillement des organismes associatifs créés en Europe, en Afrique, au Moyen Orient, en Asie.
Limites aux résultats obtenus par ma prospection : le contenu des activités effectuées par ces acteurs demande à être vérifié, au-delà de leur « objet » déclaré au JO. Par ailleurs, restent à examiner la qualité de leurs liens avec des structures positionnées sur des missions équivalentes, proches, complémentaires aux leurs.
En attendant, j’espère motiver à se lancer sur mes traces en racontant…
Il était une fois, 23 sources d’informations essentielles à la relance de nos économies par des pratiques de réactualisation des équidés, de sports de plein air liés à des exercices de bien-être, de protection animale, de circuits courts en alimentation bio, d’artisanats fructueux, de volonté de dynamisations citoyennes, de valorisation des cultures artistiques et scientifiques, des actions de formation insérante et de retour à l’emploi, de sauvegarde des environnements, d’ouvertures à l’internationale, de coopération avec les pays les plus démunis. (C’est la liste des 12 Gisements, dans l’ordre de leur numérotation. Sur www.cheminements-solidaires.com on trouvera des cartes dites « interactives » créées par Bruno Choplin qui les exposent).
Chronologiquement, en 1974, la source N° 1 fut l’épluchage de journaux locaux pour y dénicher des reportages présentant des initiatives solidaires et à portée économique. Toutefois, cette tâche très artisanale va se trouver classée en 7° position : elle fut le marchepied qui me propulsa comme chargé de mission au cabinet de Guy Hascoët, nommé Secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire par Jospin, entre avril 2000 et mars 2002.
La source N° 1 fut l’initiative décidée par mon ancien élève de philo devenu Ministre : « Dynamiques Solidaires », un Appel à Projets doté de 50 millions d’euros, qui recueillit plus de 5 000 candidatures sous forme de dossiers informatisés. Le malheur, qui faillit me pousser à démissionner du cabinet, c’est un jury quasi-mafieux de copinages, qui trancha par copinages et recommandations sous le manteau, en faveur de 183 lauréats. Ces lobbies sont-ils incontournables, polluant nos mœurs politicardes ? Toujours est-il que je poursuivis ma mission en obtenant d’étudier la totalité des 5 000 dossiers. Le renouvellement en 2001 m’échappa, les candidats étant traités par des CRES (Chambres Régionales de l’Economie Sociale), technocrates aux ordres des grosses structures déjà largement subventionnées ! Je parvins à récupérer 1 800 dossiers informatiques en 2002. Donc, travail de Bénédictin pour diagnostiquer la valeur de ces candidats, avec en conclusion que presque tous méritaient un suivi et un appui qui leurs étaient refusés gouvernementalement… Je partageai mon temps au cabinet à étudier les dossiers et à animer des rencontres en régions avec des échantillons de ces « oubliés » …
La source N° 2 pourrait s’intituler « comment, par quoi rebondir à partir des dossiers de candidature ?» : elle résidait dans les partenariats que chaque candidat devait mentionner.
A raison de cinq à dix par projet, la moitié dotés de sites Internet, j’avais là du grain à moudre. J’ai complété par des visites aux administratifs régionaux en charge de l’économie sociale et solidaire, qui m’ont soumis des acteurs n’ayant pas postulé.
A partir de là, j’ai dû l’extension de mes sources à mon imagination, nourrie par mes archivages depuis 1974 (Rappel : l’imagination est créatrice ; rien à voir avec l’imaginaire, évasion irréaliste). La source N° 3 m’orienta vers les Salons, dont Marjolaine à Paris et Primevère à Lyon, que j’arpentai de A à Z, me chargeant de leurs dépliants, revues et autres documentations sur chaque exposant. En source N° 4 vinrent les Syndicats d’Initiative et Offices de Tourisme, également richement fournis en flyers et autres annonces. S’insèrent en source N° 5 les « oubliés » récoltés en régions auprès des délégués à l’économie solidaire ; et la source N° 6 des revues spécialisées (en premier lieu le magnifique « Silence ! »), obtenues par la source N° 8 du Portail Internet totalisant la presse alternative, « Gavroche ».
