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Billet de blog 7 octobre 2021

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Les avatars de l’offre politique actuelle, indicateurs d’un régime dans l’impasse ?

L’électorat actuel est-il placé majoritairement face à l’alternative entre soit un vote « par défaut », soit l’abstention faute d’adhérer à une offre ? Quels facteurs invoquer (économiques, historiques) qui expliquent ces blocages électoraux ? Que retenir d’une perspective « participative » qui remédierait aux limites de l’électoral ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’élection présidentielle de 2022 nous fait craindre de devoir trancher entre la peste Front National et le choléra Macron. Tout comme en 2002, avec un Chirac réélu avec un score massif. Mais, après tout, on n’oubliera pas la proportion d’électeurs favorables à ce Président en place, et qui souhaitent le voir réélu.

Je diverge avec ce point de vue, car j’estime qu’il a trahi ses engagements, qu’au lieu de décider selon son « en même temps », sur deux jambes, il s’est mis, aussitôt à l’Elysée, à agir en unijambiste en faveur des fortunes, en supprimant leur impôt. « Président des riches », cela n’avait rien d’étonnant, eu égard à son parcours d’énarque pantouflant dans une grande banque. En outre, ministre de l’économie de François Hollande, il avait bien dissimulé son intention de coucou, démissionnant avant le lancement de la campagne, assuré de soutiens financiers que son poste ministériel avait facilités pour lui, et se précipitant pour coucher dans le lit de son ancien Président…

Si l’on revient à l’offre traditionnelle en France que la percée intempestive de Macron a voulu disloquer, je la pèserai à l’aune de la devise républicaine. Comment mettre le plus pleinement en application les trois valeurs idéales, « Liberté, égalité, fraternité », fixées aux citoyens ?

Leur juxtaposition implique que chacune n’a de sens qu’en intégrant les deux autres, ce qui signifie que leur ordre d’énonciation est indifférent, ne les hiérarchise pas. Pas de liberté sans égalité, etc. Et en effet, « liberté » est au singulier. Au pluriel, aurait subsisté le doute de n’en avoir pas omis une : circulation, expression, pensée, opinion, religion, réunion, manifestation, syndicale, associative…En 1789, les libertés ne sont pas dissociées des droits : à savoir propriété, sûreté, résistance à l’oppression.

Etonnant, de citer ces formulations juridiques doctrinales sans relever leurs incohérences ! Il s’agit de la généralité « les hommes », donc de tous les hommes. Si on leur garantit les 3 droits spécifiés, alors aucun ne peut devenir l’esclave ou le serf d’un autre !... L’égalité « en droits » renvoie au fondement d’une « utilité commune » : les rédacteurs auraient-ils eu en tête que ce qu’ils nomment « distinctions » pudiquement désignent des inégalités dans les possessions, libres de s’étendre à des disproportions telles que ceux qui ne détiennent rien n’ont comme perspective que celle de soumettre leur force de travail à des employeurs qui les salarient -ce qui reconstitue une dépendance confinant à un esclavage ; et inégalité de statut entre salariés et patrons que confirme la Loi Le Chapelier de 1791.

1848 modifie l’article 1, en insérant l’égalité en dignité, et en fixant comme obligation « d’agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », d’où se déduit l’abolition de l’esclavage.

Sans plus détailler les dispositions juridiques des constitutions successives depuis 1789, ce qui enfermerait dans un juridisme subsidiaire à des principes doctrinaux sur le régime politique à choisir, on retirera de ce chantier historique descriptif que notre nation s’est étoffée progressivement d’alternances entre des options relevant de diverses droites (1815, Thiers, et deux Empires) et de diverses gauches (1830, 1848, 1871, 1945, 1962, 1968…).

