Le judaïsme porte en lui, de par le monothéisme qu’il a historiquement posé et promu, les fondements de la séparation, de la personnification, de l’individualisme, du capitalisme, du droit, de la propriété, des valeurs à conserver et à défendre, de la souffrance. Pour le moins les a-t-il affirmés, précisés. Ce qui l’expose, à plus haut point que toute autre religion issue de lui, au conflit et à l’autodestruction, ce à quoi il est voué depuis l’origine. Entraînant dans le choix mortifère qui l’a vu naître tout ce qu’il a pu générer comme modèles sociaux.
La haine de l’autre (elle est toujours de l’autre) naît en même temps que l’autre advient, avec la création d’un sujet par son créateur.
Le créateur ET sa créature, voilà le problème, mortel.
Tandis que seule la création, l’animation vivante, la forme du moment, est perçue. Tandis que le créateur et la créature sont seulement supposés. Voulus. Crus. Défendus. Combattus. Haïs.
Le monothéisme inscrit statutairement la haine, il en est inséparable.
S’il peut y avoir des juifs fascistes, racistes, génocidaires, ce qui semble bien être le cas, le judaïsme perd son exemplarité, son élection divine, ses représentants ramenés à ce qu’ils sont de toute éternité : les frères de fortune et d’infortune, de splendeur et de médiocrité de l’humanité toute entière.
Mais en réalité, ce n’est pas une affaire de personnes, de juifs ou de non juifs, ils ne sont qu’ectoplasmes, mais l’affaire, pour la conscience dans tous ses états, toutes ses formes et tous ses moments (ce dont nous sommes et non ce que nous avons), englobant la totalité de l’existence sans rapport avec aucune existence particulière, de la façon dont elle s’appréhende elle-même, divisée ou non divisée.
En dépit de l’apparente énormité du bref propos tenu ici, il n’y a pas d’offense dans ce qui y est dit, car personne n’est visé. Car personne ne peut l’être, sinon confusément.
Le judaïsme en tant que concept n’a pas besoin de supports identifiés à lui pour révéler ses limites, on n’a pas à le combattre (on ne le peut pas du reste, on ne combat jamais des idées, mais seulement ce qu’on prend pour des personnes, tandis qu’on adhère seulement -ou pas- aux idées) mais à en comprendre le sens et la trajectoire, et celle de ses émules.