Analogues à Gavroche et à Silence !, en source N° 9 intervinrent les Guides Fraisse, délivrant des références par département sur des milliers de sociétés opérant dans tous les secteurs de l’économie à titre de novateurs solidaires. Toujours par déduction imaginative se présentèrent les thèses et maîtrises à trier méticuleusement (source N° 10) ; puis leurs cousins, les rapports d’études parlementaires, de l’Assemblée et du Sénat, cette source N° 11 vite complétée par la source N° 12 des milliers de questions aux gouvernements, heureusement archivées sur les sites parlementaires.
Vinrent les sites des mairies, une source N° 13 très mince, décevante au possible, et, par la source N° 14 des radios locales, la piste d’une pépite radio nationale, les Carnets de Campagne de Philippe Bertrand. Plus délicates à se remémorer, voire même un « blanc mémoriel » persistant qu’il ne s’explique pas, furent les membres de l’Alliance pour la Planète, une source N° 15 comportant elle aussi des revues, telle l’Age de Faire et les dossiers très instructifs d’une autre au titre impossible à retrouver ! Rage !
Heureusement, ses nuages mentaux se dissipèrent pour quatre liens suivants. Il s’empresse de les énonces : source N° 16, le portail des Pays de Loire « Alcid » qui recense les acteurs pratiquant un codéveloppement avec les pays africains ; source N° 17, le portail européen « Cordis » qui archive lui aussi les coopérations et novations menées par les nations européennes ; source N° 18, le CESE, Conseil Economique Social et Environnemental, auteur de dossiers couvrant tout l’éventail des défis à assumer par des novations.
L’enchaînement s’opéra avec la source N° 19 du PSDR, Pour et Sur le Développement Régional, octroyant 1 million d’euros aux chercheurs exhumant des avancées territoriales à valoriser, mis en place dans une dizaine de régions. Le source N° 20, elle, fut constituée d’universitaires, appartenant au MAUSS, Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences Sociales, clin d’œil au Marcel Mauss de « L’essai sur le don ».
En source N° 21, il avait classé un nouveau portail Internet européen, Ecosapiens, en raison de son statut original, car il envisageait le passage de coopérative à SCIC, Société Coopérative d’Intérêt Collectif, instauré en 2001 par Hascoët. Là, on trouvait des sociétés productrices de biens écolos, de services citoyens, etc. fonctionnant dans les 27 Etats de l’Union Européenne.
La revue des sources s’achevait par deux des plus évidentes, comme quoi quand la formule « l’évidence crève les yeux » nous signale que notre conscient n’est que le dixième de la masse immergée de nos pensée, elle tape juste. En effet, la source N° 22, surgie si tardivement, qui renvoie au Journal Officiel, centralisant 5 millions de déclarations à croiser entre elles, réclame un travail de titan pour l’exploiter utilement, en extraire des Gisements novateurs solidaires. Idem pour la source N° 23 où il a regroupé l’usage des annuaires postaux et téléphoniques afin d’y découvrir les organismes dignes de figurer parmi les innovants et citoyens.
OUF !!... Qui aura parcouru cette longue revue de moyens disponibles pour s’informer vraiment sur la vitalité d’une France civile, masquée par des réseaux sociaux accaparés par des nombrilistes superficiels ? En tout état de cause, qu’en retient mon fraternel contact « Vivre au Village » ? Le convivialisme a-t-il entrevu que la continent solidaire sous-jacent à la France s’étend bien au-delà de la notoriété étroite de quelques grosses structures « philanthropiques » et/ou « humanitaires » que retiennent Hulot, Pierre Rabhi, Patrick Viveret, et des universitaires qui m’ont beaucoup peiné, blessé et desservi. Mais eux, ils occupent le haut du pavé de l’économie « sociale » tandis que moi, je me traîne dans les oubliettes fangeuses de l’économie solidaire…