Dans la mémoire collective, entretenue par les programmes d’enseignement sur notre histoire, ainsi que dans les composantes de catégories socio-professionnelles de notre peuple, se stratifient des types de mentalités, d’idéologies, qui motivent les options électorales des votants. Or, un corps électoral résiste à l’analyse rigoureuse, l’entre-croisement des facteurs sociologiques, psychologiques, linguistiques, joints à la pression de circonstances et d’évènements du moment, et aux bilans tirés par les électeurs sur leurs élus, restant mal ou non explicités (on verra l’insuffisance des « sondages », des discours de « politologues » !), échappe à notre connaissance.

Une telle incertitude livrant les citoyens à l’influence de médias d’opinion, à la pression d’influenceurs visant à manipuler les votes, à l’écart des partis. Ainsi, la circulation de rumeurs, des interviews menées par des journalistes non objectifs, non neutres, contrebalance les contenus de programmes politiques -lesquels ne sont pas fiables pour ce qui est de leur mise en pratique, les promesses « ne valant que pour ceux qui y croient » !

On mesure là en quoi le « cirque électoral » manque de sérieux, compromet la confiance que devrait inspirer le « régime démocratique ». Cette dernière notion nécessite donc un décryptage qui établisse en quoi elle recouvre ou non un mode de gestion politique fiable, et selon quels degrés de validité. Nous le mènerons selon trois axes : examen lexical sur le sens à donner à « Etat, pays, patrie, peuple, nation », ce qui suscite la confrontation entre « démocratie politique, sociale, populaire » ; puis diagnostic sur les deux versions que recouvre la généralité « démocratique », c’est-à-dire « élective » et « participative ».

UN : Parler de « pays » veut dire adopter un point de vue géographique, caractériser un territoire par sa localisation dans la planète, ce qui entraîne ses caractéristiques climatiques, sa géologie, fleuves, plaines, montagnes, agriculture, peuplements… Bref, ses traits qu’on dit « physiques et humains ».

Se référer à « patrie » renvoie à l’histoire d’une population qui s’est unifiée à l’intérieur de frontières conquises, parle une langue commune au-delà de dialectes et de patois locaux, et communie sur du sacré injecté sur son sol.

« L’Etat » appartient à un domaine juridique. Au-delà (ou en-deçà ??) des Assemblées et Gouvernements, un système de droits régit ses administrations, règle des litiges, fixe des normes aux contrats civils conclus entre individus (mariages), organisations.

Ainsi, l’Etat détient le pouvoir de décider si le « droit du sang » par les filiations parentales, l’emporte sur le « droit du sol » afin d’attribuer une nationalité à l’un de ses sujets.

Avec le « peuple » intervient la logique politique. C’est lui qui se fixe ou accepte le régime qui détiendra les pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire. C’est dans ce cadre populaire que se choisit le type de démocratie qui sera constitutionnellement adopté.

Enfin, la « nation » engage un double point de vue, économique et social. Elle compose les CSP, Catégories Socio-Professionnelles…

Toutefois, faire intervenir l’organisation du travail dans une collectivité reste problé-matique. En effet, « travail » se dédouble en métier (exercice technique d’une activité productive ou de services) et profession (statut affecté au métier, qui les hiérarchise selon des prestiges, des avantages liés à eux -comme on l’a vu à propos des soignants, puis des enseignants, trop peu considérés de nos jours eu égard à leur utilité collective).

Ces distinctions sémantico-lexicales débouchent sur une dynamique de réflexion. Celle-ci engage les options politiques partisanes. Ainsi, une droite sure ou « extrême » retiendra centralement que le peuple se fonde sur le respect de la patrie, impliquant un droit du sang pour attribuer une nationalité. Pour des partis de droite, compte d’abord l’Etat, son droit, ses administrations à préserver ; en quoi elle se veut « conserva-trice », ce qui vise la stabilité institutionnelle.

