À un contributeur qui en malmenait un autre en ironisant sur son extermination à venir, pour avoir osé, sur ce fil de commentaires récent, comme d'autres avant lui, illustrer sa protestation contre les mesures gouvernementales et l'ambiance délétère qu'elles induisent par le rappel mémoriel du port de l'étoile jaune, j'ai répondu ceci,
Même remarque que pour Aliosha plus haut, la folie n'est pas ici à l'acclamation de ce qui est dénoncé, mais à l'ironie pseudo compassionnelle, avec en prime jeu de mot stupide sur le nom de l'interlocuteur.
L'étoile jaune, la mémoire qui ne s'embarrasse pas du devoir, est une illustration pertinente de ce qui se joue, se trame. À l'heure où l'Italie instaure l'obligation vaccinale, je demande ce qu'auraient décidé ceux des juifs pieux de 40 que la peur n'habitait pas si on leur avait promis la vie sociale normale et la vie sauve en échange de l'abjuration de leur foi. Ceux là auraient-ils préféré se débarrasser de leur étoile jaune pour circuler librement sans stigmatisation sociale ou auraient-ils refusé de porter en eux-mêmes les stigmates de leur propre corruption ?
Nous arrivons à une croisée des chemins tout à fait cruciale, où vivre avec ou sans peur est un enjeu clairement posé.
(...)
Autre remarque d'importance à mes yeux, je ne ferai pas l'injure, pour ma part, aux malheureux qui sont partis dans les camps d'extermination, de penser qu'ils auraient accepté de porter l'étoile jaune si, au moment où on le leur a imposé ils avaient su qu'ils allaient être assassinés par la suite...
On pourrait se demander, à juste titre, si le port de l'étoile jaune, au fond, concerne plutôt les détenteurs ou les dépourvus du pass vaccinal, les deux groupes étant, bien que différemment, également misérables. Mais puisqu'il s'agit d'une mesure discriminatoire orchestrée par le pouvoir pour stigmatiser ("emmerder" pour respecter la parole présidentielle) un groupe par rapport à l'autre, il me semble que la tristement célèbre étoile jaune illustre mieux la situation des damnés par décret que sont ceux qui ne se plient pas aux ordres non compris et non admis. Et que, tandis que s'organise la mise à mort sociale de ceux qui refusent de se soumettre, leur mise à mort biologique implicite n'est plus si improbable, avec ou sans covid.
Si l'on rejette sincèrement la corruption de l'esprit et qu'on n'est pas étreint par la peur de perdre, il devient rigoureusement impossible d'accepter de rentrer dans le rang et ruiner par là, en soi-même, toute cohérence et tout sérieux. Voilà comment je vois les choses : accepter de se faire vacciner, dans cette ambiance de frénésie autoritaire, serait la validation implicite d'une vie réifiée, d'une vie de merde par la suite. Pour moi c'est non, définitivement. J'insiste ici, l'abjuration destructrice de la foi, de l'orientation intérieure profonde, est le coeur du sujet en débat, pour moi. La mienne étant cette tranquille certitude de n'être aucunement voué au soutien actif de la violence instituée du monde (où "les gens se suicident, MERDE !" dixit à si juste titre Franck Lepage). Or c'est exactement ce que cette soumission imbécile à des ordres déments ignoblement parés d'altruisme frelaté impliquerait.
Je vous le dis tranquillement, m'adressant particulièrement aux inadaptés magnifiques, aux incorruptibles par vocation qu'on croise parfois en ces lieux, mieux vaut se tenir prêt à ce que la vie soit pour nous écourtée, si la santé nous importe réellement, si elle nous importe infiniment plus que sa conservation -source de tous les maux-. Les forces qui jouent sur la peur, la durée, le devenir, sont extrêmement puissantes mais reposent exclusivement sur notre adhésion à la peur de perdre. Si celle-ci n'opère plus, elles sont réduites à néant. Vivre sans peur est la seule planche de salut. Une absence de peur qui n'a que faire du courage ou de la résistance, non plus.
J'en entends qui, dûment autorisés et parlant au nom des non vaccinés, croient bon d'expliquer par la peur leur refus de se plier à des injonctions dont le sens est obscur. Alors que l'obligation inscrite dans la loi du port de la ceinture de sécurité, par exemple, paraît parfaitement justifiée (et quand bien même elle ne le paraîtrait pas il suffirait de ne plus utiliser le transport automobile pour s'y soustraire), alors que le soleil de l'été fait rechercher l'ombre sans contestation comme une évidence vitale et sans que la peur soit convoquée, obéir aux ordres pour obéir, sans en avoir compris ni admis la justesse ne relève que de la peur de perdre. La peur, n'en doutons pas, est évidemment du côté de qui a à perdre, du côté du donneur d'ordre et de ses relais actifs.
En vérité je ne sais plus très bien de quel groupe humain le port de l'étoile jaune est le signe possiblement distinctif, la fraternité d'infortune est si manifeste... Combien de prosélytes, combien de résignés chez tous ces QR-encodés ? Combien de martyrs, combien d'insoumis tranquilles, chez les parias ?
Étoile terne à 6 branches cousue ou dorée à 5 branches épinglée, au fond, est-ce si différent ?