Quant à « la » gauche, elle s’est divisée (Congrès de Tours, Conseil National de la Résistance, Front Populaire, colonialismes et guerres d’indépendance dans ses possessions ont poussé à démarquer ses choix politiques). Un socialisme (social-démocratie de Jaurès, Blum) s’est dissocié d’un communisme marxiste. De 1917 à 1981, ces deux courants de gauche/extrême-gauche ou gauche radicale ont alterné opposition et alliances… Si la démocratie « populaire » a fait long feu en France, vaincue par les horreurs dictatoriales du stalinisme, les trotskistes n’ayant pu implanter leur doctrine, restant marginaux, elle survit dans le monde sous sa forme maoïste.

Hors de cette exception, la possibilité à gauche d’implanter une démocratie « sociale » demeure active, fait l’objet d’un horizon politique. Entre 1983 et 2016, la social-démocratie a disloqué le socialisme, l’a condamné à disparaître de la scène électorale. Un « tournant de la rigueur » a vite démasqué un Mitterrand qui ne s’est coulé dans la peau socialiste que pour accéder à son pouvoir personnel (anticipant Macron, tout comme un Jadot qu’il suffit d’avoir fréquenté dans l’Alliance pour la Planète pour discerner qu’il n’est qu’égologiste…). Cantonné à des réformes sociétales, Mitterrand a capitulé devant le fric, entraînant l’opinion d’une gauche molle, bourgeoise, de classe moyenne, à adhérer au néo-libéralisme capitaliste.

Après lui, Hollande a achevé de sonner le glas de la démocratie électorale.

Juche sur son camion au Bourget, claironnant « Mon ennemi c’est la finance », il va trahir illico cette promesse d’égalitarisme social, par le CICE entre autres, prime d’Etat à la casse des emplois, encourageant la précarisation des prolétaires… Résultat : portes du pouvoir grandes ouvertes à un Macron, en attendant le suivant…

Le corps électoral, déboussolé depuis les trahisons socialistes, n’a d’autre perspective que de laisser parler dans les urnes un « marais centriste ». Mot d’ordre implicite : se garder des aventures, des populismes de droite comme de gauche.. Le besoin d’une stabilité raisonnable l’emporte.

Pour le moment… Attendons, observons si le blocage d’un système électoral inepte va s’opposer longtemps au silence qu’il impose au peuple. En effet, n’est jamais pris en compte la dictature du chiffre majoritaire, qui sacrifie une moitié du « peuple », absurdité chronique, sans l’effort de bon sens pour imaginer des droits aux « oppositions » … 50% des votants, battus à des élections, sont sommés de se taire, de supporter les mesures injustes prises par leurs égaux victorieux ??

Là surgissent les insurrections des « participatifs », revendiquant leurs référendums d’initiative citoyenne révoquant des dirigeants menteurs, lâches, incompétents. Sont réclamés d’abolir les 483 niches fiscales qui frôlent des évasions de fraudeurs jamais sanctionnées, d’éradiquer la pieuvre lobbyiste anti-démocratique qui fait régner les intérêts privés…

L’inconnu tient dans le futur de ce qui a surgi à l’automne 2018, à condition de l’articuler avec des apports bien plus substantiels mais délicats à partager, à promouvoir. Or, cela fait surgir deux verrouillages à vaincre, ce qui n’est pas un mince travail d’Hercule ! D’une part, on aura à récapituler le hold-up commis par les milliardaires français qui ont fait main basse sur les organes de presse. D’autre part, sont à mettre en lumière des « sondages » d’opinion biaisés, organismes possédés par des fortunés favorables à Macron, n’hésitant pas à recourir à des biais falsificateurs.

C’est pourquoi ce billet exige d’être prolongé, approfondi, par une requête à Mediapart et à ses membres désireux de faire progresser une démocratie sociale en perte de vitesse apparente, mais nichée dans les espoirs secrets, telle la « vieille taupe » dont ma jeunesse raffolait… Au-delà de la « décroissance » dont on entend parler épisodiquement, l’aspiration libertaire est à rebrancher sur des Amérindiens dont on ignore qu’ils ont transformé le monde à la Renaissance.

Plus que surprenant, fantaisiste, délirant ? De grâce, qu’on puisse au moins en discuter sur pièces. Donc à bientôt ?

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